Chapitre 30 : Rose

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L'éternité, l'espace, et les cieux, et les mondes,

Pour un baiser de toi.

Extrait - A une femme - Victor Hugo.



ATTENTION CONTENU MATURE



Lundi 13 juillet 2015

La chaleur moite me réveille. J'ai l'impression d'avoir dormi dans une étuve. L'été est certes chaud, mais lorsque mes yeux s'habituent à la clarté environnante, je comprends enfin où je me trouve. Les bras de Jack m'emprisonnent, ses mains plaquées contre mon ventre pour m'empêcher de m'échapper. L'éclat de lumière qui émane de l'extérieur tranche avec la froideur de sa chambre. Dans les tons de gris et de bleus foncés, un pan de mur est envahi de maquettes de bateaux et un autre de dessins. Tout est sobre, rangé sans être vraiment disposé à rester à sa place. Comme si d'une minute à l'autre, tout pouvait être balancé dans des cartons.

Pas d'attaches.

Une sueur froide dévale ma colonne vertébrale et je ne peux empêcher mes pensées négatives de s'infiltrer dans mon cerveau tourmenté. Et si Jack, malgré son discours d'hier soir, pouvait à tout moment tout envoyer balader ? S'il avait changé d'avis ? S'il se réveillait ce matin en proie à une révélation... celle que je ne peux pas faire partie de son avenir, même à court terme ?

Arriverais-je à me relever ?

Je sens tout à coup que j'étouffe, comme si l'air emplissant mes poumons n'était pas suffisant pour chasser les doutes qui bataillent avec mes espoirs.

Verre à moitié vide ou verre à moitié plein ?

Je gesticule doucement puis me retourne non sans avoir détecté l'effet de mon corps sur celui de Jack. Quand mon regard se pose enfin sur lui, ses deux prunelles ciment me sondent.

— J'entends les rouages de ton cerveau ma furie.

Son sourire inonde son visage, car il sait qu'il a visé juste. Je suis toute rouge, j'ai chaud et j'en ai marre d'être un livre ouvert.

— Moi aussi j'ai peur Rose.

— Dans combien de temps réaliseras-tu que je ne suis pas à la hauteur Jack ? Je crains que d'un moment à l'autre tu changes d'avis, que tu te lasses...

Ses mains saisissent l'ovale de mon visage et me fixent avec sérieux. Dans cette position, je ne peux pas fuir, je ne peux qu'admirer la franchise de ses paroles.

— Je ne te dis pas que tout va être facile. Je ne vais pas devenir un agneau, tu le sais. Mais mon envie d'être avec toi ne va pas s'évaporer ma furie. J'ai trop lutté contre l'idée d'être avec toi pour renoncer maintenant.

— J'ai si peu d'expérience comparé à toutes les filles que tu as eues...

— Il n'y a que toi pour l'envisager comme un défaut ! Arrête d'avoir peur. Je ne peux rien promettre, mais laisse moi te porter, laisse nous le vivre, ne rien regretter.

Mon sourire convaincu achève de lui-même cette ultime conversation censée chasser mes doutes. Mais quand ses lèvres caressent les miennes, le feu renaît de plus belle dans mes reins. Ses mains deviennent exigeantes dans le bas de mon dos, me collant inexorablement de son corps tendu, secoué de désir. Je devrais avoir peur dans les bras de ce séducteur, de cet homme qui ne s'embarrasse pas avec les femmes, moi la fiancée trompée et sans expérience. Et pourtant mes doigts s'activent en mode automatique, mon bassin ondule contre le sien, comme s'il cherchait instinctivement à se libérer de cette excitation qui s'instaure quand nous sommes proches, mais que la chair en demande encore plus. J'ai l'impression que mon short en coton ne sera bientôt plus qu'une serpillière à essorer si Jack continue sa douce torture. Ses mains agrippent mes flancs, tantôt tendrement, tantôt de manière plus exigeante. Tandis que sa bouche agace la mienne, il se fait plus aventurier et remonte la fine couche de tissu de mon débardeur jusqu'à aborder la courbe d'un sein. Comme s'il s'était brûlé, Jack stoppe son geste. Et je réalise alors toute la différence de ce que nous partageons en comparaison aux filles qui traversaient ses nuits. Le respect. Il a suffisamment de sentiments pour moi, de considération pour me respecter et ne pas aller trop vite. Mon cœur se gonfle, mon ego reprend du poil de la bête et la chaleur dans ma poitrine diffuse une onde de bien-être. Je ne veux pas que ça cesse, jamais.

A l'encre de ton coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant