Chapitre 31 : Jack

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Lundi 13 juillet 2015

En route vers l'atelier, je regarde à peine le paysage qui défile devant mes yeux. Le bruit des lions de mer qui s'ébrouent sur la jetée ne me semble qu'un bruit de fond, les cris des mouettes ne me cassent même pas la tête. Il est à peine huit heures trente et les touristes n'ont pas encore investi les lieux. Le soleil a déjà remplacé la brume et la chaleur promet d'être étouffante.

Je suis serein, le cœur apaisé alors que dans ma tête c'est un capharnaüm de tous les diables. Il s'est passé plus de choses en douze heures que pendant les cinq dernières années de ma vie.

Une seule raison : Elle, Rose, ma furie.

Hier soir nous nous sommes enfin rapprochés. Je n'ose encore mettre des mots sur ce que je ressens pour elle, mais une chose est sûre, je ne veux pas que ça s'arrête. Quand je la tenais dans mes bras ce matin, j'ai ressenti un bien-être indescriptible. Depuis combien de temps n'avais-je pas apprécié de dormir avec une fille ? Est-ce même jamais arrivé ?

Avec Tess, nous étions si jeunes. C'est comme si mes souvenirs faisaient partie d'une autre vie, j'étais quelqu'un d'autre à l'époque. Un jeune homme insouciant, amoureux, naïf.

Depuis ce revers amoureux, je me suis tenue à l'écart des sentiments, loin du cœur des femmes, ne possédant que leurs corps, m'abreuvant de leur jouissance et du plaisir fugace et libérateur qu'elles pouvaient m'apporter.

Mais avec Rose c'est différent depuis le début et hier soir, je sentais cette onde envahir mon corps et me donner envie de m'endormir en la tenant dans mes bras, sans en chercher un quelconque bénéfice.

Au réveil ce matin, dans la moiteur de nos corps enlacés, quand son regard fiévreux s'est porté sur mes lèvres j'ai eu la sensation qu'elle était à moi. C'est idiot, mais c'est ce que j'ai ressenti. Un profond besoin de possession. Qu'elle m'appartienne autant que je lui appartiens.

C'est aussi grisant que flippant, tellement soudain.

J'ai encore la sensation du grain de peau de ses mamelons sous mes lèvres, le goût de son plaisir, le chant de ses soupirs et les frissons de son épiderme. Ils sont gravés en moi, intacts. Je voulais y aller en douceur, je voulais préserver son innocence, cette part d'elle qui m'a envoûtée.

Pourtant, depuis notre rencontre, depuis que mes yeux se sont posés sur elle, elle n'a cessé de changer, d'évoluer, de s'affranchir des règles dictées par son éducation stricte. Mon adorable chenille a tissé sa chrysalide et est en train de prendre son envol. Un magnifique papillon j'en suis sûr.

Elle m'a supplié de la toucher et j'ai possédé son premier orgasme. Elle était si sensuelle, libérée de toute contrainte, m'offrant sa confiance totale, ses sourires, ses soupirs. Je n'ai jamais autant pris mon pied de donner du plaisir sans même chercher à me satisfaire. Et sans le vouloir, elle m'a tellement excité que j'ai joui sur son ventre, comme un adolescent prépubère.

Je fourrage une main dans mes cheveux au moment où je franchis l'entrée du Starbuck. La serveuse m'accueille avec un sourire charmeur et me laisse son numéro de téléphone et une initiale « R » en évidence sur mon gobelet. Comme le hasard fait bien les choses...

Son clin d'œil lorsqu'elle me le tend est si évident. Il y a quelques jours peut-être j'aurais gardé son numéro et je l'aurai certainement recontactée dans la journée, histoire d'assouvir un besoin primaire. Aujourd'hui, je me ferais vomir d'effleurer l'idée.

J'emporte mon allongé et un donut's avant d'arriver enfin devant l'atelier.

La matinée s'écoule. D'abord concentré à mes réparations, j'entame ensuite la révision des ébauches que je n'ai même pas eu le temps de montrer à Rose. Cette idée de voilier a germé dans mon esprit lorsque je visualisais ses magnifiques courbes. Je l'ai dessiné et, si tout n'est pas encore finalisé, j'espère que mes mesures seront viables.

A l'encre de ton coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant