Chapitre 39 : Rose

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"Il n'est pas de plaisir plus doux que de surprendre 

un homme en lui donnant plus qu'il n'espère."

Baudelaire. Le spleen de Paris



Vendredi 24 juillet 2015

Le corps alangui, mes muscles se rappellent à mon bon souvenir, surtout qu'ils se manifestent pour me crier leur mécontentement. La faute à Jack et à son insatiable appétit sexuel. Je sais que j'exagère, car je ne suis pas en reste...

Heureusement que je travaille au Scar et que Jack a retrouvé l'inspiration sinon je pense que nous passerions notre temps enfermé ou à chercher des endroits toujours plus originaux pour nos ébats. C'est que Jack a une imagination débordante...

Il a beau montrer une apparence arrogante, il n'en est pas moins un romantique qui s'ignore.

Entre la petite croisière du week-end dernier, ses gestes chaque matin, son pique-nique tardif hier soir, je ne suis pas habituée à autant d'attentions !

Là, nous sommes allongés à même le sol au milieu d'un amas de coussins et de plaids tombés du canapé. Je m'étire et caresse tendrement son bras qui m'enserre. Couché sur le ventre, son visage tourné de l'autre côté, je sens que sa respiration a changé de rythme.

Je n'ai pas le loisir de me poser la question de son éveil que sa voix rauque m'interpelle.

— Bordel on s'est endormis par terre...

— C'est de ta faute ! Si tu nous avais laissé le temps de grimper les escaliers ou d'aller au bout du couloir, nous n'en serions pas là...

— Rassure-moi, t'es pas en train de te plaindre quand même ?

— C'est toi qui râles d'être par terre...

Il se retourne et m'adresse son regard encore gorgé de sommeil. Lorsque ses yeux se posent sur mon buste nu, son attitude vacille, ses pupilles se dilatent. Je connais cette expression, celle du prédateur. Son corps se redresse pour me faire face et sa main se tend vers ma crinière complètement emmêlée par nos ébats. Il faut dire que la soirée a été riche en occasions. Une séance de pelotage intensive et assez poussée dans les vestiaires du Scar, un premier round à l'atelier sur la table à dessin, un second dans la petite crique et enfin un troisième à peine rentrés. J'étais tellement éreintée que nous nous sommes écroulés à même le sol.

Autour de nous c'est Beyrouth, un vrai nid d'amour où se côtoient des sous-vêtements arrachés et au moins une preuve de nos ébats. J'en rougirais si je ne me sentais pas aussi à l'aise avec mon corps devant lui. J'apprends à apprécier celle que je suis vraiment, celle vénérée par son regard. Je me libère des tabous enfouis en moi depuis deux décennies de bienséance.

Jack m'enserre la taille et s'empare de mes lèvres. J'imagine déjà comment va tourner cette matinée, mais un mouvement non maîtrisé m'arrache une plainte à cause d'une douleur musculaire.

Son regard moitié inquiet moitié amusé efface sa détermination à me faire sienne une nouvelle fois.

— Je vais aller courir, ça me fera penser à autre chose qu'à ton corps de tentatrice qui me grille les rétines et les neurones...

— Tu me fuis ?

— Disons que je prends pitié de toi, tu manques d'entraînement et je ne veux pas te briser en te baisant encore.

— C'est trop d'honneur !

— J'ai l'impression de devenir un vrai lapin avec toi, j'ai tout le temps envie de te sauter !

A l'encre de ton coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant