Chapitre 29 : Jack

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" Il y a des bras de femmes qui sont des lieux d'exil,

d'autres qui sont la terre natale."

Amin Malouf.



Mes mains sur ses épaules, alors que l'une des siennes sert ma nuque avec une virile reconnaissance, je me force à sourire. Mais je me fais gerber. Les paroles de Dan rendent encore plus difficile le contrôle que je m'impose. Mais que choisir de la peste ou du choléra ? Je suis faible, j'opte pour celui des deux qui ne me fera pas souffrir tout de suite. M'octroyant égoïstement le droit au bonheur.

C'est bien ce que Siri me conseille non ?

— Sincèrement merci mec. Je sais que cette responsabilité était presque une punition, mais... je t'en dois une !

— Arrête tes conneries Dan, c'est bon...

— C'est toujours aussi difficile pour toi d'accepter les remerciements hein ?

Je me tourne pour ne pas avoir à affronter son regard heureux, reconnaissant. Le sourire de la confiance aveugle. Des tremblements trahissent ma nervosité, le bout de mes doigts picote. J'ai horreur de penser ça, mais j'ai hâte qu'il se barre. Là, mes amygdales sont aussi énormes que mon mensonge et j'ai du mal à avaler.

— Faut que j'y aille OK ? Je peux te demander un dernier service ?

— Si ça concerne ta sœur...

— Non, plutôt sa copine.

Il me désigne une silhouette qui se faufile un peu plus loin entre les tables du Scar. Et je n'ai pas de mal à la reconnaître puisque c'est Meghan. Un sourire se dessine enfin sur mes lèvres avant que je ne le dévisage le sourcil arqué.

— Dis toujours...

— J'apprécierais que tu gardes un œil sur elle, qu'aucun mec l'emmerde.

Un rire goguenard m'échappe.

— T'es amoureux ou quoi ?

— Tu délires. J'l'aime bien c'est tout.

— Tu l'aimes bien ? C'est tout ?

— Rhooo tu m'agaces, je m'arrache.

Et il ne se fait pas prier. Il disparaît au pas de course poursuivi par mon hilarité, son baluchon sur l'épaule.

— Ah l'humour et la déconnade entre potes, rien de tel pour chasser la culpabilité !

Siri.

Toujours là au bon moment.

Accoudée au bar à côté de moi, elle ne me regarde même pas dans les yeux, mais droit devant elle lorsqu'elle prononce ces mots qui piquent là où il faut. Parce qu'elle a raison, j'ai mal au bide de mentir à Dan, mal de ses remerciements alors que j'ai des pensées tellement différentes de celles d'un grand frère. J'essaie de régler assez fort mes œillères pour ne pas voir, j'en suis conscient et je devrais mettre un terme à tout çà, et rapidement.

— C'est la copine qui parle ou la psy moralisatrice ?

— Jack...

— C'est pas toi qui me disais que Rose était assez grande pour choisir avec qui elle voulait être, et que je devais prendre ma part de bonheur ? Tu vois t'as fait d'une pierre deux coups !

— Jack.

— Je sais ce que tu vas annoncer, t'as raison, je sais, c'est dégueulasse, c'est mon meilleur pote et j'ai envie de me taper sa sœur !

A l'encre de ton coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant