Chapitre 35 : Jack

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Dimanche 19 Juillet 2015.

Même si j'ai dormi comme jamais depuis bien longtemps, je n'ai pas pu m'empêcher d'aller savourer seul le réveil de la baie. Les rayons des quelques phares qui nous entourent, les oiseaux qui chassent leur déjeuner, le silence encore majoritaire sur les bruits de la journée avant qu'elle ne reprenne ses droits. Assis sur la proue, les pieds dans le vide, je savoure la plénitude des émotions de ces vingt-quatre dernières heures.

J'ai l'impression d'avoir ce sourire d'abruti sur la tronche, mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir la banane.

Malgré tout ce que j'ai pu mettre en œuvre pour la faire fuir, je l'ai dans la peau. C'est épidermique. Ma furie rousse m'a complètement envoûté. Et ce n'est pas la nuit que nous venons de passer qui me fera admettre le contraire.

Je sens naître en moi une possessivité, un instinct de protection que je n'avais pas ressenti depuis longtemps. Impossible pour moi d'imaginer quelqu'un lui faire du mal ou encore vouloir me la prendre, je sais que je deviendrai dingue et ça finit par me faire flipper. J'ai trop perdu par le passé pour savoir me mesurer.

Le clapotis me berce, l'horizon s'échauffe, je crois qu'il est temps pour moi d'aller faire couler le café.

Lorsque je pénètre dans notre alcôve, le plateau à la main, un violent désir me vrille le bide. Rose dort sur le ventre, le fin drap recouvrant à peine sa chute de rein. Je distingue à l'orée du matelas la courbe d'un sein et il n'en faut pas beaucoup plus pour que ma queue réagisse. Sa longue chevelure emmêlée encadre son visage un brin visible. Je discerne tout juste une lèvre entrouverte.

Elle est la définition même de la beauté sauvage, indomptable et douce, rebelle et câline.

Hier soir, elle m'a offert un trésor : je suis le premier à lui avoir fait l'amour. Et je ne pense plus qu'à une chose, recommencer jusqu'à être aussi le dernier. Si on m'avait dit il y a encore un mois que de telles idées viendraient m'encombrer l'esprit, j'avoue que je n'y aurais pas cru.

Et pourtant...

Je me souviens de chaque détail...

Son sourire timide, ses soupirs, ses hoquets de surprise lorsque je m'emparais d'une nouvelle parcelle de son corps... si réceptive.

Ses yeux qui s'abandonnent, l'hésitation dans ses gestes, le désir dans son regard.

Je sais qu'elle n'a pas pris autant de plaisir que j'aurai souhaité lui en donner, mais je compte bien lui faire oublier ce détail dès qu'elle sera capable de recommencer. Le plus dur, en attendant, va être de résister à la tentation !

Parce que ce que j'ai devant moi n'inspire pas la retenue.

Je pose le plateau et m'allonge dans le lit à côté d'elle. Le matelas s'affaisse, provoquant ses mouvements. Je dégage une mèche de cheveux qui me cachait sa bouille et je découvre son sourire qui se dessine et étire ses lèvres appétissantes.

— Salut ma belle Aurore...

Elle pouffe et enfouit sa tête dans l'oreiller. Je me penche et bécote son épaule, savourant la nuée de frissons que je sens naître sur son épiderme.

Quand son visage m'apparaît, ses taches de son lui donnent un air encore plus enfantin ce matin au réveil. J'aime sa beauté spontanée, sans chichi, brute et captivante.

Ses grandes billes parfaitement éveillées me scannent, riant de mon immobilisme.

— Tu ne m'embrasses pas ?

Je souris, essayant de garder une figure énigmatique alors qu'elle lit certainement en moi comme dans un livre ouvert.

Je me relève, ôte mon débardeur et mon caleçon et me délecte de son expression paniquée. Nu comme un ver, je plonge à ses côtés en m'emparant de ses lèvres. Le ballet se répète, mon corps réagit à son attitude féline et ce mouvement de balancier qu'elle m'inflige. Je savoure chaque frottement, hume l'odeur de sa peau : ce savant mélange entre son effluve, celle de la sueur laissée par nos corps à corps et celle de mon passage sur elle, en elle.

A l'encre de ton coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant