Chapitre 22

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On trottinait toutes les deux, main dans la main ; je me laissais promener par Pénélope, elle marchait devant moi, je la suivais. Et j'aurais pu la suivre jusqu'au bout du monde s'il le fallait, si elle le voulait ; moi je le voulais. Je voulais rester avec elle, oublier tout ce qui nous entourait. Je n'en avais plus rien à faire à ce moment-là. J'étais si bien, si bien, si bien. Je me sentais légère, reine du monde, et chanceuse de pouvoir partager un moment plus qu'intime avec celle que mon cœur affectionnait déjà beaucoup trop. Je savais que c'était précipité, mais je savais aussi que, contrairement à la première fois, celle-là était la bonne.

On se rapprochait de son camping-car ; quand on eut traversé le camping, quelques regards amusés s'étaient posés sur nous. Les gens se demandaient sûrement où est-ce qu'on courait comme ça, toute souriante et euphorique. On n'avait pas peur d'attirer les yeux sur nous, rien ne pouvait nous atteindre, rien ni personne !

Mais au moment où elle allait ouvrir sa porte, au moment même où Pénélope avait posé sa main sur la poignée, Maurice, accompagné de Fredo, vinrent nous couper dans notre élan. Les deux, rouges, trempés de sueur, et à bout de souffle, semblaient paniqués, comme si quelqu'un était mort d'un grave accident. Alors, Fredo, répandant tant bien que mal une respiration normale, se tenant les côtes pour maîtriser un point de côté, la voix haletante :

– Mo... mo... Monarque !

– Quoi Monarque ? rétorqua Pénélope, peu patiente, la main toujours accrochée à sa poignée.

Et le pauvre bougre continua dans cette même agonie sans nom, et sans air :

– Il a... il a... Il a di... a di...

– Il a dit quoi ? lui coupa-t-elle la parole.

– Il a disparu ! cracha enfin Maurice, lui aussi tout essoufflé.

– Comment ça il a disparu ? demandai-je.

– Bah... il a disparu, quoi, souffla simplement Fredo. Je... Je... Je sais pas comment le dire plus précisément !

– Mais quoi ? demanda Pénélope. C'est inquiétant ? C'est... et excusez moi, mais, c'est plutôt normal pour un chat de disparaître, non ? Surtout en plein air, comme ça ! Puis, c'est pas la première fois qu'il nous la fait celle-là, si ?

– Alors, oui, répliqua Fredo. Je pensais comme toi au début, mais il n'a touché à aucune de ses gamelles, je ne l'ai pas vu de la journée, peut-être ce matin, et encore... Avec Maurice, on a fait le tour de tous ses petits coins, et impossible de le retrouver...

– On allait voir la plage justement !

– La plage ? dis-je, interloquée.

– Oui, oui, la petite plage, celle où personne ne va ! acquiesça Maurice.

– Oh non, c'est pas la peine, répondit simplement Pénélope. On y vient et il n'y était pas.

– Ah... murmura Fredo. Vous y étiez ? vous y faisiez quoi ?

J'avais rougi, d'un coup d'un seul, et je me rendis compte qu'on avait bien fait de partir de cette plage ; on était à ça de nous faire surprendre par Fredo et Maurice en plein ébats amoureux. Une situation que je n'aurais pas su expliquer... sûrement que je me serais évanouie, laissant Pénélope dans un bourbier sans fond et empli de gêne.

– On s'embrassait, et se pelotait ! dit-elle alors sans préambule.

Pénélope semblait de plus en plus impatiente, et agacée par cette situation absurde. Je pouvais la comprendre, moi, je me sentais vaciller. C'est vrai. On était toutes les deux plus qu'excitées par les perspectives d'une après-midi sous la couverture, et voir ces deux-là nous arrêter en plein vol, était extrêmement frustrant...

Parfois, je ne pense à rien d'autre que toi. (GxG)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant