Chapitre 26

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J'étais trop étonnée par ce qu'il venait de se passer pour ressentir la moindre douleur. Je ne comprenais toujours pas ce qui lui avait pris, pourquoi ? Quelle mouche l'avait piqué pour nous jeter, toutes les deux, dans ce buisson, sans sommation, sans préambule, rien ! Et je la regardais dans les yeux, moitié amusée, moitié intriguée. D'habitude, je me serais déjà emportée ; me pousser comme ça, dans cet endroit malpropre où, très probablement, Monarque avait fait ses besoins... non c'était trop.

Mais Pénélope avait l'excuse d'être Pénélope. Alors, je lui pardonnais ses sautes d'humeur, ses fantaisies, ses idées et fulgurances saugrenues. Puis, elle devait avoir une réelle raison, puisqu'elle n'avait pas, à un seul moment, enlevé son index de ses lèvres.

– Qu'est-ce qu'il y a ? chuchotai-je.

– Chut ! répliqua-t-elle, froissant encore plus les sourcils.

Je lui répondis avec des gros yeux et un sourire aux lèvres. Et elle, en criant dans un murmure :

– Ce n'est pas drôle, Céleste !

– Mais de quoi, rétorquai-je. Qu'est-ce qui n'est pas drôle ? et qu'est-ce qu'on fait ici, en fait ?!

– Mais il arrive ! tu n'as toujours pas compris ?!

J'avais lâché un « oh ! » de surprise, comme si l'idée m'était plus qu'évidente maintenant. Et en réalité, je m'attendais à le voir, à me confronter à lui... mais pas de sitôt, et surtout pas dans un buisson qui, petit à petit quand même, commençait à sentir les joyeusetés de Monarque, ou alors, c'était tout simplement psychologique...

– Tu le vois ? me demanda Pénélope.

– Qui ça ? Gi-

– Bah oui, Gilles ! Banane, tu veux que ce soit qui d'autre ?!

J'avais tu un rire tout en me relevant un petit peu, et, à peine eus-je sortis ma tête du buisson que j'aperçus quelqu'un ; un grand brun qui venait dans notre direction. Le cliché parfait du mec propre sur lui, barbe bien taillée, chemise à carreaux cintrée, bracelet à perles de bois, et une paire de lunettes de soleil, ronde bien évidemment, perchée sur le haut du crâne. Mais je ne pus le regarder davantage, puisque déjà, Pénélope me tira vers elle, et me dit d'une voix précipitée :

– Alors, oui ou non ?

– Oui, enfin, je crois que c'est lui, murmurai-je.

– Et merde... souffa Pénélope. J'essaye de l'éviter, comme tu as pu le constater.

– Je vois ça, dis-je avec un petit sourire.

Mais des pas se rapprochaient de nous. Et, se faisant de plus en plus sonores, je m'étais déjà résignée à nous faire surprendre dans cette position plus qu'embarrassante et inexplicable. Que pouvait-on lui dire ? Quel mensonge était assez fou pour que d'une, il puisse le croire, et de deux, qu'on puisse le dire sans exploser de rire, ou de gêne, au choix ; et à choisir, autant aller jusqu'au bout des choses, dépasser l'audace, et rire de gêne. Alors, pareil à l'épée de damoclès qui tombe enfin :

– Pénélope ? dit-il d'une voix étrange.

Elle ne répondit pas, et m'ordonna de ses gros yeux de ne pas répondre non plus. Et l'autre, sur le même ton :

– Pénélope, c'est toi ?

Il farfouillait dans notre buisson, écartait les branches et les feuillages. C'était ridicule parce qu'on pouvait nous voir d'assez loin, et il fallait se rendre à l'évidence, plus on attendait pour répondre, plus la situation était gênante. Elle le savait. Je le savais. Elle était tétanisée par je-ne-savais-quoi.

Parfois, je ne pense à rien d'autre que toi. (GxG)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant