J'étais restée, main dans la sienne, quelques instants les yeux dans le vide, ne comprenant pas vraiment ce qu'elle venait de me dire ; ou peut-être, tout simplement, je ne voulais pas y croire. Avait-elle vraiment dit ça ? à moi ?! Un flot de sang m'était monté au visage, et sûrement que j'étais toute rouge à ce moment-là. Alors, toujours abasourdie, toujours avec ma main dans la sienne, je lui dis, un demi-sourire stressé aux lèvres :
– Pardon ?
Et Pénélope se décomposa sous mes yeux, passant d'une beauté souveraine, d'une confiance contre toute épreuve à épave abandonnée en mer agitée, pilier solide qui s'écroule sans qu'on ne s'y attende. Elle retira vite sa main, la plaqua contre son torse ; puis, elle avait tu une phrase dans sa bouche entr'ouverte, me regarda avec des gros yeux perturbés, hésitante, gênée, ne sachant où se mettre, où se cacher. La situation semblait m'échapper, ce n'était pas la bonne émotion que je communiquais ! alors, reprenant sa main dans la mienne :
– Non mais... je veux dire... c'est que... bégayai-je toute souriante. C'est que je ne m'attendais pas à une telle déclaration.
– Oh... souffla-t-elle, quelque peu rassurée.
Et, penchant la tête sur le côté, d'une voix hésitante encore :
– Tu... es sûre de toi ? Je ne suis pas ridicule, rassure moi...
– Loin de là ! dis-je. C'est que j'étais prise de court et... je ne m'attendais pas du tout à ça !
– Alors ? demanda-t-elle.
– Alors quoi ?
– Ça te dit ?
– Carrément !
Pénélope passa sa tête hors du camping-car, regarda des deux côtés, comme pour s'assurer que personne n'était là, à nous espionner, malgré l'heure plus que tardive. Puis, d'une voix suave et chuchotée, tout en me tirant à l'intérieur, elle me dit :
– Rentre, alors, ne reste pas dehors.
Il faisait frais dans son camping-car, et il flottait toujours dans l'air cette douce odeur que Pénélope portait au quotidien. J'y étais ce matin, et la journée était tellement longue, pleine de rebondissements, et d'événements aussi inattendus qu'improbables, qu'il me semblait qu'une éternité s'était écoulée ; me retrouver ici, alors, une fois de plus, me paraissait irréelle, comme sorti tout droit d'un songe idyllique.
Pénélope avait pris un soin tout particulier à la fermeture de la porte, sans trop faire de bruit, et tout en s'assurant – à deux reprises – que cette dernière était belle et bien close. Elle se retourna, dos contre le battant, les bras croisés derrière elle, un large sourire aux lèvres ; elle sautillait presque sur place, frottant ses deux cuisses l'une contre l'autre, trépignant d'impatience. Moi aussi, je l'étais, impatiente ; mais, ma nature revenant au galop, je ne pus m'empêcher de me demander ce qui lui avait fait changer d'avis... Et Pénélope, qui déjà lisait en moi comme dans un livre ouvert, devinant non sans mal mes pensées :
– T'inquiètes pas Céleste, j'ai fait mon choix, et mon choix, c'est toi ! J'ai hésité tout à l'heure, oui, mais maintenant, j'en suis sûre !
Elle s'était avancée vers moi, lentement, glissant ses doigts sur la peau de mes bras nus, remontant jusqu'à mes épaules. Les yeux dans les yeux, elle continuait ses douces caresses, lisant mes émotions par le braille de mes frissons ; elle me guidait, à reculons, vers sa chambre ; et je me laissais faire, pâmée par les idées licencieuses et grivoises qui débordaient déjà de mon imagination. J'étais à la fois, partagée par la passion et la tendresse du moment ; j'oscillai entre l'envie de me jeter à ses lèvres et celle de me laisser porter par ses caresses...
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Parfois, je ne pense à rien d'autre que toi. (GxG)
RomansaCéleste vient tout juste d'avoir le bac... et de se faire larguer. Pour se changer les idées et oublier son ex petite amie, elle décide, sur un coup de tête, de prendre un job d'été : barmaid dans un modeste camping au bord de l'océan. Et elle, qui...