Chapitre 33

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Je me réveillai avant Pénélope, à une heure tardive de la matinée ; encore une fois, il n'y avait plus grand-chose à faire dans le camping. Les clients se faisaient de plus en plus rare, et même le temps se rafraîchissait, prématurément, comme un rappel de cette fin qui arrivait à grands pas. Ça avait au moins l'avantage de ne pas être trop brutal, de se faire dans une douce transition ; et voir le terme de cette amourette d'été pointer le bout de son nez, d'aussi loin, m'avait aidé à l'appréhender. J'étais alors un peu plus sereine, quant à cette idée – que je me faisais – que tout allait s'arrêter à la rentrée.

Pourtant, Pénélope ne semblait pas être plus inquiète que ça. C'était elle, très certainement, qui avait raison – elle a toujours raison. Oui, ce n'était pas la fin du monde, et oui, on allait trouver une solution à mes tracas. Pourquoi d'ailleurs, c'était toujours moi, qui en avais, des tracas ?!

Et je la regardai dormir, paisiblement, avec sa joie diffuse qui se dessinait sur les traits de ses lèvres ; et je me demandais bien, dans ces moments-là, à quoi elle rêvait, si confortablement installée dans son sommeil.

J'aimerais tellement être la personne à laquelle tu penses. J'aimerais tellement être la personne qui te donne ce sourire. J'aimerais tellement être quelqu'un pour toi.

Et tu t'étais réveillée, après un petit soubresaut, et un bâillement. Tu t'étais frotté le bout de ton nez, il était tout rosé, ainsi que tes pommettes ; et ton regard vague me cherchait dans le flou de ta vision, à travers tes paupières mis-close. Machinalement, tu m'avais attrapée doucement par les épaules, et pour me dire bonjour, tu me baisas les lèvres, des tiennes, encore humides. Pour finalement te coucher de nouveau, tout affalée dans les plissements de tes draps, perdue dans l'encombrement des oreillers. Tu t'étais couvert les yeux à l'aide de ton avant-bras, tu gémissais des phrases que je ne comprenais pas, des complaintes sans doute, alors, moi, amusée :

– Qu'est-ce que tu essayes de me dire ?

– J'ai mal à la tête... gromella-t-elle.

– Ça ne m'étonne même pas ! répliquai-je du tac au tac. Avec tout ce que tu as bus hier soir...

– C'est que tu te moques de moi, en plus ?

Pénélope me jeta l'un de ses oreillers, sans grande réussite. Puis, elle me regarda, les sourcils froncés, faussement en colère :

– J'ai soif...

– Tu veux que je t'apporte de l'eau, peut-être ?

– S'il te plaît... souffla Pénélope en se relevant tant bien que mal.

Elle avait mis un petit quart d'heure pour sortir de sa cuite ; elle sirotait, à coup de petites lampées, sa grande tasse d'eau que je lui avais donnée. Elle se tenait en tailleurs, sur son lit ; ses cheveux étaient tout ébouriffés, et son regard dans le vide. Parfois, elle me fixait, entre deux gorgées, me souriait. Puis, un autre quart d'heure plus tard et Pénélope était de nouveau sur pied, pleine d'énergie et prête à toutes les folies qui lui passaient par la tête ; c'était comme si sa gueule de bois s'était tout simplement évaporée.

Elle m'avait proposé de prendre une douche, à deux, chose que je n'allais pas refuser. Mais c'était très loin d'être ce que j'étais imaginé, pourtant. On était serrées dans sa douche. Trop petite pour entreprendre quoi que ce soit, pas assez pour être totalement collées serrées... Et finalement, ce que je pensais être un moment coquin, plein de malice et de sensualité, n'était en somme qu'une douche chaotique, où l'on se cognait les coudes contre la paroi, quand ce n'était pas contre nos côtes. Du reste, c'était très drôle, entre les bouteilles de produits qui glissaient de nos mains, de l'eau que l'on coupait sans le vouloir – à défaut d'être excitant, c'était très hilarant.

Parfois, je ne pense à rien d'autre que toi. (GxG)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant