Chapitre 30

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Je m'étais dépêchée pour la rejoindre. Je me pressais, pieds nus sur la pelouse, les brindilles et graviers qui tapissaient le sol. Ce matin-là, contrairement aux autres jours, on ne suffoquait pas encore sous une chaleur naissante de ces longues journées d'été caniculaire. Tout ça avait un air de début septembre, de cette fraîcheur doucement agréable, de ce ciel clair, presque sans nuage. J'étais en débardeur, et ne portais qu'un tout petit short – qu'on aurait pu, et à juste titre, confondre avec un caleçon – , et en vérité, j'avais un peu froid. Le sang m'était monté aux épaules et aux joues, j'avançais avec une crainte étrange, celle que tout se finisse à la lecture de cette mystérieuse lettre.

Mais ça semblait ne pas être le cas de Pénélope, elle m'attendait, accoudée à sa fenêtre, les cheveux en pagaille, coiffée par mon matelas médiocre. Je sautillais presque en rentrant dans son camping-car, nerveuse surtout, loin d'être enchantée par tant d'attente. Puis, Pénélope écarta les pans de son rideau, s'avança vers moi, l'air hébété et, les bras ballants, tapant sur ses cuisses, elle me dit :

– Il est vraiment parti, ce con !

– Tu es sûre ?

Elle fit oui de la tête, frénétiquement, puis, en me tenant la feuille, sans me la donner :

– Mais oui ! Il m'a même écrit une lettre ! Regarde !

J'avais jeté un petit coup d'œil rapide, sans pouvoir lire les détailles de cette note qu'il avait lâchement laissée. Et Pénélope, ses deux poings sur ses hanches :

– Il me l'a même pas dit en face, l'autre, j'y crois pas ! Il m'a largué par lettre ! Qui fait ça ?!

– Oh...

– Non mais regarde moi ça !

Elle secoua vivement le papier pour le faire tenir droit, le tint devant elle, puis se tourna quelque peu de mon côté, pour que je pusse suivre, sans doute. Enfin, elle prit une voix grave, imitant tant bien que mal la voix de son ex fiancé maintenant :

– « Pénélope, je crois qu'entre nous deux ce n'est plus possible. Je vois bien que tu ne m'aimes plus. Je vois bien que nos objectifs ne se ressemblent plus. Je n'ai pas envie que tu ne t'épanouisses pas avec moi. Ce n'est donc pas de ta faute, mais de la mienne. »

Pénélope se tourna vers moi, tout indignée :

– Mais quel culot ! En plus, il me sort le classique "bla bla bla, c'est pas toi, bla bla bla, c'est moi !" Bon, je te saute des passages parce que sinon, on ne va pas en finir...

Et elle reprit sa lecture :

– « J'aurais aimé que tu m'aimes comme moi, je t'aime, mais les gens changent, et je sens que tu ne m'aimes plus. »

Elle me regarda de nouveau :

– C'est simple, il ne parle que de lui. « C'est pour ça que je m'en vais. Profite de ton séjour, je ferai en sorte que toutes tes affaires soient envoyées chez tes parents. » Cerise sur le gâteau, je me fais virer de l'appartement.

Elle souffla sur une mèche de cheveux qui lui était tombée sur le front, et ajouta :

– C'est totalement lunaire, Céleste...

Et comme d'habitude, dans ce genre de situation, je ne savais pas quoi lui répondre. J'étais restée là, à côté d'elle, silencieuse et inutile. Je ne levais que les épaules, l'air de dire « au moins c'est fini, maintenant... » Alors, après un silence qui s'éternisait trop, j'osai lui demander :

– Et du coup, tu vas faire quoi ?

– Bah rien, il m'enlève une épine du pied ! Mais quand même, j'étais prête à rompre, très déterminée, pleine de résignation, et là, il me largue ! Même ça, il ne m'a pas laissé le faire ! Non, là, je suis agacée !

Parfois, je ne pense à rien d'autre que toi. (GxG)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant