Chapitre 17.

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Les rayons du soleil se faufilèrent à travers les rideaux de velours, venant caresser le visage d'Aleksi, le tirant de son sommeil. Le jeune homme bougea légèrement, une sensation désagréable l'élançant dans son abdomen.

Un pincement douloureux naissait entre ses côtes pour se répandre dans toute sa poitrine. Elle irradiait dans son corps, sans pourtant être trop intense. Il avait l'impression d'avoir passé la pire nuit de sa vie, comme si une pluie de pierres s'était abattue sur lui. Pourtant, sous son corps, il sentait la mollesse d'un matelas confortable, la douceur de draps en soie et la fraîcheur d'un oreiller de satin.

Doucement, le mercenaire papillonna des paupières, éblouit par la lumière du jour. Petit à petit, il prit conscience de ce qui l'entourait, émergeant du sommeil profond qui l'avait emporté. Il reconnaissait ces tentures brodées, ces oreillers et ces draps... Il était dans le lit de la duchesse ! Son cœur manqua un battement lorsqu'il réalisa un tel fait. Une douce chaleur s'empara de son cœur, chatouillant son bas-ventre. Mais cette émotion fut aussitôt remplacée par une douleur qu'il ne s'expliquait pas.

Malgré le brouillard qui s'était emparé de son esprit il se força à reconstituer les évènements de la veille. Une migraine monstrueuse se profila soudain à la lisière de son crâne, lui arrachant une grimace douloureuse. Des acouphènes terribles résonnèrent à ses oreilles, chanson infernale.

Puis son regard se posa sur l'immense tache de sang sous son corps.

Et il se rappela tout ce qu'il s'était passé. De tout ce qu'il avait fait.

Absolument tout.

Il se pétrifia, son souffle se bloquant violemment dans sa poitrine lorsque ses yeux s'écarquillèrent. Annihilant la douleur ; les remords et la peur firent surface avec une violence inouïe, le heurtant de plein fouet.

D'un geste brusque, il se redressa, balayant la pièce des yeux, une vague de panique le submergeant. Dans sa poitrine, son cœur s'était embrasé douloureusement. Avant de presque s'arrêter de battre lorsqu'il croisa soudain le regard de Mara, figée le seuil de la porte, déjà habillée et coiffée, aussi impeccable qu'à son habitude. Droite, elle le toisait, méfiante.

Foudroyé par ses iris claires, un élan d'inquiétude le parcourut tout entier. Il bondit du lit, prêt à se jeter à ses pieds pour implorer son pardon et s'assurer qu'elle n'avait rien.

Mais elle recula d'un pas, les yeux plissés.

« Qui es-tu ? interrogea-t-elle, prudemment, plus tendue qu'un arc.

Cette question frappa le jeune homme de plein fouet. Sa gorge ainsi que sa poitrine le brûlaient. Elle avait peur... Peur de lui. Il ne voulait pas qu'elle le craigne ! Il ne voulait pas qu'elle le voie comme un danger ! Tout ce qu'il désirait, c'était la servir, la contenter, être sa solution. Il voulait tout partager d'elle. Lui montrer sa dévotion pleine et entière, qu'il lui appartienne, pour qu'enfin, elle l'aime. Ce sentiment l'étouffait, l'assiégeait, lui ôtant toute force.

Sentant une vague de désespoir se briser sur lui, il parvint à éructer, chancelant :

— Aleksi...

Le regard tranchant de la dame s'adoucit quelque peu, brièvement éclairé par un éclat de soulagement. Et face à cette expression de nouveau si angélique qui lui était adressé, Aleksi s'effondra au sol, tombant à genoux devant elle, le visage ravagé par la douleur et les larmes.

— Pardonnez-moi, je vous en supplie... répétait-il dans une litanie implorante, de sa voix caverneuse, secoué de soubresauts désespéré.

Alors qu'il encercla sa taille de ses bras, pleurant et répétant ses excuses, Mara soupira, se mettant à caresser ses cheveux, dans un geste presque maternel. Il s'accrochait à elle avec tant de ferveur, ses doigts s'agrippant au tissu de sa jupe comme un naufragé à son radeau, qu'elle en frémissait presque.

Le Cercle Des Merveilles - I - À cœur et à sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant