Chapitre 14.

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Les cloches résonnaient à travers toute la citadelle de Losthange, et leurs échos se répandirent même jusqu'à la campagne avoisinante. Aujourd'hui était un grand jour !

Des bannières avaient été déployées dans toute la ville, suspendue aux lanternes et aux façades des bâtiments les plus importants, frappées de l'emblème de la Navarie, l'ours couronné, et de la Foi, les deux anneaux, disposées à intervalle régulier. Les rues étaient déjà tapissées de pétales de fleur. Tous les habitants de la capitale étaient déjà en liesse alors même que la cérémonie n'avait pas commencé.

Mais c'était jour de mariage. Et lors de ces festivités, le peuple recevait bien plus de largesse de la part des nobles qu'à aucune autre période.

On célébrait les dieux, on buvait, on chantait et on pariait sur la vie des futurs épousés.

Dans la chapelle du palais royal, grouillait une agitation similaire à celle des rues. Les bancs avaient été décorés de fleurs fraîches, de rubans et de soieries brodées d'or. Tout était prévu pour rendre ce mariage plus royal encore qu'il ne l'était déjà. Les vitraux laissaient pénétrer une lumière vive, éclairant l'allée jusqu'à l'autel. Tout invité, en pénétrant dans le sanctuaire, pouvait croire à un monde enchanté, figé dans un écrin de cristal.

Assise dans les tribunes d'honneur, en hauteur, Mara observait les lieux de son regard perçant.

Elle n'avait pas été conviée au premier rang, réservé à la famille royale. Et cela lui convenait parfaitement. De là où elle se trouvait, elle pouvait embrasser l'ensemble de la chapelle d'un seul coup d'œil. Et on la laisserait tranquille. Si elle avait été placée aux devants, elle aurait dû singer une ferveur religieuse que sa position actuelle lui permettait d'éviter. Si elle ferait mine des prier, au moins n'aurait-elle pas à paraître aussi croyante que la décence le voudrait.

Il y avait bien longtemps qu'elle ne comptait plus sur les divinités pour bénir son destin.

À ses côtés se trouvait le comte d'Orsignac, richement vêtu pour cette occasion.

Il commentait le ballet des invités d'un œil de politicien aguerri, sans retenir aucune de ses remarques cyniques. La Meravigliosa l'écoutait d'une oreille plus ou moins attentive. Au moins rendait-il un peu moins ennuyeux cet événement.

Soudain, on sonna les trompettes. La cérémonie allait commencer. La Dualité, les deux grands prêtres de la Foi qui officiaient pour les célébrations religieuses officielles, s'approcha de l'autel et bénit l'assemblée. Chacun prononçait des paroles dirigées à un des dieux : l'un appelant aux bénédictions du dieu bon, l'autre priant le dieu infâme de tous les épargner de ses colères.

Tous les invités répétaient les prières, entrecroisant leurs mains à la manière des deux anneaux.

Et enfin, les portes de l'église s'ouvrirent, dévoilant les mariés. Dans sa flamboyante robe couleur pêche, brodée d'or, ses cheveux blonds ayant étés tressés d'une manière complexe et étaient recouverts d'un voile doré, Freyja rayonnait. À son bras, Côme de Navarie, loin de l'éclat obscur de sa mère, semblait se révéler.

Tous les regards convergèrent vers eux lorsqu'ils s'avancèrent. L'entrée grande ouverte laissait passer un immense faisceau de lumière qui illuminait leur chemin jusqu'à l'autel. Ils ressemblaient à deux jeunes tourtereaux, tous deux beaux, tous deux promis à un splendide avenir. Une vague de murmures appréciateurs parcourut l'assemblée.

« Votre fille est divine » glissa d'Orsignac à l'oreille de la duchesse.

Cette dernière ne répondit pas suivant du regard l'avancée des futurs mariés. Arrivés devant l'autel, ils d'agenouillèrent, chacun devant un prête qui déposa sur leur tête une couronne d'or. Tous les invités les imitèrent, s'agenouillant à leur tour.

Le Cercle Des Merveilles - I - À cœur et à sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant