Chapitre 30.

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Mara se redressa brutalement dans le lit, alertée par ce hurlement qu'elle reconnaissait être celui de Nettie. Aleksi bondit sur ses pieds, agissant instinctivement et se précipita vers la porte qu'il ouvrit en grand.

Une fumée noire et épaisse se propageait dans les couloirs et déjà une chaleur insoutenable, alimentée par les températures de ces nuits d'été s'élevait, alourdissait l'air et étouffait ceux qu'elle prenait au piège de ses ondes ardentes. De l'autre côté, par la fenêtre qui donnait accès à la cours intérieur, ils pouvaient observer à loisir l'aile sud du château en proie aux flammes, dévorant l'intérieur comme un monstre géant, arrachant les rideaux, s'échappant par les fenêtres, grimpant jusqu'au toit... Un monstre qui ne tarderait pas à atteindre la tourelle de la Meravigliosa. Ils devaient partir. Maintenant !

Le mercenaire récupéra aussitôt ses affaires, dans un empressement fébrile, ses traits tirés par la surprise et l'incompréhension.

« Le brasier était éteint... Comment le feu a-t-il pu se propager ?

Ramassant sa longue robe de chambre, Mara s'y emmitoufla, dissimulant son corps nu sous le lourd velours.

Un éclat s'embrasa dans son regard, colérique et agacé. La lueur d'intelligence dans son regard et le pli amer de ses lèvres ne laissaient rien présager de bon.

— Ce n'est pas un accident, c'est une attaque ! pesta-t-elle.

S'engouffrant à la suite du jeune homme dans le couloir, elle dû plisser des yeux, l'air chaud mêlé au souffle âcre du feu l'aveuglant presque.

— Mais qui ?

Elle ne répondit pas. Une quinte de toux l'agita. La fumée était épaisse, étouffante. Elle s'engouffrait dans sa gorge, l'irritant, avant de venir empoisonner ses poumons. Ils devaient sortir. Vite ! Regagner l'air libre. Au détour d'un couloir, alors même que la menace de l'incendie s'approchait toujours un peu plus d'eux, ils tombèrent sur Nettie qui accourait vers eux, échevelée, la terreur s'étant emparé de ses traits encore mal éveillés.

— Madame, le feu a pris dans le quartier des garçons. Ils ont besoin d'aide ! Et la sortie est entièrement barrée par les flammes. C'est l'enfer !

L'enfer... Une vague de sarcasme gagna la duchesse qui du retenir une remarque acerbe. Elle avait autre chose en tête. D'autres soucis.

Aleksi, ses hommes de mains, ce foutu incendie, cette attaque, le feu, partout, encore, le feu... Elle allait devenir folle !

Son angoisse grimpait, aliénante, tout se mêlait. Et la fumée continuait de se propager, obscurcissant de plus en plus les allées. Une seule chose hantait ses pensées désormais. Ses mercenaires. Sans eux, tout était perdu. S'ils mouraient maintenant, dévorés par ce bucher maudit, elle serait fichue. Ils devaient leur venir en aide. Prenant la tête du trio, elle s'engouffra dans un escalier, se dirigeant d'un pas décidé vers l'aile sud. Celle de ses orphelins. Elle entendit à peine son âme damnée l'interpeler, la supplier de s'arrêter. Elle s'y précipitait sans réfléchir, animée par la crainte. La chaleur était toujours plus intense, plus insupportable. Elle peinait à respirer. Mais alors qu'elle s'apprêtait à pénétrer dans l'aile d'où partait l'incendie, elle dû s'arrêter violemment et reculer d'un pas.

Un mur de feu leur barrait le passage, se dressant face à eux, crépitant avec force, projetant braise et cendre.

Son cœur rata un battement. Elle ne pouvait pas le traverser. Il était trop épais. Mais le démon lui, le pouvait ! Elle se tourna pour toiser son homme de main qui eut un geste de recul face à la vivacité de son geste et la détermination de son regard.

— Va aider les autres, Aleksi.

Il lui fallut quelque seconde pour comprendre ce qu'elle demandait. Lorsqu'il réalisa, il secoua vivement la tête négativement, écarquillant les yeux. Non, non, non ! Il ne pourrait pas la laisser, il ne devait pas...

Le Cercle Des Merveilles - I - À cœur et à sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant