Ginger

3-

Juste avant de partir pour Poudlard, Drago découvrit sa mission : tuer Dumbledore et ouvrir l'école aux Mangemorts. Aux Mangemorts les plus sanguinaires comme Greyback et sa tante.

Dans le secret de sa chambre, il pleura longuement, grattant la marque sur son bras comme si ça pouvait la faire disparaître.

Même s'il se révoltait de tout son être, il savait qu'il n'avait pas le choix s'il voulait survivre. S'il voulait sauver ses parents. La colère et le désespoir se mêlaient en lui, formant un mélange détonnant.
Une fois devant ses amis cependant, il afficha un air arrogant et sûr de lui, affirmant qu'un grand avenir l'attendait, loin de Poudlard.

Pour commencer l'année, il se battit contre Potter, le terrassant avec une satisfaction mêlée de joie mauvaise, avant même qu'ils ne soient sortis du Poudlard Express.
Utilisant la cape d'invisibilité du balafré, il le dissimula, espérant qu'il serait renvoyé à Londres et que l'idiot serait assez malin pour se tenir loin du danger pour une fois. Sans surprise pourtant, Potter était présent au banquet... encore une fois au cœur de l'action.

Chaque jour, il s'attelait à sa terrible mission qui était la sienne : réparer l'armoire à disparaître pour offrir aux Mangemorts une porte d'entrée dans Poudlard. Lancer des sortilèges complexes et minutieux lui faisait oublier quelques instants ce qu'il était exactement en train de faire, puisqu'il devait être totalement concentré sur son objectif.
Cependant... À l'instant où il sortait de la salle sur demande, chaque élève qu'il croisait était une future victime potentielle dans son esprit. Il croyait lire dans le regard des autres une accusation muette qui lui coupait l'appétit et qui lui donnait envie de fuir le plus loin possible.

Greyback dans une école pleine d'enfants... Quand il y pensait, il se mettait à vomir, effaré.

Il avait conscience que ses amis s'écartaient de lui — il était d'une humeur toujours exécrable — et qu'il maigrissait à vue d'œil. Mais plus rien n'avait d'importance... Il se savait condamné, juste parce qu'il devait s'attaquer à Dumbledore pour sauver ses parents.
À la fin, s'il survivait, personne ne se préoccuperait plus de lui, personne ne s'intéresserait à lui pour le sauver, même s'il rencontrait parfois le regard interrogatif de Potter posé sur lui, comme s'il se souciait réellement de son état...

Si ses réparations de l'armoire à disparaître étaient minutieuses, il ne pouvait pas en dire autant de ses tentatives de tuer Dumbledore. Il jurait que le vieil homme n'était pas accessible, mais il ne faisait pas réellement d'efforts.

Terrassé par toute la pression qu'il subissait, il s'effondra en larmes dans les toilettes de Mimi Geignarde. Et forcément, Potter choisit cet instant pour arriver.
Leurs regards se croisèrent, et la pitié dans le regard vert le rendit fou de rage. Il attaqua, sans pitié, pensant que Potter allait riposter et que peut-être il serait suffisamment blessé pour échapper à sa mission. Ou même tué, pour être libéré de tout ça.
Le sort noir le frappa de plein fouet, et il haleta, stupéfait, avant de s'écrouler, sentant le sang s'écouler de son corps.

La seconde d'après, Potter était près de lui, en larmes, les mains sur sa poitrine pour presser les plaies, le suppliant de ne pas mourir.
Incapable de répondre, le chagrin de son meilleur ennemi lui réchauffa le cœur. Potter semblait plus touché par son état que ses parents ne s'étaient inquiétés de lui, alors même qu'il sacrifiait son avenir pour leur survie.

Alors qu'il allait mobiliser ses forces pour le remercier de l'avoir blessé si grièvement — s'il était dans l'incapacité de remplir sa mission alors il ne pouvait pas être tenu pour responsable — Rogue arriva. Drago aurait aimé le repousser, se débattre, mais il n'en avait plus la force. À la place, il ancra son regard dans celui de Potter, puisant du réconfort dans son inquiétude et ses regrets sincères. Essayant d'apaiser la culpabilité du Gryffondor.

Il fut remis sur pied en un temps record. Bien trop vite à son goût. Comprenant qu'il n'aurait pas d'échappatoire, il se remit à sa tâche, avec l'impression de vendre son âme au diable, encore et encore.

***

La première chose que put constater Harry en revenant à Poudlard était que Dumbledore lui accordait de nouveau sa pleine attention. Comme si la mort de Sirius était tout ce qu'il avait attendu pour utiliser de nouveau sa petite marionnette.

Harry n'avait jamais oublié les mots du Choixpeau, lors de sa répartition. Du fait qu'il pourrait faire de grandes choses à Serpentard. Il avait rapidement compris qu'il avait de la ruse à revendre et un esprit retors qui lui avaient permis de survivre durant son enfance chez ses moldus.
Il était peut-être courageux et prêt à se jeter au-devant du danger sans sourciller, il y avait une part de lui-même bien plus calculatrice.

Ainsi, il accueillit Dumbledore avec un sourire un peu forcé, comme si rien ne s'était passé. Comme si son cœur ne s'était pas brisé en voyant Sirius disparaître juste sous ses yeux. Mais ses yeux ne reflétaient aucune chaleur, et désormais, il se méfiait du vieil homme comme de la peste.
Emblème de la lumière ou non, Dumbledore était un foutu manipulateur prêt à tout sacrifier pour obtenir ce qu'il voulait. Pour certains, c'était peut-être noble, mais en tant que sacrifice principal, Harry n'était pas vraiment d'accord avec le principe.

Il l'accompagna recruter Slughorn, conscient qu'il servait en quelques sortes de monnaie d'échange, et qu'il allait devoir exposer sa célébrité — tout ce qu'il détestait — pour appâter le professeur avide de relations puissantes. Il se laissa faire, curieux d'apprendre ce que Dumbledore voulait de l'homme.
Et puis, bonus non négligeable, il eut l'occasion d'en apprendre plus sur sa mère, et il découvrit qu'elle avait été brillante en potions, contrairement à lui.
Il nota cependant que Rogue ne figurait pas parmi sa petite galerie de portraits, alors qu'il était pourtant le plus jeune maître des potions de l'histoire et l'homme le plus brillant qui soit, bien que très désagréable.

Une fois à Poudlard, il répondit de bonne grâce aux convocations régulières du directeur, sans se plaindre. Lorsqu'il commença à visionner les souvenirs de Dumbledore au sujet de Voldemort — de l'enfance et de la scolarité du mage noir — il comprit que le vieil homme était en train de le préparer à leur ultime affrontement, et il devina sans peine que ça avait un rapport avec la main noircie et racornie du directeur.

En apparence, Harry était donc le parfait Gryffondor, la gentille marionnette de Dumbledore prête à se sacrifier, pour son plus grand bien.

Mais en réalité, le jeune homme passait beaucoup de temps à réfléchir à ce qu'il apprenait, prêt à faire cavalier seul. Il était déterminé à se battre contre l'assassin de ses parents, mais uniquement pour gagner sa liberté. Il se moquait bien du monde magique qui lui tournait le dos, il voulait juste vivre tranquillement sans avoir à craindre pour sa vie chaque seconde...