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Finalement, la voix encore ensommeillée de Drago s'éleva, chuchotant dans le silence de la pièce.
— Je vais te faire sortir d'ici aujourd'hui. Je vais te déposer... voyons... pas dans un endroit trop en vue. À la gare Moldue ! Ouais, ça devrait aller non ? Tu pourras t'en sortir ? Je ne sais pas où retrouver tes amis alors...

Le chat Ginger émit un léger grognement, mordillant les doigts de son camarade. Le Serpentard fronça les sourcils, contrarié, et sa voix claqua sèchement.
— Ne sois pas stupide ! Tu serais une cible immédiate dans le monde magique !

Le chat s'étira et assit face au jeune homme, la queue battant de frustration dans son dos, essayant visiblement de se faire comprendre. Il avança la tête pour se frotter contre Drago, puis reprit sa position. Le blond fronça les sourcils, perdu. Incrédule, il demanda.
— Tu veux que je reste avec toi ?
Ginger miaula avec enthousiasme et recommença à se frotter, visiblement ravi d'avoir été compris. Mais Drago le repoussa avec douceur, la gorge nouée.
— Je ne peux pas abandonner ma mère. Ou... même mon père. Ils risquent d'être tués. Je... dois rester.

Même s'il leur en voulait terriblement, ils restaient ses parents, et il se devait de faire le maximum pour eux.


Ils se fixèrent longuement tous les deux, et eurent le même sursaut quand la porte s'ouvrit sur Narcissa. Comme la veille au soir, elle entra en silence et referma soigneusement la porte derrière elle, avant de se retourner. Elle observa un long moment son fils, pensivement, puis soupira.
— Pourrais-tu faire tes achats pour la rentrée qui vient seul, Drago ? Tu m'as dit que tu avais besoin de nouveaux pantalons même si la rentrée des classes a eu lieu récemment... Il risque d'y avoir beaucoup de remue-ménage aujourd'hui ici, et je serais plus tranquille si tu étais... occupé à l'écart. Pour une fois, le chemin de Traverse sera plus sûr.

Le jeune homme baissa les yeux sur son bras, affichant une grimace amère face à la marque des Ténèbres qui se découpait nettement sur sa peau pâle, et eut un soupir.
— Peu importe, je risque d'être appelé non ? Mieux vaut que je ne m'éloigne pas trop...

Une lueur de peur passa dans le regard clair de sa mère, mais Drago n'eut pas le temps de s'interroger sur sa signification. Immédiatement, Ginger se précipita contre lui comme pour le rassurer, se câlinant à lui frénétiquement comme pour lui faire changer d'avis.

Il y eut un long silence, puis Narcissa souffla, doucement, hésitante, le regard revenant sur la porte close comme si elle craignait d'être surprise.
— Tu es ce qui m'est de plus précieux, mon fils. Si tu en as l'occasion... protège-toi. Quoi qu'il en coûte. En attendant, je trouverai une raison pour expliquer ton absence, tu as besoin de t'éloigner d'ici.

Drago inspira brusquement, choqué de la façon claire dont sa mère lui faisait comprendre qu'être un Mangemort était une erreur. Il tenta de protester, un peu perdu.
— Mais...

Cependant, Narcissa le coupa immédiatement, levant la main d'un geste décidé et sans appel. Elle laissa son regard s'égarer un instant sur le chat qui était sur les genoux de son fils, puis son ton se fit coupant.
— Non. Je reconnais que je n'aurais pas dû te demander un tel sacrifice, mais... il n'y avait pas d'autre moyen d'aider ton père. Pas avec le peu de temps dont nous disposions pour agir. Maintenant, il est avec moi, ici, dans le manoir. Nous ne sommes pas sans défense.
— Mère...
— Nous sommes saufs, Drago. Et maintenant, il est temps de te mettre en retrait, si tu le souhaites.


Incrédule, Drago serra les poings et secoua la tête. Puis il ricana et exposa son bras qu'il considérait comme souillé.
— J'aurais préféré cette prise de conscience avant... avant d'être condamné par ça. Toute ma vie désormais sera conditionnée.

Narcissa soupira, et se passa une main tremblante sur le visage. Cependant, elle ne s'excusa pas, se contentant d'un sourire hésitant.
— Tu ne sembles pas avoir de doutes sur la victoire de ton camarade d'après ton comportement.
Drago s'empourpra et regarda Ginger qui était tranquillement assis, attentif. Puis il haussa les épaules et marmonna.
— Lui au moins est sain d'esprit. Ce n'est pas...

L'aristocrate eut l'air soudain horrifiée et sa voix claqua pleine d'un avertissement non formulé.
— Drago !
Le jeune homme croisa les bras sur sa poitrine nue, et se redressa inconsciemment, tenant tête à sa mère. Après tout, s'il était assez adulte pour être utilisé par un mage noir sanguinaire, s'il était assez adulte pour recevoir l'ordre de tuer, alors, il pouvait bien se révolter contre ses parents et leur rappeler ce qu'ils avaient exigé de lui.
— Je ne fais qu'énoncer une évidence. J'ignore pourquoi vous avez décidé de suivre cette folie, pourquoi Père a cru bon de nous entraîner dans sa chute... mais c'était stupide ! Comment avez-vous pu... oublier votre fierté tous les deux ?


Piquée au vif, Narcissa plissa les yeux et son ton prouvait qu'elle était furieuse. Cependant, elle resta maîtresse d'elle-même et même si sa colère se faisait sentir dans ses paroles, elle n'éleva pas la voix.
— Et quelle alternative avions-nous ? Tu crois peut-être qu'il est simple de changer d'allégeance ? Si tu veux être considéré comme un adulte, jeune homme, évite de voir les choses à la façon d'un enfant.

Drago grogna et se leva brusquement, pour se poster devant la fenêtre, tournant le dos à sa mère.
— Parfait, mère. Puisque tu insistes, j'irais chercher ce dont j'ai besoin sur le chemin de Traverse. Puis, j'irais probablement chez Blaise. J'espère que ce n'est pas une façon de plus de m'utiliser à votre avantage, ou une idée de Père pour grappiller un peu de puissance ou de pouvoir.

Narcissa soupira et émit un son entre la protestation et le sanglot, mais Drago ne se retourna pas. Poings serrés, il refusait de faire face à sa mère, pas après cette conversation surréaliste. Il était furieux, amer, et se sentait trahi.
Il ne bougea pas plus quand sa mère chuchota, hésitante.
— J'espère qu'on se reverra vite, mon fils. Quand tout sera... terminé. Reste en sécurité par Merlin...

La porte de sa chambre s'ouvrit et se referma doucement, et au déclic de la clenche, une grosse larme roula sur sa joue. Laissant son front s'appuyer contre la vitre glacée, il prit une inspiration tremblante, perdu.

GingerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant