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Scabior mort, ses trois complices immobilisés et stupéfixés, Drago s'était précipité vers Potter au sol qui haletait, souffrant visiblement. Ses amis étaient partis en courant, et n'avaient pas vu qu'il avait été touché. Ils pensaient probablement qu'il était juste derrière eux, que personne ne prendrait le risque d'aller contre les ordres de Voldemort et de blesser grièvement le garçon-qui-avait-survécu.

Il l'aida à se relever comme il le pouvait, le cœur battant à toute vitesse. L'adrénaline parcourait son corps, l'empêchant de trop penser à ce qu'il était en train de faire. Il agissait juste, presque impulsivement.
— Allez, Potter. Bouge. C'est le moment de montrer ton foutu courage de Gryffondor. Tes amis vont te récupérer et te soigner. Je suis certain que Granger sait faire... Il faut juste que je te conduise à la limite du domaine... Ils vont se rendre compte que tu n'es pas derrière eux...

Il n'était même pas sûr que le Gryffondor l'entendait, les yeux verts s'étaient ternis, et il semblait mobiliser toutes ses forces pour ne par perdre connaissance, s'agrippant à Drago avec désespoir.

Leurs yeux se croisèrent encore, et Drago lui souffla des encouragements, le suppliant de s'accrocher. Il avait juste à lui faire passer les limites du manoir. Il y avait juste à sortir et à remonter l'allée, sans se faire repérer. Un jeu d'enfant. Presque.


Cependant, le rire fou de Bellatrix retentit, et Drago se figea, horrifié. Potter leva la tête, sa haine envers celle qui lui avait pris sa dernière famille visiblement plus forte que la douleur. Paniqué, Drago comprit qu'il allait manquer de temps. Il attrapa Potter à bras le corps, sans se soucier de son gémissement de douleur, et partit à toute vitesse vers sa chambre, prenant le temps avant de quitter le salon de faire disparaître toute trace de sang. Il nota dans un coin de son esprit que Potter était vraiment un poids plume, ce qui avait grandement facilité la manoeuvre, mais qu'il allait devoir trouver quelque chose pour le remplumer et pour compenser la perte massive de sang qu'il était en train de subir.

Il jeta le brun sur son lit plus qu'il ne le posa, essoufflé, et il lui lança un sort pour limiter la perte de sang, parant au plus pressé. Il l'obligea à rouler sur le ventre et posa ensuite une serviette éponge sur son dos espérant que ce serait suffisant.
Avant de pouvoir s'occuper de lui, il allait devoir expliquer la présence des rafleurs, et espérer qu'il serait assez convaincant pour ne pas être démasqué. Il devait aussi s'assurer que personne ne viendrait dans sa chambre, risquant de découvrir son invité surprise.

Il secoua la tête, dépassé par les évènements et ôta son tee-shirt souillé de sang pour en prendre un propre, s'assurant qu'il n'y avait aucune trace sur lui. Hochant la tête, espérant avoir pensé à tout, il prit une grande inspiration et regarda le blessé dans son lit.
— Accroche-toi, Potter. Essaie de ne pas te vider de ton sang. Je reviens dès que possible, mais je dois expliquer la présence des corps dans le salon... Détourner l'attention. Ne t'avise pas d'y rester, stupide balafré !

Drago ne savait même pas s'il avait été entendu et compris. Après une dernière hésitation, inquiet malgré lui pour Potter, il se rendit près des rafleurs, attendant son père et sa cinglée de tante, prêt à leur offrir une histoire inventée de toute pièce, visant à protéger Harry Potter, actuellement inconscient — ou presque — dans sa chambre. Totalement vulnérable au milieu d'un nid de Mangemort.


Rien ne montrait son agitation intérieure lorsque son père entra dans le salon quelques secondes à peine après lui pour le trouver près du cadavre d'un rafleur et entouré de trois autres, ligotés et stupéfixés. Il loua les leçons d'occlumentie de son parrain, qui lui permettaient de masquer ses pensées, et de cacher au mieux ses sentiments.

D'un ton neutre, il expliqua que les hommes s'étaient présentés et en le trouvant seul avaient voulu forcer le passage et le malmener. Il s'était défendu, mais dans la manœuvre le chef de la petite bande avait été tué.

Bellatrix éclata d'un rire strident, sautillant autour du corps, visiblement ravie. Elle s'arrêta devant Drago pour attraper ses joues entre ses paumes glacées et elle les lui frotta avec son air dément.
— Brave petit ! Il a enfin tué sa première victime ! Parfait petit Mangemort, tu verras... le Maître sera fier si tu continues !


Drago cacha la nausée provoquée par ces paroles, refusant d'être félicité pour cet acte. Ça avait été une question de survie, celle de Potter, et il ne regrettait pas, mais il n'en était pas fier. Il était suffisamment terre à terre pour admettre que la guerre amenait son lot de morts, et l'homme qui était tombé était un criminel qui avait probablement une longue liste de victimes à son actifs, nés moldus ou Sang-Mêlés.

Son père le dévisagea sans un mot, et Drago détourna le regard, mal à l'aise, de peur de laisser paraître quelque chose qui pourrait le trahir. L'aristocrate approcha des trois rafleurs immobilisés et il les examina d'un air plein de dégoût. Puis, avec un reniflement agacé, il les tua sans plus de cérémonie, sans même les interroger, comme s'il devinait que leurs témoignages pourraient être un danger pour son fils. À moins que ce ne soit sa réaction en apprenant qu'ils avaient voulu entrer chez lui sans autorisation...

Un peu sonné par cette débauche de violence, Drago avait demandé à rejoindre sa chambre pour se reposer, et son père l'avait congédié d'un vague geste de la main, lui donnant quartier libre. Le jeune homme quitta la pièce, légèrement songeur, se demandant si son père serait prêt à le protéger s'il changeait de camp. S'il décidait de soutenir Potter plutôt que de continuer d'être un Mangemort.
C'était une pensée dangereuse, et il la repoussa rapidement, surtout en se souvenant de l'admiration sans bornes de Lucius pour Voldemort. Il effaça rapidement cette idée de son esprit, incapable d'imaginer son père se détourner de celui qu'il avait décidé de suivre lorsqu'il était encore un adolescent et dont Drago avait entendu vanter la grandeur depuis qu'il était né.

GingerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant