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Ce fut des éclats de voix qui réveillèrent Drago. Il était bien, dans un cocon de chaleur, en sécurité, et il sentait Ginger collé à lui.

Il ouvrit les yeux avec difficultés, clignant des paupières pour s'accoutumer à la luminosité, et se perdit dans les yeux verts de Ginger. Il sourit doucement, refusant de bouger et de perdre ce bien-être.


Les cris s'intensifièrent et il fronça les sourcils, surtout quand la voix de l'infirmière résonna, sans appel.
— Vous ne toucherez à aucun de mes patients !

La voix répondit, autoritaire et sans appel.
— C'est un Mangemort !

Drago eut l'impression que la bulle de bien-être éclatait autour de lui. Il comprit immédiatement qu'ils parlaient de lui, et qu'il allait probablement être envoyé à Azkaban. Il serra Ginger un peu plus fort contre lui, et déposa un baiser sur son crâne, avant de soupirer.

Il se redressa, son chat dans les bras, pour faire face à la réalité. Un groupe d'Aurors se disputait violemment avec madame Pomfresh. Cette dernière, bras croisés, refusait de céder du terrain. Près d'elle, Hermione et Blaise protestaient. Drago sentit son cœur se réchauffer en les voyant le défendre avec tant de passion...

Le voyant réveillé, un Auror sortit sa baguette et la pointa sur lui, ignorant les hurlements furieux de Pomfresh. Drago eut un mouvement de recul, yeux écarquillés, avant de se reprendre et de se redresser, fier. Il n'allait certainement pas montrer sa frayeur, après tout.

Ginger feula, comme pour protester, mais avant que Drago ne puisse l'apaiser d'une caresse, le chat se transforma et redevint Harry Potter.


Il y eut des exclamations de stupeur venant des Aurors, et les yeux de Harry brillèrent un instant d'amusement, surtout en croisant les larges sourires moqueurs de Hermione et Blaise. Ron un peu plus loin dormait comme un bienheureux, inconscient de ce qui se passait.

L'adolescent résista à la tentation de se frotter contre Drago, comme lorsqu'il était Ginger, se contentant de se laisser aller contre son torse avec un soupir satisfait. Il bâilla, et cligna des yeux, comme s'il ne voyait pas le groupe d'Aurors et il sentit la poitrine de Drago frémir sous lui alors que ce dernier ricanait avant de lui murmurer à l'oreille, le faisant frissonner.
— Tu sais, tu es un vrai Serpentard...

Harry enlaça leurs doigts sous la couverture pour toute réponse, observant se qui se passait tranquillement. Pomfresh leur jeta un bref regard et adressa un petit sourire crispé.
— Monsieur Potter, ravie de vous revoir parmi nous. Ces messieurs souhaitent arrêter monsieur Malefoy.
Le brun leva un sourcil moqueur, et les dévisagea longuement, avant de demander calmement.
— Et pour quelle raison ?


Ignorant l'agitation dans son infirmerie, madame Pomfresh commença à s'occuper de Harry, sans lui demander de s'écarter de Drago. Elle hocha la tête, lèvres pincées, et marmonna qu'ils avaient encore besoin de repos tous les deux.

Finalement, elle posa une main amicale sur l'épaule de Drago avant de se tourner pour faire face aux Aurors, décidée à ne pas les laisser emmener le jeune homme. Elle avait vu la marque sur son bras en le soignant bien sûr. Mais elle avait vu Harry Potter blessé dans ses bras, et leurs amis les entourant. Elle était suffisamment proche de l'ordre pour avoir entendu parler de l'incident au Manoir Malefoy et pour avoir compris que sans le jeune Malefoy, les trois Gryffondor ne s'en seraient pas sortis...

Celui qui semblait être le chef du groupe d'Auror grogna.
— Il est un Mangemort.

Harry gloussa, et son rire déstabilisa les agents de l'ordre du Ministère. Ils échangèrent des regards nerveux et Harry reprit, tranquillement.
— Alors vous allez devoir annoncer que ce Mangemort en particulier m'a aidé à vaincre Voldemort. Que sans lui, je ne m'en serais pas sorti.

Il y eut un lourd silence. La déclaration tranquille de Harry avait semé le trouble et les Aurors hésitaient, ne sachant plus quelle conduite adopter. Le chef grogna soudain et haussa les épaules.
— Peu importe. Ça sera réglé à son procès. En attendant, j'ai ordre d'arrêter tous ceux qui portent la marque.


Drago se tendit, mais Harry refusa de s'éloigner de lui, tandis que Hermione protestait bruyamment. Harry laissa échapper une exclamation méprisante.
— Le même procès équitable que mon parrain a eu ? Mon parrain innocent qui a passé douze années à Azkaban ?

Il y eut un lourd silence. Cependant, malgré sa gêne évidente, le responsable du petit groupe envoyé par le Ministère ne bougea pas, campant sur ses positions. Harry haussa les épaules.
— OK. Mais je reste avec lui. Si vous emmenez Drago Malefoy, il faudra m'enfermer avec lui.


L'infirmière explosa soudain, ivre de rage.
— Sortez de mon infirmerie, immédiatement ! Personne n'arrêtera personne, et personne ne bougera de son lit tant que je ne l'aurai pas décidé !

L'Auror tenta de protester, mais elle le bouscula vers la sortie, implacable, baguette en main. Le responsable du groupe d'Auror grogna plein de mauvaise volonté.
— Nous reviendrons avec un ordre officiel !
L'infirmière haussa les épaules.
— C'est ça. En attendant, du balai !


Harry laissa échapper un rire ravi, et se tourna vers Drago. Le regard gris était voilé par l'inquiétude, et il craignait probablement d'être emprisonné. Le brun lui posa une main sur la joue pour attirer son attention. Leurs yeux se rencontrèrent, et Harry lui sourit doucement. Il l'embrassa avec douceur, comme pour le rassurer, comme une promesse pour lui assurer que personne ne pourrait se mettre entre eux.

Il y eut des exclamations de surprise de leurs amis — Blaise était le seul à savoir quelle était exactement la nature de leur relation — mais ils ne réagirent pas, plongés dans leur bulle.
Ils restèrent longuement enlacés, sans avoir besoin de parler, profitant de ce moment de paix. L'infirmière eut un sourire amusé, et secoua la tête, mais elle les laissa. Ils avaient besoin de repos, mais après les épreuves qu'ils venaient de traverser un peu de tendresse ne leur ferait pas de mal. Loin de là.


Drago soupira, sans pour autant s'écarter de Harry. Il murmura, la voix brisée.
— Tu ne pourras pas toujours les empêcher de m'emmener. Tu sais que... après ce que j'ai fait.
Mais Harry le fixa, confiant, et secoua doucement la tête.
— Tu as survécu. Et tu as fait ce qu'il fallait pour m'aider ensuite. Je ne t'abandonnerai pas.

GingerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant