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À l'instant même où ils furent seuls, Ginger se jeta contre lui pour se frotter à ses jambes, essayant visiblement de le distraire et le consoler. Drago laissa échapper un ricanement étranglé et fixa le chat, qui lui rendit son regard avec un sérieux tout humain.

Le blond soupira de lassitude et haussa les épaules, en détournant le regard, incapable de lui faire face même sous forme d'un minuscule chat.
Encore une fois, il ne put s'empêcher de poser à voix haute la question qui tournait dans sa tête en boucle.
— Après toutes ces années de... bagarres, comment peux-tu être là à me réconforter ?


Il n'attendait pas de réponse, aussi il souffla en secouant la tête et s'écarta pour se rendre à pas lents dans la salle de bains, tête basse et épaules tombantes, comme s'il portait le poids du monde sur les épaules. Ginger l'observait avec tristesse, mais resta sur place, comprenant qu'il avait besoin d'être seul.


Lorsqu'il sortit de la salle de bains, habillé de pied en cap et ses cheveux encore humides, Drago avait retrouvé son air habituellement supérieur, et avait caché ses doutes et son chagrin sous une façade d'arrogance. Il claqua des doigts et ordonna à l'elfe qui apparut un solide petit déjeuner ainsi qu'une collation pour son chat.
Le temps que les plats demandés arrivent, il regarda autour de lui, examinant sa chambre d'un œil critique, comme s'il se préparait à ne pas revoir la pièce pendant longtemps.

Assis sur le lit, dos calé contre le mur, Drago soupira en buvant lentement son thé. Sans regarder le chat qui lapait tranquillement un bol de lait, il s'adressa à lui, à mi-voix.
— Nous allons aller sur le chemin de Traverse. J'ai... volontairement omis d'acheter certaines choses pour avoir une excuse pour... m'échapper d'ici, si je n'avais pas la possibilité de rester à Poudlard. Je pensais... C'est stupide, probablement, mais au moins ça va nous être utile pour te faire sortir d'ici.

Abandonnant son repas, Ginger bondit sur le lit et s'installa sur ses genoux, le fixant de ses yeux verts. Drago secoua la tête, et crut lire une expression malicieuse dans le regard félin. Il ne put s'empêcher de sourire, et de passer la main dans le poil épais, avec un soupir.
— Quand tu... reprendras ta forme initiale, tu devras être plus prudent. Bon sang, tu n'étais pas au courant qu'il y avait un tabou ? Le monde magique dans son ensemble a été mis au courant par la Gazette !

Ginger grogna légèrement, sa queue battant vivement ses flancs, et Drago renifla.
— OK. En tout cas, tu es au courant maintenant... Si tu n'avais pas la détestable habitude de prononcer son nom aussi !

En voyant le chat lui tourner le dos, toujours agacé, Drago ricana et ne put s'empêcher de lui ébouriffer le poil, et Ginger feula. L'éclat de rire spontané du blond le calma immédiatement, et il s'assit près de lui sur le lit, sa queue enroulée autour de ses pattes, tête penchée, l'observant avec fascination.

Le Serpentard se calma et renifla avant de hausser les épaules, rougissant légèrement.
— C'est toujours aussi amusant de t'agacer en fait. Je n'avais pas autant ri depuis...

Drago s'interrompit, gêné, et détourna la tête. Ginger se précipita, se frottant contre lui, comprenant le sous-entendu. Après quelques instants à caresser le chat, le blond se reprit, comme si ce moment n'avait pas eu lieu.
— Donc. Chemin de Traverse. Ensuite... et bien, je peux aller chez Blaise. Sa famille est neutre après tout, et ils accepteront de m'héberger jusqu'à ce que tu redeviennes... enfin. Qui tu es.

Le blond lança un rapide coup d'œil sur la porte close de sa chambre, en se mordillant la lèvre. Puis, il haussa les épaules.
— Blaise a eu raison de me rappeler de ne pas prononcer trop ton nom. On ne sait jamais, et je préfère... prévoir. S'il a l'idée de placer un tabou sur ton nom aussi... Peu probable vu le nombre de personnes qui doivent parler de ton absence et prier pour que tu... fasses ce qu'ils attendent de toi.

Ginger émit un miaulement agacé, la queue battant de nouveau ses flancs, et Drago lui grattouilla la tête, avec un demi-sourire moqueur. Puis, il se leva avec un soupir et observa sa chambre, avant de murmurer.
— Je suppose que je ne reverrais pas cet endroit avant longtemps. Pas plus que Poudlard, parce qu'à l'instant où je ne reviendrais pas ici... je serais considéré comme un traître. Je suppose que je vais devoir trouver un endroit où me cacher par la suite pour ne pas mettre la famille de Blaise en danger...


Le chat roux à ses pieds émit un grondement, le fixant, et Drago croisa le regard émeraude familier. Il le connaissait suffisamment pour voir que sa colère n'était pas dirigée contre lui, et qu'il avait cet air déterminé qui annonçait une action d'éclat du Gryffondor — étrange sur un chat. Malgré lui, il sourit, haussant doucement les épaules.
— J'aurais pu juste... fermer les yeux encore une fois, les laisser te livrer. J'aurais probablement été un héros aux yeux de mon père et de certains Mangemort. Mais... je ne pouvais pas...

Le Serpentard glissa un nouveau coup d'œil vers la porte et fronça les sourcils.
— Ne va pas imaginer que je sois un foutu héros. Je... m'en fiche de ce qui va se passer. Je veux juste garder mes parents en vie, et rester moi-même en vie. Si je fais ça... Bon sang, il est totalement cinglé ! À côté ma tante est un modèle d'équilibre ! Je refuse d'être un foutu esclave.

Drago frotta machinalement son bras marqué, et croisa le regard presque narquois de Ginger. Il montra les dents, agacé, et ouvrit la bouche, prêt à se justifier, avant de se rendre compte qu'il était debout dans sa chambre, en train de parler à un chat...
Ce chat était peut-être Potter sous forme animagus, qui le comprenait parfaitement, mais la situation était ridicule et il secoua la tête en roulant des yeux.
— Il est vraiment temps que je m'éloigne de la folie ambiante si j'en suis réduit à parler à un foutu chat.


Ginger émit un miaulement indigné, et Drago ricana, retrouvant contenance et oubliant le moment de faiblesse qui l'avait poussé à se montrer honnête avec Potter-le-chat. Il décida avec une parfaite mauvaise foi qu'il était bien plus facile de lui parler quand il était réduit au silence et quand il ne voyait pas sa tête de Gryffondor héroïque.

GingerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant