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Drago avait espéré rester à Poudlard avec ses amis pour les vacances d'automne, mais sa mère avait insisté pour qu'il rentre. Il avait obéi à contrecœur et pour montrer à sa mère ce qu'il pensait de sa décision, il l'avait à peine saluée, et ne lui avait pas adressé la parole, allant se terrer dans sa chambre à l'instant où il posa le pied dans le manoir. Il avait ignoré son regard triste, furieux après elle.

Il avait cru que Poudlard serait préservé, un minimum. Mais... Les Mangemorts y étaient infiltrés et certains enseignaient. Ils voulaient surtout leur apprendre à torturer leurs camarades sans que personne n'ose protester.

Les Gryffondor étaient les premières victimes, et ces idiots, au lieu de faire profil bas pour limiter les dégâts se dressaient pour les provoquer encore et encore. En se souvenant des hurlements de Longdubas lorsqu'il avait été soumis au Doloris une fois de plus, Drago retint un haut-le-cœur. Il n'appréciait pas le jeune homme, mais il était un Sang-Pur comme lui, un héritier, et il était torturé comme un criminel. Juste à cause de ses idées.

Les Serpentard avaient été plus malins, en coopérant pleinement. Ce n'était pas de gaieté de cœur qu'ils attaquaient leurs camarades sur les ordres des Mangemorts, mais ça leur permettait de ne pas être blessés. Et d'avoir une relative tranquillité.
Les trois autres maisons les regardaient comme s'ils étaient l'ennemi, refusant de comprendre que parfois il valait mieux cacher ce qu'on pensait.


Ce que la plupart des élèves de Poudlard ne savaient pas, c'était qu'une fois dans leur salle commune, loin des oreilles indiscrètes, beaucoup d'entre eux se demandaient si Potter était en vie, et s'il était capable de revenir se battre. S'il allait oser se battre.
Certains lui jetaient des regards en coin, comme s'il savait plus de choses. Après tout, il avait été l'ennemi de Potter à Poudlard. Tous les deux, ils s'étaient tellement battus... Et lui portait la marque.

Drago haussait les épaules, et répondait d'un air ennuyé, mais il espérait que le message passait.
— Potter est sûrement en train de préparer un mauvais coup à sa façon. Et il est incapable de baisser les bras. Il reviendra juste quand personne ne s'y attendra.


La plupart du temps, c'était suffisant pour donner de l'espoir. Pour affirmer que tout n'était pas perdu sans trahir ses véritables pensées.


***

Si les premiers jours à camper dans cette vieille tente qui sentait l'urine de chat avaient été comme une aventure, l'excitation était vite retombée. Entassés dans un espace exigu, à tourner en rond, sans autre occupation que de chercher par quoi commencer leur quête, ils eurent rapidement l'impression de se bousculer sans cesse, et l'agacement monta vite.

Harry, sur les nerfs, préférait s'isoler le plus loin possible du campement, à la limite des protections levées par Hermione. Il passait des heures assis au sol, le regard perdu dans le vague, à repasser en boucle dans son esprit les paroles de Dumbledore, afin de tenter de localiser les horcruxes restants.

Hermione lisait et relisait le livre des contes de Beedle le Barde légué par Dumbledore, persuadé que toutes les réponses étaient dedans.
Ron tournait en rond, se plaignant sans cesse de l'inactivité, prêt à exploser.

C'était fréquent que Harry soit distrait par des éclats de voix, alors que ses deux amis se disputaient, se hurlant dessus pour des broutilles.

Tous les trois étaient épuisés, ils ne rêvaient que d'un bon lit et d'un vrai repas — pas ces boîtes de conserve qu'ils avaient récupérées et qui étaient bien loin de la cuisine à laquelle ils étaient habitués. Ils voulaient une longue douche brûlante et des vêtements propres, qui ne sentiraient pas la fumée du feu de bois.


À certains moments, Harry se sentait désespéré, prêt à baisser les bras et à abandonner. Il n'était qu'un adolescent après tout, et il n'y avait personne autour d'eux pour les aider. Ils étaient livrés à eux-mêmes, alors qu'ils n'étaient pas majeurs.
Il s'obligeait à penser à ses amis qui comptaient sur lui, aussi bien Ron et Hermione que ceux qui étaient repartis pour Poudlard. Neville, Ginny, Luna... ils étaient nombreux, ceux à attendre qu'il règle le problème du monde magique...

La journée avait commencé dans la morosité. Lorsqu'ils s'étaient levés, il faisait gris et froid — pourtant l'hiver n'était pas encore là — et la bruine persistante avait fini par étreindre le feu.
Ils avaient échangé un regard las, puis Hermione était sortie sous la fine pluie glaciale en pestant. Elle avait maudit la forêt, la météo, les Mangemorts, ce foutu feu qui ne tenait jamais allumé, le bois trop humide. Ron avec un soupir avait enfoncé un bonnet sur sa tête pour partir à la recherche de branches, même si elles étaient probablement trop mouillées pour s'enflammer correctement.

Harry grogna et sortit ce qu'il fallait pour déjeuner. Ce qu'il leur restait plutôt. Un paquet de biscottes un peu rassies, mais trop humides pour croustiller. Un reste de beurre rance. Un demi-verre chacun de jus de citrouille.

En regardant les maigres provisions, il se passa la main dans les cheveux, et souffla nerveusement. Il rejoignit à grands pas ses amis, agacé et fébrile.
— Ça ne fonctionne pas !
Ron leva un sourcil interrogatif tandis qu'Hermione entassait le bois avec un soin maniaque.
— De quoi tu parles, Harry ?
— De ça ! On se cache, mais... ce n'est pas la solution.

Hermione leva la tête de sa tâche pour le fusiller du regard.
— Je croyais que tu n'avais pas d'autre solution ?
Il leva les mains au ciel, furieux.
— Bien sûr que non, je n'ai pas d'autre solution. Mais alors quoi ? On reste ici à attendre gentiment ?

Ron se passa une main dans les cheveux, sans répondre, visiblement indécis. Le rouquin brûlait d'envie de retourner dans le monde magique pour avoir des nouvelles de sa famille, et il ne s'en cachait pas. Hermione grogna, agacée.
— Et tu préfères quoi ? Te promener dans le monde magique et être arrêté ? Envoyé à Azkaban en attendant d'être servi à Tu-sais-qui ?

Harry explosa, furieux.
— Et alors ? Au moins, les choses avanceraient ! Nous n'avons pas plus progressé pour ces foutus horcruxes restants. Pas le moindre indice, aucune idée d'où peuvent être ceux qui manquent ! Nous aurions aussi bien pu retourner à Poudlard à ce compte-là ! Ah c'est sûr, mieux vaut se terrer ici comme des rats à crever de faim ! Voldemort n'a plus besoin de s'inquiéter, il a juste à attendre qu'on n'ait plus rien à manger !


Il y eut un lourd silence, et Hermione plaqua les mains sur sa bouche horrifiée. Harry avait brisé le tabou sur le nom de Voldemort et ils avaient peu de temps avant d'être rejoints par les rafleurs.
Le jeune homme vacilla, horrifié alors que des bruits de transplanage se faisaient entendre et que des cris excités retentissaient. Hermione leva sa baguette et lança un sort à Harry pour le défigurer momentanément, pour espérer au moins protéger un peu plus longtemps son identité, au moins le temps qu'ils aient une idée pour se tirer de ce mauvais pas.

GingerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant