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Harry était prêt. C'était ce qu'il se répétait en tout cas, après avoir trouvé comment se débarrasser de Voldemort et de ses horcruxes. Le sort à utiliser n'était pas vraiment de la magie blanche, et probablement que Dumbledore serait horrifié de sa décision, mais le vieil homme était mort, et cette façon de faire lui évitait d'avoir à parcourir le monde magique pour espérer trouver la poignée d'objets ensorcelés restants contenant l'âme de Voldemort.

Côtoyer les deux Serpentard lui avait permis de voir les choses autrement. De ne pas se précipiter sans réfléchir, de chercher une autre solution, même s'il devait utiliser des moyens moins lumineux que ce qui était admis. Après tout, Dumbledore était la Lumière et il l'envoyait droit à sa mort, sans la moindre hésitation. Il l'avait poussé à se sacrifier, encore et encore.
Et Drago Malefoy qui portait la marque des Ténèbres l'avait sauvé.

Il avait donc en théorie juste à trouver un lieu désert, pour y briser le tabou. Ensuite... il suffisait d'attendre la venue de Voldemort pour le défier et le tuer.
En théorie.

Il n'avait pas encore exposé son idée à ses nouveaux amis, conscient des lacunes de son plan. De son semblant de plan. Malefoy — Drago — allait probablement lui hurler dessus. Cependant, il en avait assez d'attendre, de se terrer square Grimmaud pendant que le mage noir réduisait le monde magique en cendres.

Alors qu'il ruminait, il sentait le regard du blond sur lui, tandis que Blaise lisait tranquillement près de la cheminée. Bien qu'il ait l'air détendu, il savait que le métis les observait tous les deux pour prouver sa stupide théorie du familier.
Pour être honnête, ça ne dérangeait pas vraiment Harry d'être lié à Drago Malefoy. Il ne voulait juste pas risquer de mettre en danger le jeune homme...

La cheminée s'illumina soudain, les faisant sursauter tous les trois. En un clignement de paupière, ils avaient leurs baguettes en main, prêts à se défendre d'une éventuelle intrusion. Le visage de Hermione Granger apparu dans les flammes, l'air nerveux. Elle balaya la pièce du regard et hésita un bref instant.
Ce fut suffisant à Harry pour comprendre. Le moment était venu...

Hermione prit la parole, d'une voix tremblante, saccadée.
— Harry... Nous avons eu l'information par l'Ordre. Il marche sur Poudlard. Tu... Tu dois y aller, Harry. Je suis tellement désolée. On se retrouve là-bas...

Le Gryffondor avança vers l'âtre, blême, comme hypnotisé. Drago lui attrapa le bras, sourcils froncés.
— Où crois-tu aller, Potter ?

Il grimaça au ton sec, et au retour à son nom de famille. Cependant, il haussa les épaules.
— Tu as entendu Hermione. Je vais à Poudlard.
Le blond renifla, et laissa échapper un ricanement moqueur.
— Évidemment. Suis-moi.

Un instant, Harry pensa à protester. À l'envoyer bouler, comme il le faisait avant. Mais il croisa le regard inquiet de Blaise et il soupira, abdiquant, tout en posant une condition.
— Pas plus d'une demi-heure, Drago. Quoi que tu puisses dire, dans trente minutes au plus tard, je quitte le Square pour Poudlard.

Drago le poussa dans sa chambre, sans répondre et lui ordonna d'enlever son tee-shirt. Blaise eut un moment d'hésitation, mais Harry s'exécuta en roulant des yeux. Le jeune homme inspecta ses blessures d'un air sérieux et hocha la tête, visiblement indécis, lèvres pincées.
— Ce n'est pas parfait, mais c'est mieux. Au moins, tu pourras bouger sans trop de mal.

Harry marmonna.
— Je vais bien.
Cependant, ses yeux émeraude brillaient et il avait un léger sourire sur les lèvres, appréciant visiblement l'attention dont il faisait l'objet.

Drago ne l'écouta pas et fouilla dans ses affaires, le peu qu'il avait emporté lors de son départ du Manoir Malefoy. Il lui lança un tee-shirt fait d'un matériau étrange, en grognant.
— Mets ça !
Blaise siffla entre ses dents, les yeux écarquillés, l'air vaguement admiratif.
— De la soie d'acromentule ?
Le blond hocha la tête avec un rictus supérieur.
— Ma mère m'avait donné ça pour... enfin... elle craignait que je sois blessé pendant une attaque. Heureusement, j'ai... Je n'ai pas eu à participer à ces horreurs.

Harry examinait le vêtement, sourcils froncés. Blaise lui fournit une explication, conscient que Drago était tellement à cran qu'il risquait d'entraîner une dispute plutôt que de donner les réponses que le brun attendait.
— C'est comme un bouclier naturel. La soie d'acromentule est si résistante qu'elle te permet d'être protégé. Si tu avais eu ça sur toi au moment où tu as pris le sort dans le dos, tu n'aurais rien eu. Pas la moindre égratignure.

Harry hocha la tête et fixa Drago, inquiet.
— Et toi ? Tu en as un pour toi ?
Le blond montra aussitôt les dents, ses yeux gris lançant des éclairs de rage.
— Ce n'est pas moi qui vais me retrouver en première ligne ! C'est toi qui dois lui faire face, alors tu ne discutes pas !

Harry serra les poings, ses yeux verts s'obscurcissant. D'une voix légèrement tremblante, il murmura.
— Blaise, tu peux nous laisser une minute ?

Le métis leva les yeux au ciel et obéit, non sans un commentaire ironique.
— Évitez de vous entretuer pour savoir lequel devrait être le plus protégé... ça serait contre-productif


Lorsqu'ils furent seuls, Drago attaqua immédiatement.
— Je t'ai dit que j'allais faire en sorte de te maintenir en sécurité. Mets ce foutu truc avant d'aller là-bas.
— Je ne peux pas le prendre, Drago. Pas si ça signifie que tu risques d'être blessé ! Je ne veux pas... Je...

Avec un cri de rage, incapable d'exprimer ses pensées clairement, Harry s'approcha de lui pour le serrer contre lui.
— Je ne veux pas te mettre en danger Drago. Tu ne comprends pas ? Si j'ai la force d'y aller, de... De faire ça, c'est uniquement pour te sauver. Toi et tous mes amis. Je veux être certain que tu seras en sécurité...

Drago répondit à l'étreinte, et soupira doucement, avant de plaider, presque plaintivement.
— Je suis un Serpentard, Harry et je suis loin d'avoir ton courage. Je saurais rester en sécurité. Laisse-moi faire ça pour toi au moins. Laisse-moi au moins l'illusion de te protéger, alors que... que tu vas aller lui faire face. Si je pouvais je t'enfermerais quelque part à double tour pour te garder loin de tout ça, mais je sais que... que tu me détesterais de faire ça.

Émus, ils échangèrent un long regard, avant de se rapprocher pour un baiser presque désespéré qui avait le goût salé des larmes.

GingerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant