Ginger

36

En plein cœur du danger, les deux adolescents prirent le temps de se retrouver. Drago enfouit son visage dans la fourrure orange, le cœur battant, soulagé de le retrouver vivant.
— On doit retourner à Poudlard, te soigner.

Ginger regarda derrière lui, en direction de la clairière, se demandant si sa disparition avait été remarquée. Mais Drago grogna aussitôt, marmonnant.
— Oh non ! Tu ne vas pas y retourner. Pas dans cet état. Pas tout seul.

Trop fatigué pour se débattre, le chat se laissa aller contre le torse de Drago. Ce dernier, baguette serrée dans la main, l'autre bras maintenant Ginger fermement contre sa poitrine, se dirigea vers le château.

Ginger s'agita vaguement en voyant les batailles en cours, brûlant d'en découdre, mais Drago grogna.
— Reste tranquille ou tu vas voir que moi aussi je maîtrise le Stupefix. Foutu chat stupide !

Le chat feula légèrement, plus pour protester que par véritable colère, mais resta immobile, se laissant aller contre Drago, trop épuisé pour bouger. Il lui faisait confiance après tout.

Lorsqu'il sortit de l'abri des premiers arbres de la forêt interdite, Hermione, Ron et Blaise s'approchèrent immédiatement pour assurer ses arrières, et Drago leur adressa un sourire crispé, inquiet malgré lui.
Blaise gloussa et désigna Ginger, à l'attention des deux Gryffondor.
— C'est Harry.

Blotti contre Drago, Ginger se laissa porter, même s'il brûlait de se jeter au milieu de la mêlée pour se battre. Il regardait ses amis ouvrir un passage, pleins d'une détermination sans failles. Épuisé, il ronronnait doucement, sans se rendre compte que sa magie se mêlait à celle de Drago et que les sorts du Serpentard étaient plus puissants.

Ils arrivèrent enfin tous les cinq dans le hall du château, épuisés mais indemnes. Ils furent rapidement rejoints par Neville, Luna et Ginny.

Drago caressait Ginger, comme pour le garder pour lui, mais Harry reprit forme humaine, dans les bras du Serpentard, se laissant aller contre lui en totale confiance.
Le Gryffondor resta un bref instant la tête nichée dans le cou de Drago, avec l'envie de se laisser aller et de fermer les yeux, puis il soupira doucement et s'écarta à regret de sa chaleur.

Il nota les yeux de ses amis fixés sur lui, interrogatifs, et il soupira, s'écartant à contrecœur de Drago. Il tituba, mais le bras du blond s'enroula autour de sa taille pour le stabiliser et il lui offrit un sourire de gratitude.
— J'ai... fait face à Voldemort. Il n'est plus qu'un moldu à l'heure actuelle, il n'a plus aucune magie.

Il y eut des halètements surpris et Drago sourit, pas vraiment étonné. Il avait hâte d'avoir les détails, mais il questionnerait le jeune homme lorsqu'ils seraient seuls.
Hermione secoua la tête, l'air effaré.
— Moldu ? Mais... Comment ? C'est impossible !

Harry eut un rictus moqueur, et haussa les épaules.
— En détruisant ses horcruxes, tous ses horcruxes, sa magie a été... aspirée.

Ron gloussa, les yeux brillants.
— Bien joué, mon pote !

Neville hésita, regardant le petit groupe, un peu perdu.
— Et maintenant ? On fait quoi ?

Rogue arriva derrière eux, baguette en main. Il avait une estafilade sur la joue, mais semblait indemne.
— Maintenant, vous allez à l'infirmerie vous faire soigner. Visiblement, monsieur Potter n'est pas en état de continuer.
Harry fronça les sourcils, prêt à protester. Le maître des potions le fusilla du regard et poursuivit, implacable.
— Les Aurors sont arrivés et sont tout à fait compétents pour faire face à une horde de Mangemorts privés de leur maître. Ce n'est qu'une question de minutes avant que la situation ne soit maîtrisée alors, allez à l'abri.

Hermione eut l'air soulagée et hocha la tête. Neville jeta un bref coup d'œil en direction des grandes portes du château, mais se haussa les épaules, montrant qu'il était lui aussi épuisé. Harry soupira, mais ne put que suivre Drago qui l'entraînait déjà.

Rogue les rappela avec un demi-sourire.
— Au fait monsieur Potter ? Bien joué.
Harry lui offrit un large sourire heureux, et hocha la tête. Il regarda son professeur s'éloigner et quitter le château sans la moindre hésitation, probablement pour aller se battre, et il espéra qu'il s'en sortirait. Il l'avait tant détesté d'avoir tué Dumbledore, jusqu'à se rendre compte qu'il avait été de leur côté tout ce temps. Il avait hâte que tout soit terminé pour avoir une longue conversation avec lui...

Drago marmonna et le tira à lui, l'aidant à avancer en direction de l'infirmerie. Harry se laissa faire, couvant son sorcier d'un regard tendre. S'il n'était pas aussi épuisé, il se serait transformé en Ginger pour se laisser porter, et pour profiter de son contact.

À peine les portes de l'infirmerie franchie, Madame Pomfresh se précipita sur eux, en marmonnant furieuse. Elle ne digérait visiblement pas le fait que des enfants soient obligés de faire face à des Mangemorts. Elle les expédia les uns après les autres dans des lits. Cependant, Harry refusa de se séparer de Drago et se coucha contre lui, avec un regard empli de défi.

L'infirmière pinça les lèvres, mécontente, mais roula des yeux et haussa les épaules, commençant à les soigner. Il n'y avait pas de blessures graves, juste quelques égratignures, mais elle était chargée de prendre soin des enfants et c'était ce qu'elle faisait.

Elle remit à Harry une fiole bleue, et le fixa, sévère.
— Potion de sommeil sans rêves. Vous êtes épuisé, jeune homme, donc repos forcé.

Le brun fit la moue, prêt à s'opposer à l'infirmière, mais une main pâle saisit la fiole et Drago approuva.
— Il va la prendre, madame.
L'infirmière plissa les yeux pour les observer tous les deux, avant de sourire légèrement et de hocher la tête.
— Bien. Si vous avez besoin de la même chose, monsieur Malefoy, n'hésitez pas. Ce n'est pas aussi nécessaire que pour monsieur Potter, mais vous avez grand besoin de repos aussi.

Harry sentit Drago hocher la tête. Il but docilement la fiole et juste avant de plonger dans le sommeil, il se transforma en Ginger. Le chat se tortilla pour se coller contre son sorcier, plongeant sa truffe dans le cou de Drago et commença à ronronner d'aise en se laissant aller au sommeil.

Drago sourit, caressant la fourrure de l'animal, ignorant leurs camarades qui les observaient, et se laissa aller lui aussi. Il se savait en sécurité, personne au monde n'oserait tenir tête à madame Pomfresh et venir les déranger...