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Le chat Potter — Ginger corrigea mentalement Drago — miaula, comme pour confirmer les paroles. Malgré lui, le blond gloussa, oubliant soudain ce qui se passait à l'extérieur de sa chambre. Puis, avec un léger ronronnement, Ginger se dégagea des bras de Drago pour aller explorer la chambre lentement, curieux.

Le blond l'observa avec un sourire amusé, ni vraiment surpris de sa réaction ni offusqué de sa curiosité. L'animal roux reniflait chaque coin, et s'immobilisait parfois pour observer autour de lui. Il se glissa maladroitement sous son armoire, se tortillant pour entrer, puis ressortit, couvert de poussière.

Il éternua en émergeant de sous le meuble avant de sauter souplement sur son bureau, et s'installa sur les parchemins, pour faire un brin de toilette.


Drago se leva tranquillement pour s'éloigner de la porte, sous le regard curieux du chat. Avec un soupir, il se laissa tomber sur son lit, sans quitter des yeux le félin qui continuait d'explorer sa chambre après son semblant de toilette. Il secoua la tête, amusé du sans-gêne de Potter : ce dernier n'avait aucun complexe à tout détailler tranquillement, sous ses yeux.
Visiblement satisfait de son exploration, le chat se ramassa sur lui-même en frétillant du derrière et bondit sur le lit, souplement, sans la moindre peur. Il se laissa ensuite tomber mollement à côté de Drago, faisant rire l'adolescent face à ce geste tellement... potterien. Dénué de toute grâce, mais avec une confiance qui frisait l'inconscience.

Au son du rire du blond, le chat leva la tête vers lui, apparemment fasciné. Il laissa échapper un miaulement, avant de se rouler sur le lit en ronronnant.


Le calme semblait revenu pour de bon dans le manoir et Drago s'autorisa à se détendre légèrement, tendant le bras pour câliner Ginger, enfouissant les doigts dans le pelage épais, et il sourit en entendant le ronronnement bruyant du chat.

Drago se raidit brusquement quand la porte s'ouvrit avec douceur, mais il s'obligea à se détendre immédiatement et à ne rien laisser paraître de son trouble en se souvenant que Potter n'était plus dans son lit sous forme humaine, que c'était Ginger le chat qui était avec lui. Que personne ne pourrait jamais deviner qui il était en réalité.


Sa mère entra doucement, avec un léger sourire hésitant. Le jeune homme la dévisagea avec attention. Elle était toujours aussi belle... Il avait toujours trouvé sa mère magnifique, d'une beauté un peu irréelle. Une beauté froide, toujours parfaite, toujours apprêtée. Cependant, il nota quelques rides apparues sur son visage, au coin de ses yeux, un pli amer au coin de la bouche. Quelques marques d'inquiétude peut-être.
Ses yeux étaient ternis par la peur, et elle semblait nerveuse, elle toujours si maîtresse d'elle-même. Sans compter son sourire crispé, presque une grimace.
— Drago ? Tout va bien ?


Malgré lui, il se ferma aussitôt. Il adorait sa mère, plus que tout. Il l'avait toujours admiré, tout comme son père. C'était ses parents après tout, et ils étaient si... nobles, si sûrs d'eux-mêmes et paraissaient si puissants qu'ils étaient ses modèles.

Mais il n'arrivait pas à pardonner à sa mère de l'avoir laissé prendre la marque pour sauver son père. Au fil des nuits d'insomnie qui avaient rythmé le temps depuis qu'il avait été marqué, il avait largement eu le temps de se dire qu'elle aurait dû le protéger.
Il hocha sèchement la tête, sans dire un mot, crispant ses doigts sur les poils soyeux de Ginger, pressé de se retrouver de nouveau seul avec son chat.

Cependant, elle entra et referma la porte derrière elle, avant de s'adosser à la porte, évitant le regard de son fils. Drago se tendit soudain alors qu'elle regardait le chat affalé sur son lit, un sourcil levé en signe de surprise. Bien évidemment, Ginger n'avait pas bougé, remuant juste un peu plus nerveusement la queue, sa tête calée contre la cuisse du jeune homme comme pour y puiser du réconfort.

Mal à l'aise, Drago grogna, se montrant plus brusque envers sa mère qu'il ne l'avait jamais été.
— Mère ? Tu veux quelque chose ?

Elle fronça le nez, mécontente, mais ne fit pas la moindre remarque. Elle venait rarement le voir directement, après tout, attendant généralement les repas pour lui parler. Ses yeux clairs firent le tour de la chambre de son fils et son regard revint se poser sur le chat près de son fils. Elle soupira, et désigna l'animal du menton.
— À qui est cet animal ?


Drago grogna, pris d'un instinct de protection surprenant compte tenu de l'identité de l'animal en question. Resserrant sa prise sur Ginger, il répondit sèchement, d'un ton qui n'admettait aucune autre question.

— C'est mon familier.


Narcissa fronça légèrement les sourcils et pinça les lèvres, retenant une réprimande sur le ton employé. Finalement, elle soupira, décidant de passer l'éponge et observa le chat d'un œil critique.
C'était un chat totalement banal, en dehors de sa surprenante couleur, ce orange vibrant qui lui évoquait quelque chose sans qu'elle ne puisse se souvenir quoi exactement. L'animal était ébouriffé, un peu trop maigre, et mal proportionné, bien loin de ce qu'elle aurait souhaité pour son unique enfant.

Elle émit un léger soupir, consciente que Lucius serait mécontent et exigerait que Drago choisisse un chat racé, quelque chose de bien plus distingué que l'animal qui se roulait comme un bienheureux sur le couvre-lit. Cependant, elle décida de ne pas couvrir son fils de reproches, surtout après les évènements récents. Il serait temps de lui rappeler son rang lorsque les choses se seraient un peu apaisées. Lorsque leur manoir familial ne serait plus un repère de Mangemort.

Elle ne put s'empêcher de grimacer et fut surprise de voir une lueur de colère dans les yeux de Drago. Il se redressa à demi, écartant le chat dans son mouvement brusque pour siffler, catégorique.
— Il est à moi !

En prononçant ces mots, Drago tendit la main, et Potter - Ginger plutôt — vint s'y frotter, en ronronnant bruyamment, comme pour confirmer son appartenance. Il caressa la fourrure douce, l'ébouriffant davantage, ne pouvant retenir un sourire satisfait en voyant le chat se rouler devant lui, appréciant le moment autant que lui. Il pouvait presque sentir leur magie entrer en résonance, les lier encore plus qu'ils ne l'étaient déjà. C'était grisant et surprenant, mais pour l'instant, il retenait juste la satisfaction de prouver à sa mère qu'elle ne pourrait pas les séparer.

Sa mère acquiesça distraitement, écartant le sujet d'un geste vague et lorsqu'elle reprit la parole, il sursauta presque.
— Eh bien, évite de le laisser sortir de ta chambre et vagabonder dans le manoir. Ta tante est... enfin. Mieux vaut qu'il reste loin d'elle.

GingerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant