Ginger

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Alors que le stupefix de son parrain le touchait dans le dos, Drago se maudit de lui avoir fait confiance. Bien évidemment que Rogue allait le tenir écarté du danger, après le Serment inviolable conclu avec sa mère ! S'il s'était méfié au moins...

Harry, cet idiot qui ne perdait rien pour attendre, pleurait en le fixant, et le déposa avec douceur au sol, visiblement déchiré à l'idée de le laisser, mais déterminé à agir. Il aurait aimé pouvoir lui hurler dessus, pouvoir le retenir, et il se jura que si Harry devait mourir, alors il commettrait son second meurtre. Il tuerait Rogue, de sang-froid, pour l'avoir empêché de protéger Harry.

Lorsque le Gryffondor eut disparu du bureau, Rogue prit la parole.
— Je sais que tu dois être furieux, Drago. Mais tu ne peux pas t'en mêler. Je suis tellement désolé...

À nouveau, un terrible pressentiment lui noua les entrailles et il eut soudain l'image de Ginger en tête. Il était pratiquement sûr que l'idiot aux yeux verts avait pris sa forme animagus pour se faufiler en plein cœur du danger. Il ne savait pas d'où lui venait cette certitude, bien que la voix de Blaise répétait « Il est ton familier » dans son esprit. Cependant, il était très doué pour ignorer ce qui le dérangeait.

Rogue reprit la parole, un peu hésitant, comme s'il avait besoin de se justifier.
— Drago... Potter doit mourir. Il... Il est un horcruxe. Il possède en lui un fragment de l'âme du Seigneur des Ténèbres. S'il reste en vie, il ne pourra pas être tué.

Les pièces du puzzle s'assemblèrent soudain dans l'esprit de Drago. Il comprit soudain la mystérieuse mission de Potter. Ses recherches incessantes dans la bibliothèque. Sa désinvolture face à sa blessure de Magie Noire qui aurait pu le tuer. Sa certitude qu'il allait mourir durant l'affrontement.

La colère enfla en lui, alors qu'il prenait conscience que Harry avait été conditionné pour se sacrifier et que personne n'avait jamais trouvé anormal qu'un enfant soit obligé de prendre en charge la survie du monde magique.
Sa magie se déchaîna en lui, alors qu'il songeait aux moments qu'il avait passés avec Ginger, à son plaisir lorsqu'il passait sa main dans sa fourrure.

Quelque chose explosa en lui, et une vague de magie se répandit, levant le sort de stupefix qui le maintenait immobile. Rogue fut projeté en arrière et le regardait, les yeux exorbités, et Drago lui montra les dents furieux, avant de siffler.
— Ne t'avise plus de me jeter un sort dans le dos !

Inconscient de la puissance qu'il dégageait, Drago partit à toute vitesse dans les couloirs de l'école à la recherche de son agaçant félin. Ginger était à lui, après tout, et Blaise pouvait bien ricaner, il s'en moquait.
Il y eut une brusque vague de magie qui déferla sur l'école, le faisait hoqueter, et il accéléra, soudain paniqué. Harry avait fait quelque chose, il en était certain. Harry avait encore inventé une idiotie visant à se mettre en danger, et il devait le rejoindre.

Une main agrippa son bras et il faillit lancer un sort. Mais la voix de Granger lui permit de retrouver ses esprits à temps.
— Malefoy ? Où est Harry ?
Blaise le fixait, près des deux Gryffondor. Les trois adolescents semblaient n'avoir que quelques contusions et il cligna un instant des yeux avant de répondre.
— Rogue m'a stupéfixé pour que cet abruti puisse y aller seul ! Je dois le retrouver maintenant !

Hermione hoqueta, et Blaise lui lança un regard entendu — Drago était prêt à parier toutes ses possessions qu'il avait exposé sa théorie du familier à la miss-je-sais-tout, mais il avait pour l'instant bien plus important à penser. Alors qu'il allait repartir, attiré vers l'extérieur, Blaise le stoppa et lui adressa un bref sourire.
— On va t'ouvrir le passage comme on peut. Fais attention à toi, Drago.

Le jeune homme cligna des yeux et il hocha lentement la tête, regardant son meilleur ami et les deux amis de Harry, se battant ensemble pour eux. Pour lui. Pour Harry. Il raffermit sa prise sur sa baguette et il fixa les deux Gryffondor.
— Je vais le ramener.

*

Le passage en force des quatre adolescents fut remarqué. Leurs camarades et professeurs, menés par un Neville déchaîné, pensant qu'ils avaient une mission donnée par Harry vinrent rapidement leur prêter mainforte, sans poser la moindre question.
Hermione sourit simplement, en envoyant un sort vicieux à Yaxley qui tentait de les arrêter, l'air de dire que c'était ce que Harry pouvait accomplir. La fierté gonfla le cœur de Drago, à l'idée d'avoir dans sa vie un garçon tel que lui.

Une fois à proximité de la forêt interdite, il partit comme une fusée, laissant les autres. Ils se protégeraient mutuellement, mais lui, il avait un chat fugueur à ramener...

*

Lorsque Harry s'effondra dans la forêt, face à Voldemort, il ne s'attendait pas à rouvrir les yeux presque immédiatement.
Et surtout, il ne s'attendait pas à se retrouver dans une version étrange de la chambre de Drago Malefoy.

Il reconnaissait la disposition de la pièce, ainsi que les meubles, mais tout était d'une blancheur aveuglante. Il regarda autour de lui, perplexe jusqu'à se rendre compte qu'il y avait un chat assis sur le lit.

Un chat roux.

Il l'observa avec curiosité, conscient qu'il faisait connaissance avec Ginger, sa propre forme animagus. Il ne se demandait même pas comment c'était possible, après tout... il était un sorcier et il vivait dans le monde magique... Après un certain temps, deux paires d'yeux verts identiques se croisèrent et le chat prit la parole, comme si c'était courant qu'un chat puisse parler.

Bien que certains mots soient mal prononcés, il comprenait parfaitement.
— Harry Potter. Notre sorcier va être furieux...
La culpabilité serra le cœur de Harry, mais il haussa les épaules, sans baisser les yeux.
— L'important c'était de le protéger.

Ginger sembla amusé, et sa queue battit son flanc. Il reprit, doucement.
— Ce que tu as fait était particulièrement dangereux, mais nécessaire. Tu as transformé le mage noir en simple moldu, la destruction de ses horcruxes a aspiré toute magie en dehors de son corps.

Harry eut un rire incrédule, ravi. Sans magie, Voldemort serait bien moins dangereux désormais. Cependant, il se rembrunit.
— Je suis mort ?