Ginger

16-

À la mention de sa tante Bellatrix, Drago se crispa brusquement et le chat feula, son poil se dressant sur son dos encore plus anarchiquement. Le Serpentard agrippa les poils roux, comme pour l'empêcher de faire quelque chose de stupide — se jeter dans le couloir pour aller attaquer Bellatrix — ou au contraire comme pour le rassurer.
Visiblement, la haine du Gryffondor pour la Mangemort la plus cruelle du groupe était suffisante pour lui faire oublier toute prudence... et Drago le comprenait parfaitement.
Narcissa soupira tristement et baissa la tête, en se mordillant la lèvre. Lorsqu'elle reprit la parole, elle s'était reprise et son ton était vide de tout sentiment.
— Je sais que tu ne l'aimes pas. Que tu as peur d'elle. Et je comprends. Mais elle reste ma sœur. Je ne peux pas... L'abandonner elle aussi.

Drago resta silencieux, refusant d'entamer cette conversation, alors que le manoir était envahi de Mangemort et qu'il avait Harry Potter sous forme de chat près de lui.

Il y eut un lourd silence entre eux, et Narcissa hocha la tête une fois de plus, avant de se décider.
— Essaie de rester le plus possible... à l'écart d'accord ? Tant que personne ne te demande... reste loin d'eux. IL est furieux et les... Mangemorts sont sur les dents. Ils cherchent ton camarade qui semble avoir disparu de la surface de la Terre... Ce n'est pas le moment de... d'être sur son chemin.

Drago cligna des yeux, comprenant aussitôt de quel camarade elle parlait, puis il attira Ginger à lui et le serra contre lui, un peu trop fort, mais le chat se laissa faire sans avoir apparemment l'envie de se dégager. Narcissa eut de nouveau un sourire triste en notant sa réaction et s'apprêta à quitter la chambre.

Elle se retourna juste avant de sortir, fixant un long moment son fils, jusqu'à ce qu'il se tortille, mal à l'aise. Elle lui offrit un sourire tendre, un de ses sourires qui étaient fréquents quand il était petit, mais qui étaient devenus bien plus rares alors qu'il grandissait.
— Je vais dire aux elfes de t'apporter à manger ici. Pour toi et ton animal. Tu y seras plus en sécurité... je n'aime pas te savoir auprès de ces... brutes.

Drago dût se mordre la langue pour réprimer une remarque acide au sujet de la personne qui l'avait jeté au milieu de ces brutes justement, mais il soupira et resta silencieux, tête baissée, agrippé au chat comme si sa vie en dépendait. Il ne bougea pas, attendant juste que la porte s'ouvre et se referme avant de relâcher son souffle.
Il se frotta le visage d'un geste brusque alors que ses yeux le brûlaient de larmes amères. Puis, il se força à lâcher Ginger, et il croisa les yeux trop humains du chat.

Amer, il laissa échapper un ricanement triste.
— Et voilà. Tu connais mon grand secret, n'est-ce pas Po... Ginger ? Je suis marqué, mais je ne le voulais pas. J'ai dû le faire pour... sortir mon père d'Azkaban. C'est ce que ma mère avait négocié... Elle... Elle me dit de rester à l'écart, mais c'est elle qui m'a livré à eux. Et maintenant... je suis piégé. Je n'ai plus le choix. Je...

Le chat se précipita et frotta contre lui presque frénétiquement, ronronnant de toutes ses forces, et l'air absent, Drago passa la main dans les poils épais. Il grimaça en sentant les marques boursouflées des cicatrices, mais continua à le caresser avec tendresse.

Le jeune homme sembla soudain se rappeler qui était l'animal près de lui, mais il ne put s'écarter. Il eut juste un sourire triste et il murmura.
— Comment peux-tu te montrer aussi affectueux avec moi après tout ce qui s'est passé ? Je me sens stupide d'avoir naïvement cru en chaque parole de mon père, alors même que je savais qu'il avait échappé de peu à Azkaban... Je veux dire, je suis un Serpentard, j'aurais dû au minimum me renseigner un peu mieux. Mais j'ai juste bêtement suivi ce qu'on me disait, et... j'étais tellement... tellement stupide.

Ginger grimpa sur les genoux de Drago et se dressa sur ses pattes arrière pour poser ses pattes avant sur ses épaules. Il frotta sa tête contre la joue du Serpentard, lui tirant un sourire, puis un bref rire.

L'arrivée d'un elfe avec assez de nourriture pour une petite armée stoppa les confidences du blond, et les facéties du chat. Les deux adolescents — l'un humain, l'autre félin — échangèrent un regard gourmand et se jetèrent sur la nourriture avidement. Drago veillait à couper la nourriture pour le chat, et lui versait parfois un peu de lait pour qu'il se désaltère.
Ginger s'interrompait parfois pour observer le Serpentard, visiblement satisfait de la situation et de la trêve qu'ils avaient automatiquement adoptée.

Repus, l'humain et le félin se laissèrent en arrière aller sur le lit, collé l'un à l'autre, somnolant légèrement.

Avec un grognement, Drago se redressa pour se déshabiller et enfiler un pantalon de pyjama. Il était encore tôt, habituellement, il ne se couchait pas juste après le dîner. Mais il devait avouer que les émotions fortes qu'il avait vécues durant la journée l'avaient épuisé, sans compter l'inquiétude d'avoir Potter à ses côtés, et de ne pas avoir pu l'éloigner de celui qui voulait le tuer.

Il bâilla largement et se glissa sous les couvertures, bousculant légèrement Ginger pour s'installer, avant de le ramener près de lui sans lui laisser le choix. Il songea à prendre un livre, mais il était bien trop fatigué pour se concentrer, aussi il glissa sa baguette sous son oreiller et se laissa aller, yeux fermés. Il sentit le chat s'approcher et se coller de tout son long contre lui, avant d'enfouir sa tête dans son cou, ronronnant légèrement.
Si Drago sursauta au premier abord à la sensation de la truffe froide contre sa peau brûlante, il s'y habitua rapidement et s'endormit, le chat dans les bras.

Malgré le danger omniprésent, bien qu'ils soient entourés de Mangemort et que Voldemort en personne vint rendre une visite à ses fidèles tard dans la soirée, les deux garçons eurent une nuit paisible sans le moindre cauchemar.

Et lorsqu'ils s'éveillèrent, ils restèrent un long moment l'un contre l'autre, les doigts de l'adolescent grattouillant sans complexes la fourrure douce. Ils avaient l'impression d'être parfaitement reposés, et Drago laissa échapper un soupir satisfait.