Chapitre 26

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Si la désertion de Drago Malefoy eut des conséquences, rien ne filtra en dehors du Manoir Malefoy ou du cercle le plus restreint des Mangemorts. Drago s'était presque attendu à être affiché comme ennemi public aux côtés de son ancien rival, mais de ce qu'ils pouvaient en voir depuis leur retraite, rien ne laissait supposer que sa disparition ait été réellement remarquée.

Square Grimmaud, la vie se déroulait tranquillement. Les premiers jours, les trois adolescents avaient évolué prudemment, s'observant et s'évitant, ne sachant pas comment se comporter les uns avec les autres au quotidien.
Harry, pour sa part, semblait décidé à laisser venir à lui les Serpentard. Il leur avait clairement dit qu'il leur faisait confiance, mais il ne voulait pas les forcer au risque de les rendre mal à l'aise. Aussi, il passait des heures dans la Bibliothèque du Square, à lire et à apprendre. Il se préparait à l'affrontement inévitable, rongeant son frein.

Il avait repris contact avec Hermione et Ron, soulagé de les savoir vivants et en bonne santé. Cependant, il leur avait conseillé de rester au Terrier, en sécurité, pour éviter d'attirer l'attention sur square Grimmaud.
Ron avait semblé horrifié de le savoir enfermé avec deux Serpentard, mais Hermione lui avait mis une claque derrière la tête en lui rappelant que c'était grâce à ces Serpentard justement que leur ami était libre et surtout vivant...


Ce n'était pas une surprise pour Harry que Blaise soit le premier à se sentir à l'aise, puisqu'après tout, ils avaient posé les bases d'une timide amitié dès qu'il avait repris forme humaine, après l'expérience Ginger.
Lorsqu'ils riaient ou chahutaient ensemble, Harry pouvait presque sentir le regard de Drago sur eux, visiblement agacé, mais se retenant de ne pas intervenir.

Alors que Harry attendait le moment propice pour agir, leur retraite square Grimmaud devenait une bulle hors du temps, où ils oubliaient la guerre et ses conséquences. Seuls les appels par cheminette réguliers de Ron et Hermione leur permettaient d'avoir des nouvelles et leur rappelaient qu'ils bénéficiaient d'un sursis, et que ce dernier serait de courte durée.
En attendant, ils grappillaient le moindre instant de bonheur et de joie...

Lorsque Blaise entama la conversation avec Harry, ils étaient seuls. Drago dormait encore et le métis avait affiché un rictus satisfait en s'installant face au brun.
Ce dernier avait soupiré, conscient qu'il n'allait pas aimer la teneur de leur échange.

Pour un Serpentard, Blaise s'était montré étonnement abrupt.
— Tu vas faire quoi de ton lien avec Drago ?
Harry avait froncé les sourcils, pris au dépourvu.
— Mon... lien ? Tu veux dire parce qu'il m'a sauvé la vie ?

Blaise ricana, moqueur.
— Non. Je parle du fait que tu es très certainement son familier sous ta forme animagus...

Harry cligna des yeux, avant de grogner, agacé.
— Je ne dépends pas de ce foutu aristo OK ? Je l'apprécie peut-être, mais je ne ressens pas le besoin de me rouler à ses pieds.
Le métis éclata de rire, et secoua la tête.
— L'image est... sans prix. Harry... oublie tes... préjugés. Un familier ne dépend pas de son sorcier. Il est totalement libre. C'est un lien d'égal à égal, même si certains sorciers voudraient faire croire l'inverse.

Il y eut un long silence puis Harry pinça les lèvres.
— Peu importe ! Je... Je suis humain, pas une créature magique. Et je n'ai pas choisi...
Cependant, Harry s'interrompit, sourcils froncés, alors qu'un souvenir du passé venait de lui revenir en mémoire. C'était loin, avant son entrée à Poudlard. Le jour où il avait découvert le chemin de Traverse, quand il avait été chez madame Guipure pour ses uniformes. Il se souvint de la rencontre avec Drago Malefoy, comme il avait été fasciné par le jeune garçon. Il l'avait trouvé prétentieux, mais... un bref instant il avait espéré en faire un ami.

Blaise ne prêta pas attention à son silence soudain, ou il fit semblant de ne pas le remarquer. Il haussa juste les épaules.
— Et bien ta forme animagus est le familier de Drago.
— Mais je ne suis même pas animagus ! C'était juste cette potion ! Bon sang, c'est peut-être juste un effet secondaire ?


Le Serpentard ricana, soudain moqueur.
— Où est passé le légendaire courage des Gryffondor ? J'imaginais que tu serais ravi d'avoir un tel lien, ce qui t'assure de ne jamais être seul.
— Il me déteste...

Cette fois, Blaise resta silencieux un long moment, dévisageant Harry avec attention. Finalement, il soupira.
— Tu es réellement aveugle à ce qui t'entoure. Je pensais que... c'était volontaire quand tu ne semblais pas voir la drague terriblement lourde de la sœur de ton pote, mais en fait... Bon sang Harry ! Drago est fou de jalousie de te voir discuter avec moi. Il a juste peur d'être rejeté ! Il a risqué sa vie pour toi, il a tourné le dos à ses parents et mis toute sa famille en péril pour toi... Tu veux quoi de plus exactement ?


L'air abasourdi de Harry sembla convenir à Blaise puisqu'il se leva, et posa une main sur l'épaule de son nouvel ami.
— Je te laisse y réfléchir...

Venant d'un Gryffondor, Blaise n'aurait pas été étonné si Harry s'était précipité sur Drago pour lui parler, ou lui assurer son amitié. Quelque chose de grandiloquent, voire spectaculaire.
Cependant, le brun resta silencieux et songeur, observant ouvertement Drago. Et le métis commençait à penser que le jeune homme n'était pas si Gryffondor que ça et qu'il avait de sérieuses tendances Serpentard.


Puisque Harry s'isolait et semblait se refermer sur lui-même, Drago se jeta presque sur Blaise pour l'interroger, ses yeux gris brillant de fureur.
— Qu'est-ce que tu as fait ?

Bien que comprenant immédiatement la question, Blaise joua les idiots et haussa les sourcils.
— Drago ? De quoi tu parles ?
En temps normal, ça aurait pu marcher. Mais c'était Harry Potter le sujet, et Drago avait toujours été très chatouilleux à ce sujet. Aussi le blondinet grogna presque.
— Potter. Tu lui as fait quoi pour qu'il soit dans cet état ?

Blaise ricana, amusé.
— Tu te soucies de lui ?

Drago rougit et le bouscula pour cacher son malaise.
— On dépend de lui abruti. Il serait en droit de nous jeter hors de chez lui...
Blaise éclata de rire et se pencha vers son ami.
— Il ne ferait jamais ça et tu le sais parfaitement. Ensuite, si tu veux savoir quel est le problème, va le lui demander directement !

GingerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant