Ginger

13-

Le brun acquiesça lentement avant de pencher la tête sur le côté, perplexe, comme s'il prenait soudain conscience d'un détail.
— Forme animagus potentielle ? Comment ça, « potentielle » ?

Drago ricana, légèrement moqueur, mais loin de son ancienne animosité et il expliqua ses mots de bonne grâce.
— Et bien... il faut une certaine puissance pour devenir animagus. Ainsi que beaucoup de travail et de méditation. N'importe qui ne peut pas se transformer comme ça, sans travail. Cependant... tout sorcier a... et bien un animal qui lui correspond. La potion permet de prendre la forme animale de son animagus.

Potter hocha lentement la tête, les yeux brillants, visiblement intéressé.
— Donc, il n'y a pas besoin d'apprendre à devenir animagus pour... avoir un animal qui nous correspond ? Et cette potion permet de savoir ce que c'est ?
— C'est exact. Cette potion est parfois utilisée par certains qui veulent griller les étapes et qui veulent savoir en quoi ils peuvent se métamorphoser. Ils pensent souvent à tort que c'est plus facile de réussir à se transformer lorsqu'on sait ce qu'on va devenir. Comme si visualiser le résultat simplifiait les choses.
— Et ce n'est pas plus simple de connaître le résultat ?
Ce fut Blaise qui répondit, avec un rictus moqueur.
— En fait, ça ne change rien. Si c'était aussi simple, il suffirait de penser à n'importe quel animal pour prendre sa forme, comme pourrait le faire un métamorphomage. Un animagus... c'est différent, c'est lié à la magie du sorcier, et tu ne peux pas changer de forme. Si tu es une souris, tu ne pourras jamais devenir... un éléphant par exemple. Ton animagus est une partie de toi, c'est pourquoi le Ministère impose de le déclarer.

Drago compléta la réponse de son ami avec un haussement d'épaules.
— De ce que j'ai lu, la forme animale a un lien avec le caractère de la personne. Quelqu'un de curieux aura plus de chances de prendre la forme d'un chat par exemple. Et...
Harry l'interrompit, songeur et nostalgique.
— Et quelqu'un de joueur et affectueux pourra devenir un chien.

Les deux Serpentard hochèrent la tête dans un bel ensemble, mais ne posèrent pas la moindre question en voyant Harry soudain perdu dans ses pensées, visiblement attristé par un souvenir.

Après un moment de silence, Drago reprit, doucement, attirant l'attention du Gryffondor.
— Cette potion est plus... gadget qu'autre chose et peu de personnes la connaissent, surtout vu sa complexité. Sans un maître des potions sous la main, il est difficile de l'obtenir. Heureusement dans notre cas, elle va nous servir à te sortir d'ici sans trop nous faire remarquer...

Harry hocha la tête de nouveau, pensivement. Soudain, il fronça les sourcils comme s'il pensait à un détail.
— D'accord. Et ensuite ? Comment on redevient humain ?

Drago eut un rire amusé, pas vraiment surpris de la question soudaine. Ni du temps qu'il avait fallu au brun pour penser à sa sécurité...
— Ça dure vingt-quatre heures environ. Et ensuite, tu reprends ta forme humaine.
— OK.
Sans plus de cérémonie, le jeune homme tendit la main, prêt à prendre la potion.

En voyant la main tendue du Gryffondor, Blaise hoqueta, stupéfait, yeux écarquillés. Drago n'avait pas l'air surpris de la réaction du brun, et le métis secoua la tête, effaré, son regard passant de l'un à l'autre.
— Attends, tu ne poses pas plus de questions ? Tu n'as pas peur que ce soit un piège ?
Harry haussa les épaules, totalement détendu, avec un petit sourire en coin.
— Malefoy aurait eu le temps de me livrer aux Mangemorts ou de me faire avaler ce truc pendant que j'étais inconscient si c'était un piège. Donc... et bien je suppose que je lui fais confiance pour ça aussi.
— Mais...

Drago le coupa, un peu sèchement.
— C'était ton idée, Blaise. Qu'est-ce qui te pose problème exactement ?
Plutôt que d'argumenter avec deux têtes de mules visiblement décidées, Blaise grogna vaguement, et haussa les épaules. Cependant, il ne pouvait s'empêcher de penser que le Gryffondor était bien trop confiant, et qu'il devrait vraiment apprendre à être plus méfiant surtout en considérant que l'avenir du monde magique reposait sur ses frêles épaules.

Le mercure rencontra l'émeraude, et ils s'accrochèrent, un long moment. Il n'y avait plus d'animosité entre eux, pas après ce que Drago avait fait, pas après que Harry ait assuré sa confiance. Puis il y eut un sourire échangé, plein de promesses pour une relation future apaisée, différente de ce qu'ils avaient connu jusqu'à présent.
Harry leva la fiole, mimant de porter un toast, et avala son contenu avec une grimace exagérée, faisant sourire les deux Serpentard.

Pendant de longues secondes, rien ne se passa.
Harry les regardait, l'air légèrement inquiet. Puis d'un coup, il sentit des picotements parcourir son corps, et il commença à rétrécir. Drago laissa échapper un glapissement inquiet.

Cependant, il n'eut pas le temps de dire le moindre mot qu'il se retrouvait face à la forme animagus de Harry Potter.

Le premier choc passé, Drago éclata de rire, suivi de Blaise.
Comme ils l'avaient supposé, il était un chat. Un chat — plus tout à fait un chaton, mais visiblement pas encore à sa taille adulte compte tenu de son aspect pataud — aux poils longs et ébouriffés et aux yeux verts incroyables. Les mêmes yeux que sa forme humaine, devenus félins avec sa pupille verticale.

Ce qui avait définitivement amusé Drago était la couleur de son pelage. Il se doutait que le jeune homme le surprendrait, et c'était réussi... Potter n'était pas un chat noir, loin de là. Visiblement, il ressemblait plus à sa mère qu'il ne l'imaginait puisqu'il était un chat entièrement roux. D'un roux ardent, presque orange.

Sans pouvoir s'en empêcher, oubliant leurs querelles passées, Drago attira le chat près de lui pour le caresser avec un large sourire.
— Oh bon sang, tu es si adorable que j'ai envie de te garder comme ça près de moi, Potter ! Enfin... Ginger plutôt, vu ta couleur.

Blaise gloussa en voyant Drago câliner le chat, qui ronronnait comme un bienheureux et ne faisait pas mine de s'échapper. Visiblement, ces deux-là étaient enfin prêts à voir au-delà de la rivalité stupide qui les opposait et le métis pensa que le futur s'annonçait particulièrement intéressant.