Chapitre 6

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En montant dans le Poudlard Express, Drago rejoignit son groupe d'amis en silence. Il aurait pu se pavaner avec la marque sur son bras, mais il en avait honte. Terriblement honte.
Alors, tête baissée, il se faufila et se laissa tomber sur la banquette usée du train contre Blaise.

Pansy lui lança un regard empli de tristesse et de pitié, mais elle ne fit pas le moindre commentaire. Théo le salua sans même lever le nez de son livre.
Décidant qu'il pouvait relâcher la pression, Drago souffla et se passa les mains sur le visage. Blaise lui pressa l'épaule en signe de soutien et murmura.
— C'est terrible à ce point ?

Le blond resta silencieux un long moment avant de hocher la tête doucement. Il n'y avait pas besoin d'en dire plus, ils avaient tous compris que le monde magique était en train de basculer, et qu'ils s'engageaient vers un avenir sombre — même s'ils appartenaient au camp des vainqueurs.


Le Poudlard Express démarra lentement, mais cette année, l'ambiance était pesante dans le train. Il n'y avait ni cris ni rires. Tout le monde parlait à voix basse, par petits groupes. Même Ombrage et ses retenues et décrets n'avaient pas réussi à faire régner une telle terreur sur les élèves...

Ils devaient être à mi-chemin quand le train s'arrêta soudain, dans un hurlement de métal frottant le métal. Distraitement, Drago songea qu'il s'agissait des freins d'urgence, et il se souvint de l'incident avec les Détraqueurs.
Automatiquement, il associa l'idée à Potter et il espéra que le Gryffondor n'était pas idiot au point d'être parmi eux. Exposé.


Un groupe d'hommes aux visages patibulaires entra, mené par Greyback en personne. Drago frissonna et se recroquevilla, essayant de se faire aussi discret que possible. Il murmura à l'attention de ses amis.
— Des rafleurs. Ne vous faites pas remarquer, ils embarquent n'importe qui, du moment qu'ils estiment pouvoir en retirer quelque chose...

Avec une sorte de fascination horrifiée, Drago vit Longdubas — Longdubas, l'élève pataud et maladroit, peureux, traité de cracmol par sa propre famille, le Gryffondor tremblant — se lever d'un air décidé pour faire face aux nouveaux arrivants. Avec un rictus moqueur, le jeune homme — qui semblait soudain avoir grandi et irradier de puissance — les apostropha, sans la moindre peur dans la voix.
— Vous pouvez fouiller le train... Il n'est pas ici.

Il n'y avait pas besoin de demander de qui ils parlaient. Potter n'était pas avec eux... Et ne serait pas arrêté.

Les Serpentard échangèrent des coups d'œil soulagés, et Drago eut le temps de voir une lueur d'admiration dans les yeux de Pansy, alors qu'elle observait Longdubas d'un air songeur.


Théo leva le nez de son livre et secoua la tête.
— Quoi qu'on dise de Potter, il n'est pas totalement idiot. Ces abrutis auraient dû se douter qu'il n'allait pas revenir à Poudlard maintenant qu'il n'y a plus aucune protection pour lui.

Blaise hocha la tête, partageant l'avis de Théo, mais Pansy renifla.
— Il n'a pas de diplôme, pas d'endroit où aller, il n'est même pas majeur ! Tu veux qu'il aille où ?

Drago murmura, en secouant la tête.
— Si j'étais lui, je serais parti le plus loin possible de ce merdier. J'aurais pris l'argent de mes parents et je serais parti à l'autre bout du monde, au soleil si possible.

Pansy ricana, moqueuse.
— Chéri, tu brûles au soleil. Ton teint n'aimerait pas une telle décision, crois-moi.
Presque malgré lui, Drago sourit et lui tira la langue.

La vie continuait.


*


Le second transplanage les fit atterrir en pleine forêt. Au regard de ses deux amis, Hermione croisa les bras sur sa poitrine, et prit une posture agressive.
— Quoi ?

Ron fronça le nez, visiblement hésitant, puis se dévoua pour prendre la parole.
— En forêt ? On est où ?

La jeune fille eut l'air soudain terriblement jeune et vulnérable. Elle hésita puis regarda autour d'elle.
— La forêt de Dean. Je... Mes parents venaient autrefois en vacances ici, pour me faire camper. Ils trouvaient ça amusant... Je n'avais pas d'autre idée, d'endroit désert. Je...

La voyant sur le point de craquer nerveusement, Harry hocha vivement la tête.
— C'est parfait Hermione. Réellement. On va s'installer là pour la nuit, et on verra demain pour le reste. Au moins, personne ne risque de nous surprendre par hasard, non ?

Ron hocha la tête prudemment, et leur jeta un regard en coin.
— Et pour manger ?
Malgré lui, Harry se mit à rire, nerveusement. Quelle que soit la situation, Ron trouvait toujours le moyen de s'inquiéter pour les repas, et c'était un soulagement de se rendre compte qu'il y avait des choses immuables. Hermione leva les yeux au ciel, dramatiquement, mais elle souriait, et s'était soudain détendue.

Faussement sévère, elle tapota du doigt la poitrine de Ron.
— Si tu veux manger, tu vas devoir aller ramasser du bois pour le feu, le temps que je jette des sorts de protection autour de notre campement. Et Harry, tu trouveras dans mon sac la tente sorcière que monsieur Weasley avait utilisée pour la coupe du monde de Quidditch. On y sera à l'aise, je pense. Je te laisse la monter ?

Les deux garçons hochèrent la tête dans un bel ensemble, en échangeant un regard complice. Hermione s'éloigna en marmonnant, sa baguette brandie devant elle.
Ron souffla.
— Cette fille est effrayante.

Alors qu'il avait le bras plongé jusqu'à l'épaule dans le minuscule sac de perles de la jeune fille, tâtonnant pour retrouver une tente sorcière, Harry laissa échapper un ricanement moqueur, notant l'air admiratif que Ron ne pouvait pas dissimuler.
— Mais terriblement efficace.

Ron secoua la tête, observant Hermione protéger le campement avec un sérieux redoutable, puis il se détourna comme à regret pour commencer à rassembler des branches en un tas sur le sol, tournant régulièrement la tête vers leur amie, pensif.

Alors que Harry se débattait pour monter la tente après l'avoir trouvée et extirpée avec difficultés du sac — Arthur Weasley avait semblé faire ça comme si c'était extrêmement simple — il se prit à penser que ses deux amis étaient faits l'un pour l'autre. L'un comme l'autre, ils n'arrivaient plus à masquer leur attirance mutuelle, et le jeune homme eut un instant de jalousie, avant de se reprendre. Ses amis méritaient amplement de trouver l'amour et d'être heureux. Il devrait plutôt se réjouir qu'ils se soient trouvés.
En terminant d'installer la tente, il hocha la tête, décidé. S'ils n'arrivaient pas à s'avouer leurs sentiments, lorsqu'ils ne seraient plus en cavale, il les forcerait à s'avouer ce qu'ils ressentaient pour l'autre. Quitte à les enfermer ensemble.

GingerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant