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Après la petite prestation de Potter, arrivant sous forme animagus, l'air insupportablement fier de lui, suivi de leur baiser, Drago avait refusé de réfléchir à ce qui venait de se passer.
Blaise avait bien essayé de lui tirer les vers du nez, mais il l'avait ignoré, prétextant qu'il n'y avait rien.

En voyant son ami quitter la cuisine, il avait immédiatement deviné où il se rendait : voir Potter pour lui soutirer des informations.

Au début, Drago avait décidé que ça n'avait pas la moindre importance. Quoi que Potter puisse dire, ça n'engageait que lui. Il passait devant la bibliothèque lorsqu'il entendit un éclat de voix de Blaise, qui parlait de « nier l'évidence ». Visiblement, il n'avait pas plus de succès avec Potter qu'il en avait eu avec lui.

Pour être honnête, lorsqu'Harry s'était retrouvé sur ses genoux, Drago avait eu l'impression que c'était sa place. C'était aussi évident que Ginger sur ses genoux, lorsqu'il passait sa main dans le pelage doux.
Il avait eu l'envie stupide de passer la main dans la tignasse rebelle du jeune homme, et il avait tenté d'oublier cette idée stupide.

Puis, Potter avait avoué qu'il était devenu animagus pour lui. Pour attirer son attention.
Cette idée l'avait ravi au plus haut point. Ginger était juste à lui, c'était ce qu'il se répétait, et Blaise pouvait bien imaginer ce qu'il voulait, rien ne lui enlèverait ça.

Ensuite, Potter était sur ses genoux, les joues rouges, et ses foutus yeux vert brillant comme des émeraudes. Il ne bougeait pas, le regardait avec cette expression. Un mélange d'amusement et de gêne, le tout avec une pointe de provocation et il n'avait pas pu résister.
Il avait murmuré quelques mots, « mon idiot de Gryffondor » et Potter avait à peine eu le temps d'esquisser un sourire à sa soudaine possessivité avant que leurs lèvres ne se joignent.


Drago ignorait ce que Potter en avait pensé, mais lui, il avait apprécié l'expérience. Et il était tout disposé à recommencer, si l'occasion se présentait.
Même les commentaires de Blaise n'avaient pas pu altérer sa satisfaction.

Curieux de la conversation en cours, donc, Drago s'était approché et avait entendu l'hésitation dans la voix de Potter. Lorsqu'il avait compris que ce dernier envisageait très sérieusement de faire face au monstre du monde magique, seul, à cause d'une stupide prophétie, il s'était figé et son cœur s'était douloureusement serré.
Imaginer Harry Potter, si lumineux, face au mage noir était une hérésie et Drago en avait envie de vomir. Voldemort était un monstre de folie et de cruauté. S'il avait pris tous ces risques, c'était bien pour éviter justement que ce foutu Gryffondor ne s'en approche.

Alors qu'il écoutait la conversation, le soutien inconditionnel de Blaise lui réchauffa le cœur. Et lorsque Harry avoua qu'il était prêt à se sacrifier pour ses amis, en le citant, une digue céda en lui, l'assaillant d'un torrent de sentiments.
Il prit la fuite pour cacher son visage défait et ses larmes qui roulaient librement sur ses joues.

Retranché dans sa chambre, alors qu'il essayait désespérément de se calmer, Drago serra les poings et se jura qu'il serait aux côtés de ce foutu Gryffondor trop héroïque.
Il devait être à ses côtés, au moins pour s'assurer que Potter ne prendrait pas des risques inconsidérés. Son camarade après tout, n'avait pas le moindre instinct de survie... la preuve étant la facilité avec laquelle il lui avait fait confiance malgré la marque sur son bras...


Il avait l'impression de ruminer sa colère depuis des heures quand Blaise entra dans sa chambre, sans même frapper. Il était prêt à le renvoyer avec des mots acides, mais son expression l'arrêta nette.

Blaise avait toujours été le boute-en-train. Le bon vivant. Tout semblait glisser sur lui, et il était d'un optimisme sans failles.
Pourtant le Blaise qui fit irruption dans sa chambre avait le teint gris et les yeux rouges. Il ne souriait pas, et le fixait avec un sérieux qui fit frissonner Drago.

Repoussant le frisson de crainte qui lui dévala l'échine, le blond haussa un sourcil moqueur, mais son ami l'arrêta d'un geste terriblement sérieux.
— Tu as entendu notre conversation n'est-ce pas ?
Drago sentit sa bouche s'assécher et il tenta de nier, détournant les yeux.
— Je ne vois pas de quoi tu parles...

Pour tout autre sujet, son ami l'aurait probablement laissé éviter une confrontation. Cette fois pourtant, il grogna.
— Je te parle de Harry prêt à se sacrifier pour le foutu monde magique.

Presque malgré lui, Drago serra les poings et grogna, furieux. Blaise eut un mince sourire approbateur et continua d'une voix douce.
— Je lui ai assuré que je serais à ses côtés, qu'il pourrait compter sur moi. Et toi, Drago ?
— Moi quoi ?
— Est-ce que tu vas ouvertement prendre position à ses côtés ? J'aurais aimé te dire de rester à l'abri, en dehors de tout ça. J'aurais voulu te savoir en sécurité, parce que savoir mes deux amis sont en danger me déchire le cœur. Mais...

Drago soupira et ferma les yeux très fort, regrettant de ne plus être un tout petit garçon. Il regretta l'époque où il n'avait pas la moindre décision à prendre, où il n'avait pas à se soucier de quoi que ce soit.
Il interrompit Blaise, d'une voix blanche, pour une fois sans chercher à éviter la conversation hautement perturbante.
— Mais tu penses que Potter est... que Ginger est mon foutu familier et que Potter et moi on est liés.

Blaise eut un léger sourire triste, et hocha la tête.
— Quoi que tu puisses en penser, Drago, tu pourrais bien être la seule personne au monde à pouvoir tout changer.

Drago resta un long moment à fixer Blaise, en se mordillant la lèvre. Il souffla doucement et murmura.
— Tu penses que ma présence peut sauver Potter ? Que ça l'aiderait ?
Le métis haussa les épaules.
— Harry va probablement tout faire pour te garder à l'abri, pour t'empêcher d'être en danger. Il tient vraiment à toi, tu sais ? Mais je suis certain que tous les deux... tous les deux vous pouvez changer les choses et tu pourrais bien être celui qui fera basculer la guerre.

GingerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant