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Harry avait cédé finalement. Ils étaient aussi têtus l'un que l'autre et ils auraient pu passer des heures à se disputer pour savoir qui devrait porter le précieux vêtement protecteur, mais Drago avait juré qu'il serait prudent, qu'il ne ferait rien d'inconsidéré. Le Gryffondor l'avait toisé, suspicieux, mais Drago était resté campé sur ses positions, décidé. Puisque le temps filait à une vitesse folle, Harry avait fini par accepter pour mettre fin à cette stupide bataille.

Alors Harry avait enfilé le vêtement coûteux, le visage fermé, sans dire à Drago qu'il risquait de mourir malgré tout. Que c'était une protection dérisoire face à ce qu'il allait affronter. Quelle que soit la richesse du vêtement, ou la force de sa protection, rien dans le monde magique n'était capable de stopper un Avada. C'était ce qu'il avait entendu à l'envi depuis son arrivée côté sorcier. C'était après tout la principale raison de sa célébrité. Le garçon-qui-avait-survécu...

Ils s'étaient fixés encore une fois longuement avant de rejoindre Blaise, et avaient échangé un nouveau baiser, tout aussi désespéré que le précédent. En cet instant, Harry maudissait le monde magique, Voldemort et même Dumbledore. Il avait trouvé le bonheur, quelqu'un à aimer même s'il n'oserait pas prononcer ce mot... et il devait déjà l'abandonner et risquer de le perdre.


Comprenant que ses deux amis étaient à cran, Blaise eut la sagesse de ne pas faire la moindre remarque. Il avait surpris leur dernier baiser, et il avait été ému par l'intensité et l'émotion qu'il dégageait. Alors, il les laissa passer devant lui, se promettant d'assurer au mieux leurs arrières.

Ils entrèrent un par un dans la cheminée, et ils débarquèrent à Poudlard dans le bureau du Directeur. Harry sortit sa baguette rapidement en découvrant Rogue devant eux, l'air sombre, immobile et menaçant. Cependant, Hermione l'empêcha de faire quoi que ce soit en se jetant dans ses bras, avec un cri de joie.

Drago fixa longuement son parrain, qui ne semblait pas vraiment surpris de le voir aux côtés de Harry Potter. Ron Weasley s'avança à son tour pour saluer son ami, de façon moins empressée, jetant un long regard sur sa main enlacée aux doigts de Drago. Cependant, il resta silencieux malgré ses lèvres pincées et la rougeur qui avait envahi son visage.

Blaise offrit une diversion bienvenue en arrivant le dernier et il salua tout le monde avec hésitation, craignant d'être renvoyé d'où il venait. Cependant, Harry lui adressa un sourire rassurant, et il se détendit.


Rogue soupira, attirant soudain l'attention sur lui. Le visage de marbre, il hocha la tête.
— Il arrive.

Harry serra un peu plus fort la main de Drago et ils échangèrent un long regard. Après un instant de flottement, les adolescents commencèrent à quitter le bureau du nouveau Directeur, partant faire face à leur destin. Cependant, Rogue intervint.
— Monsieur Potter ? Un mot, je vous prie.

L'adolescent s'immobilisa et hocha vaguement la tête, attendant que ses camarades quittent la pièce. Drago cependant resta près de lui, fermement accroché à sa main. Le maître des potions le fusilla du regard, mais le blondinet resta de marbre.
— Drago. J'en ai pour une minute.
— Je reste.

Puisque Harry restait silencieux et ne protestait pas, Rogue grogna vaguement et marmonna des imprécations au sujet de gamins têtus et désobéissants. Puis il soupira.

L'homme qui semblait ne jamais avoir peur de rien, qui n'avait jamais fléchi devant Voldemort lui-même semblait effrayé et hésitant, et Drago sentit ses entrailles se geler, pressentant ce qui allait être dit. Cependant, il refusait d'y croire.

Rogue ferma un instant les yeux et secoua la tête.
— J'ignore ce que Dumbledore avait en tête, mais il voulait que je... vous donne un message.

Harry le dévisagea, puis plissa les yeux.
— Vous l'avez tué.
Rogue détourna le regard, puis hocha lentement la tête.
— Effectivement. Il était mourant et il voulait que je... consolide ma position.

Harry fit la moue, mais Drago laissa échapper une exclamation stupéfaite.
— C'est pour ça qu'il t'a dit de le faire !


Rogue hocha la tête, une fois encore. Il fixa son regard sur les mains jointes des deux garçons et son visage se crispa. Cependant, il continua, sans laisser transparaître le moindre sentiment.
— Vous êtes l'un d'entre eux, Potter. Vous savez ce que ça signifie ?

L'adolescent haleta, et Drago lui lança un long regard inquiet. Rogue insista.
— Potter, vous avez rempli la tâche qu'il vous a confiée ?

Harry ferma les yeux un instant, et hocha la tête, sans dire un mot. Il n'allait pas dire à Rogue que les horcruxes étaient majoritairement intacts et qu'il comptait les détruire d'un sort noir trouvé dans la bibliothèque Black. Et il n'allait pas dire à Drago que dans la manœuvre, il allait probablement mourir puisque selon les mots de Rogue, il était un horcruxe.

Lorsqu'il rouvrit les yeux, son regard couleur Avada était déterminé, et il surprit une lueur d'admiration dans le regard onyx de son professeur. Il soupira, le cœur au bord des lèvres, les pensées tournoyant follement dans sa tête.

Face à son air perdu, Drago l'attira contre lui, foudroyant son parrain du regard, le défiant de dire le moindre mot. Harry le serra de toutes ses forces, essayant de mémoriser tout de lui. Son corps, son visage, son odeur, la chaleur et la texture de sa peau. Il déposa un dernier baiser sur ses lèvres, juste un effleurement, bouche contre bouche, et il sourit. Un sourire un peu tordu, forcé, loin d'être rassurant, et il murmura.
— Je crois que c'est à moi de jouer, non ? Tu as intérêt à rester en vie, Drago...

Le Serpentard haussa un sourcil malicieux et ricana.
— Je serais près de toi, idiot. Ne cherche pas à m'éloigner, rien ne pourra...


— Stupefix !
Le sort toucha Drago dans le dos, et Harry le tint contre lui pour l'empêcher de s'effondrer. Avec douceur, les joues baignées de larmes, il l'allongea sur le sol, et lui caressa la joue.
— Je dois le faire seul.


Harry se redressa, évitant le regard de son professeur. Tourner le dos à Drago immobilisé au sol fut probablement la chose la plus compliquée qu'il eut jamais faite, et lorsqu'il posa la main sur la poignée de la porte, la voix de Rogue s'éleva, bien plus douce qu'elle n'avait jamais été.
— Bonne chance, monsieur Potter.

GingerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant