Ginger

10-

Ainsi, Potter était dans sa chambre, dans son lit. Grièvement blessé.
En revenant dans sa chambre, Drago s'était précipité près de lui, craignant de le retrouver mort. Mais le Gryffondor respirait — laborieusement. Visiblement, le Survivant méritait bel et bien son surnom, s'accrochant encore une fois à la vie, déjouant tous les pronostics.

Il était inconscient, et Drago en avait profité pour nettoyer ses plaies, l'étape la plus désagréable et douloureuse. Il n'avait pas pu s'empêcher de noter encore une fois à quel point le jeune homme était maigre, et il avait relevé de trop nombreuses marques et cicatrices sur la peau hâlée.
En cet instant, il avait Harry Potter à sa merci, et il aurait pu se montrer mesquin et se venger de leurs années d'affrontements. Mais il se rendit rapidement compte qu'il ne voulait plus se disputer avec lui, pas alors qu'ils pouvaient mourir d'un instant à l'autre au milieu d'une guerre dans laquelle ils avaient été propulsés malgré eux.

Ainsi, il avait pris soin du Gryffondor, et il l'avait soigné du mieux qu'il le pouvait. Après avoir badigeonné les entailles d'essence de dictame, il avait pansé son dos, et il l'avait installé du mieux qu'il le pouvait. Il avait également mis fin au sort qui l'avait défiguré, pour qu'il retrouve son apparence réelle.

Harry Potter avait l'air d'un enfant qui avait trop vite grandi. Et Drago pensa subitement que lui aussi devait donner cette impression lorsqu'il dormait...

N'étant pas médicomage ni maître potioniste, Drago avait accès à un nombre limité de potions pour prendre soin du Gryffondor. De la même façon, il connaissait des sorts de soin basiques — que sa mère avait tenu à lui enseigner quand il avait reçu la marque — mais ce n'était qu'une façon de parer au plus urgent. De la médecine de guerre, rien de plus.
Puisque Potter semblait mal en point, l'adolescent avait hésité à se tourner vers son parrain, mais le regard soupçonneux de Severus Rogue sur lui en permanence lui avait fait oublier toute idée de le solliciter. Il n'oubliait pas que l'homme était un Mangemort fidèle, celui qui avait tué Dumbledore en personne. Sans compter qu'il détestait passionnément Potter et qu'il ne ferait rien pour le sauver...

Drago avait fait de son mieux, mais après presque une semaine à cacher Potter avec soin, il devait avouer qu'il était à court d'idées. Le Gryffondor cicatrisait lentement — trop lentement malgré l'essence de dictame — mais en plus, il traînait une forte fièvre qui le faisait parfois délirer.
Certains moments, Drago n'était pas certain que Potter ait compris où il se trouvait exactement.

Le jeune homme passait un maximum de temps dans sa chambre, à son chevet, et il essayait de faire baisser la température en lui baignant le visage avec un linge humide. Potter reprenait parfois connaissance, mais son regard vert restait trouble.

Lorsqu'il était conscient, il lui souriait comme s'ils étaient amis, et Drago devait se rappeler, le cœur battant douloureusement, que Potter imaginait probablement quelqu'un d'autre à son chevet et qu'il ne se rendait pas compte de l'endroit où il était réellement. Quelqu'un de la famille belette probablement. Il essayait de ne pas s'attacher à ce diable de survivant, qui bouleversait toujours tout sur son passage. À cause de lui, il avait commencé à douter de son éducation. Puis, il avait trahi volontairement ses parents en le protégeant. Il avait tué, sans remords, pour le sauver. Et maintenant, il mentait à tout le monde et risquait sa vie pour le cacher. En plein milieu du Manoir Malefoy, à quelques pas de Voldemort lui-même qui cherchait désespérément le Survivant dans le pays et de sa cinglée de tante qui se ferait une joie de le torturer s'il était découvert.

Puisque l'état du jeune homme ne s'améliorait pas malgré le temps qui passait, Drago avait fini par demander de l'aide au seul de ses amis qu'il savait digne de confiance et qui n'avait aucun lien avec des Mangemorts. Blaise Zabini appartenait à une famille neutre, et le jeune homme ne cachait pas son désaccord avec les idéaux de Voldemort. Sans compter qu'il ne détestait pas Potter comme la plupart des Serpentard. Il suivait ses amis, riait à leurs plaisanteries, mais il avait souvent dit qu'il n'avait rien contre Potter en personne.

Lorsque Blaise avait découvert que son ami avait la marque, il avait pincé les lèvres et l'avait regardé avec une telle expression désolée dans le regard que Drago en avait été gêné. Gêné et perturbé. Les autres Serpentard avaient affiché de la crainte envers lui, ou de l'envie — surtout dans le cas de Crabbe et Goyle. Blaise avait été le seul à comprendre que ce n'était pas un honneur, mais qu'il était véritablement esclave d'un fou sanguinaire.

Blaise avait donc répondu à son invitation et s'était présenté un peu craintif. Il ne tenait pas à tomber face à Voldemort, surtout parce qu'il se refusait à le rejoindre. Cependant, Drago avait choisi un jour où il savait que seuls ses parents seraient présents au manoir. Il appréciait trop son ami pour le piéger et le mettre en danger.

En entrant dans sa chambre, le métis s'était statufié en voyant Potter dans son lit, et Drago avait ricané, fier de son effet. Même si l'heure était grave, l'expression de choc sur le visage de Blaise avait été un grand moment pour lui.

Cette fois, lorsque Blaise observa pensivement son ami, il y avait une pointe de fierté dans son regard qui réchauffa le cœur de Drago. Il expliqua, un peu maladroitement, les raisons pour lesquelles il avait fait appel à lui, espérant que Blaise pourrait l'aider. Après tout, il était son dernier espoir...
— Je dois le faire sortir du manoir. Je n'ai pas les compétences pour le soigner correctement, alors... je prends des risques en le gardant ici, il est en danger.

Le métis eut un ricanement moqueur, l'effet étant largement atténué par le regard inquiet qu'il lança en direction de la porte.
— Il est en danger, et toi aussi, Drago. Qu'attends-tu de moi exactement ?

Drago se frotta le visage, l'air épuisé, oubliant son air fier et prétentieux qu'il affichait en permanence. Depuis l'arrivée fracassante de Potter dans son quotidien, il n'avait pas vraiment passé de nuits tranquilles, veillant sur le blessé et craignant d'être découvert. Il semblait bien plus jeune que son âge, et totalement perdu.
— Des idées pour... régler la situation. L'aider.