approche furtive

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Ash

Je cligne plusieurs fois des paupières, comme pour chasser un reste de brume qui proviendrait des résidus d'un mauvais rêve, mais non, une fois ma vision stabilisée, je me rends à l'évidence : je suis toujours dans cette cour, sous cette chaleur torride, à suer comme un boeuf, à grosses gouttes, sous mon tshirt noir.

Les autres ont déserté le devant du club il y a un moment déjà, pour se mettre à l'abri et je reste seul comme un con, ce fichu bout de chiffon dans la main. Je me secoue. Dire que l'on est passé d'une après midi paisible, enfin à moitié tranquille pour Chayton et moi qui devions espier nos conneries aux yeux de nos paternels pour leur avoir" emprunté" leurs bécanes. Je souris en repensant aux deux p'tits culs qu'on s'est levé avec Chayton . Des jumelles qui voulaient "tâter" du motard. Sous leur apparence angélique, se cachait de vrais tigresses , j'en garde encore quelques traces dans le dos. Revenant au présent je ricane. Ouai, une après midi paisible en somme n'ayant rien  d'inhabituelle pour Chayton et moi-même  mais qui a viré en un instant en un véritable tsunami émotionnel pour mon oncle et mon cousin!

Mince, que vient-il de se passer exactement? Seules les traces de pneus laissée par la Mercedes un peu plus tôt attestent que ce qui est arrivé est bien réel.

Tout s'est passé beaucoup trop vite pour que je puisse en appréhender les conséquences mais le final reste le même : Indiana a une fille dont on lui a caché l'existence, mon cousin une soeur, qui est malade et qui risque de mourir à peine l'ont-ils rencontré! Voilà la triste réalité! Bordel, la vie est tellement injuste! Et cela cache encore une saleté de bonne femme qui s'est pris pour une mère et qui n'en assume pas les responsabilités! une de plus! Je serre les poings à m'en faire blanchir les phalanges pour tenter de réfréner cette haine que je sens revenir au galop comme un cheval fou à cette simple pensée! Pas maintenant! Puis je repense à cette petite fille croisée quelques minutes plus tôt et cette vision semble m'apaiser quelque peu.

 Quand ses billes vertes ont croisé les miennes, j'y ai vu dedans tellement de sentiments différents qui faisaient écho à ce que je ressens. Tristesse, douleur, colère...Ca m'a percuté comme un train lancé à grande vitesse .D'habitude, les autres détournent les yeux face à moi, ayant peur de provoquer ma colère mais elle , non. Elle a continué de me fixer sans ciller comme si elle essayait de sonder mon âme .Cela n'a pourtant duré que quelques secondes mais j'ai ressenti comme une sorte de compréhension mutuelle...Je savais! Elle savait!  Pour la première fois, cela ne m'a pas dérangé que l'on me fixe, je n'y ai même pas songé à vrai dire tellement j'étais perdu dans l'intensité de son regard sur moi. Ses yeux qui au départ paraissaient si vides semblaient comme s'être animés pour me délivrer un message.  Je les ai alors autorisés  à lire en moi et voir au delà des apparences. Même Chayton avec qui je suis très proche, craint mes colères et fait toujours en sorte d'être hors de portée quand mon ire se déverse.

Je passe le pas de la porte et ricane face à la scène qui se déroule sous mes yeux. La brebis, Savannah, tente à tout pris d'attirer Indiana dans ses filets afin d'obtenir sa dose comme une junkie en manque. Pathétique! Puis je me fige sous la teneur de ses paroles! Pétasse! Pense-t-elle réellement être plus importante qu'une enfant appartenant à ce Club? A-t-elle la bêtise de croire que si mort il y a, Indiana viendra déverser son chagrin auprès d'elle? Quand je disais qu'elles avaient pas inventé l'eau chaude! un petit pois à la place du cerveau!

Je vois Indiana soutenu par mon père et nos frères la remettre en place et j'en éprouve une satisfaction personnelle que je ne comprends pas. Il a déjà adoptée sa fille et la revendique devant tout le Club!

Cherchant Chayton dans les parages et ne le trouvant nulle part, j'en profite pour me diriger vers ma chambre afin de me rincer de toute cette sueur et cette poussière qui me collent à la peau.

Ma chambre étant la dernière du fond au deuxième étage , je remonte les escaliers et le  couloir et me tends quand j'entends une voix fluette s'exprimer dans la la pièce précédant la mienne. La porte entrouverte, j'en profite pour m'arrêter et écouter la conversation, à l'affut du moindre renseignement que je pourrais éventuellement glaner sur sa propriétaire .Elle ressemble tellement à un petit animal blessé que je sens que son approche va s'avérer difficile.  Ils lui ont refilé la chambre à côté de la mienne! Il faut dire que personne n'en veut au vue des cris qui résonnent quand je me noie dans mes accès de colère pensais-je.

-Elle te faisait dormir dans un placard??? j'entends, reconnaissant sans mal la voix remplie de colère de mon ami.

-oui souffle d'une toute petite voix Charleen. 

-mais comment c'est possible bordel? il y avait pas de lits là où vous viviez? reprend-il de plus belle, sa voix montant dans les aigus.

Un silence pesant s'installe puis dans un murmure, je l'entends dire.

-il n'y avait qu'une seule chambre...elle préférait le luxe à l'aspect pratique dit-elle ironique. Donc pour ne pas risquer qu'un de ses plancs culs ne m'"abiment" , elle me gardait dans le placards pendant qu'elle s'envoyait en l'air.

J'en reste coït. Je ne sais pas si c'est l'horreur de la situation, sa façon détachée d'en parler ou le vocabulaire qu'elle utilise pour une gamine de dix ans, preuve qu'elle en a vu suffisamment pour savoir de quoi elle cause, mais je suis scotché sur place sans pouvoir émettre le moindre mouvement pour essayer de me sortir de mon enlisement.

C'est bien pire que je pouvais le penser! Et après on laissait les enfants des parents séparés aux bons soins de leurs mères sous prétexte qu'elles seules pouvaient se tarir d'avoir un instinct maternel développé et s'occuper comme il se doit de leurs progénitures. J'en étais dégoutté!

Coupant court au reste de la conversation, je me rends directement dans ma chambre prenant bien soin de ne pas claquer ma porte comme j'en ai l'habitude afin de ne pas trahir ma présence. Je ne veux pas qu'elle pense que je l'espionnais même si effectivement c'était bien le cas. Je m'en serais foutu comme de mon premier roulage de pelle d'habitude mais curieusement avec elle, je voulais faire bonne impression. Qu'elle ne me voit pas comme la plupart ici me voyait : un gosse écorché vif qui ne savait pas gérer ses colères.

En redescendant dans le salon, la porte voisine de la mienne étant fermé, j'avise mon daron et Indiana accoudés au bar. Ils me paraissent tous les deux tendus. Ca ne me dit rien qui vaille. Puis j'entends des pas derrière moi . C'est Chayton accompagné de Charleen qui reviennent au salon.

Ce dernier a la mine sombre et le regard de Charleen est revenu égal à celui que j'ai vu la première fois : vide de toutes étincelles. Il n'y a que des ombres qui dansent dans ses prunelles quand elle s'aperçoit de toutes les personnes présentes. Elle en a d'ailleurs un mouvement de recul mais l'appel d'Indiana vient courcircuiter toute tentative de fuite.

-Charleen, ma puce, vient que je te présente!

Lentement, elle s'avance pas après pas comme si elle se dirigeait vers l'échafault. Elle est mal à l'aise au milieu des adultes! ce constat me percute comme un 33 tonnes lancé à toute vitesse. Qu'a-t-il donc pu lui arriver pour qu'apparaisse un malaise aussi palpable qu'en cet instant. Je me tends. Je n'aime pas la direction que prennent mes pensées. Je ne veux pas imaginer le pire. Néanmoins, une reste bien présente : que lui a encore infligé sa mère? Je me promets de le découvrir et tout faire pour qu'avec moi, elle se sente à son aise!

Arrivée face à Indiana, elle l'observe et attend. Comme un animal bien dressé qui suit son maître des yeux et attend le moment où ce dernier se décidera à intervenir. Elle ne bouge pas d'un pouce, reste immobile comme une statue! c'est à peine si l'on voit sa poitrine monter et redescendre, signe qu'elle respire toujours. Putain mais c'est quoi ce délire?

Indiana lui sourit et se tourne face aux autres.

-je voudrais vous présenter Charleen , MA fille, qui habitera désormais parmis nous. Elle fait parti des nôtres!  Je voudrais que vous lui réserviez un accueil chaleureux comme on sait le faire dans notre famille! quiconque lui manquera de respect aura affaire à moi! tonne -t-il.

-ainsi qu'à moi! renchérit Skull.

-à moi également s'ajoute Eagle.

-et également à moi crie Nitro.

-pareil dit Clamp, notre trésorier

-idem dit Doc

C'est tout le fullpatch qui la revendique en cet instant! Elle a été adoptée en tant qu'enfant du Club!

THE HOUNDS OF HELL: CHARLEEN ET ASHTON PARTIE 1 / TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant