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(Cléore) 

Je sentis l'angoisse monter dans ma poitrine tandis que j'effectuai le trajet inverse. Il semblait si désespéré ; je ne lui en voulais même pas de l'avoir trouvé dans cette situation. Ce n'était pas lui, il n'aurait jamais fait ça en temps normal. Je luttai contre moi pour ne pas y retourner et donner une baffe à Chelsie car elle ignorait le mal qu'elle avait fait. Elle l'avait détruit, elle m'avait détruite mais je ne laisserai plus Raphaël tomber désormais : s'il voulait encore de moi je resterai à ses côtés pour panser ses blessures. Je devais me rattraper car moi aussi je l'avais abandonné à son sort. 

J'essuyai mes yeux et réalisai que ses affaires n'étaient plus là. Il s'était enfui. Encore. J'avais l'espoir de pouvoir le réconforter mais il avait disparu. Il ne voulait plus de moi. Mon coeur était sous pression, son message était anxiogène ; je devais le retrouver coûte que coûte.

C: Où es-tu ?

Les minutes passèrent et pas de réponse.

C. stp... j'ai besoin de te voir, dis moi où tu es...

C: peu importe comment on s'est revus... le plus important est qu'on se parle, qu'on se voit...

C: stp .. répond moi dès que tu peux... je m'inquiète

Puis, tout à coup, j'éclatai en sanglots. J'évacuai toute la douleur que je gardais depuis ces semaines : la distance, la séparation, la trahison, le désespoir, l'impuissance... toutes ces émotions se confondaient dans mes larmes. Mais au fond de tout ça, un sentiment puissant dominait : l'amour. Je l'aimais tellement. Je souffrais pour lui, pour ce qu'il avait dû endurer avec ce sort qui l'avait posséder. 

En passant de l'eau fraîche sur mon visage éploré, je sentis une présence derrière moi. Je n'ouvris pas les paupières tut de suite, mes sens étaient en alerte. Ce n'était pas un humain mais un esprit. Vu la chair de poule qui parcourait ma peau, il était funeste. Sombre. 

J'inspirai profondément et ouvris les yeux. Je faillis hurler. 

Une ombre, une silhouette noire m'observait avec des fentes rouges pour les yeux qui se plissaient en guise d'avertissement. L'énergie qui émanait de cet être ferait pâlir les ténèbres tellement la noirceur et l'horreur y demeuraient. Elle flottait près de moi et me fixait dans le miroir. Je tentai de reprendre de la force, de me protéger avec la visualisation d'une lumière divine, dorée autour de moi.

Des murmures se frayaient un chemin dans mon cerveau : 

" Haine.... solitude.... souffrance... douleur.... suic-....."

Je fis volte-face. L'ombre se volatilisa en fumée. Mon pouls battit à toute mesure pendant que l'écho de ses paroles cognaient dans ma tête. Un mauvais pressentiment m'envahit et je courus vers mon téléphone : j'avais un appel manqué de Mamie. Je la rappelai directement:

" - Allo ? dit-elle d'une voix haletante.

- Mamie ? Ça va ? tu as réussi ? 

- Oui mais c'était énormément puissant. Ça m'a pris beaucoup de force, beaucoup d'énergie... Le problème est qu'il peut avoir des conséquences sur Raphaël : en revenant à lui, il peut subir un choc extrême. Tu dois être avec lui pour l'aider à harmoniser son énergie vital. Il doit beaucoup souffrir en ce moment.

- Mamie ! Je sais pas où il est... comment vais-je faire ? j'ai peur...

- Garde ton calme ma puce. Concentre-toi. Tu sauras où le trouver. 

- Tu as raison. Merci pour TOUT. 

- Ne t'inquiète pas. Va le trouver, conclut-elle, le ton prudent. Tiens moi au courant quand tout ira mieux pour lui. Il est important que tu le trouves Cléore."

Elle raccrocha subitement. Je tournais en rond un moment, m'efforçant de me concentrer, sur un lieu où il aurait pu aller. Sa maison était beaucoup trop loin et il était probablement pas sur le campus.

Ce fut une évidence. Je savais où il était allé se réfugier.

*** 

PDV Raphaël

Nauséeux. Dégouté. Chaque pas me complaisait dans ces horribles impressions. j'avais l'impression d'être schizophrène en repensant à tus mes actes et surtout à ce qui avait failli se produire dans la chambre de Chelsie avant l'arrivée de Cléore. Plus les secondes passaient, plus mon cerveau recommençait à assimiler d'une manière naturelle, (moins d'once de noirceur). Le point négatif était ma prise de conscience de tout depuis ces derniers mois. 

Je me sentais faible, vidé. Mon estomac était noué, je n'avais qu'une sensation de rejet. Je m'affalai contre un arbre et me centrai sur moi-même afin de reprendre un peu d'énergie. Cependant, mes actes perfides m'assommaient l'esprit. J'avais une douleur dans la poitrine et je me demandais vaguement si j'allais mourir d'une crise cardiaque. Comme j'avais brisé le coeur de ma Raiponce, cette fin serait beaucoup trop clémente pour moi. Certes, je n'étais pas allé jusqu'au bout avec l'autre mais il y avait eu du tactile (du haut level), des trucs que j'avais même pas fait avec ma cop... mon ex... . Ça me rendait malade. Surtout que j'avais fait ça sans être en couple. Comment avais-je pu dériver à ce point ? Je me haïssais pour ça.

Des larmes de rage coulèrent sur mes joues. J'avais tout fait foirer avec Cléore. C'était comme si on avait pris possession de mon corps, comme si mon contraire avait vécu à ma place. Juste avoir détourné mes yeux de Cléore était déjà trop... alors le reste. La soirée. Dans la salle de bain. Les disputes. Le rendez-vous sur le banc. La rupture. Mon désir de coucher avec Chelsie aujourd'hui. Sans l'intervention de... je l'aurais fait, je serais allé jusqu'au bout, je le sentais. Et cette sensation me donne juste envie de sauter dans un précipice. 

Elle m'avait envoyé un message. Celle dont j'avais trahi la confiance. Elle s'inquiétait pour moi, elle voulait me revoir. Elle était trop bien pour moi alors que j'étais le motif de notre séparation. Elle méritait quelqu'un de mieux, de plus pur que moi. Je n'étais qu'un sale connard. Alors je ne lui répondis pas, en priant pour qu'elle m'oubliât une bonne fois pour toute. Elle devait comprendre pour son bien qu'elle devait m'ignorer et passer son chemin. Je ne la méritais pas, je ne méritais que le malheur. 

Le vent me sortit un peu de ma torpeur et je compris que j'étais à l'endroit où on venait se poser en dehors du campus. Un coin de nature, de forêt qui nous permettait de nous ressourcer et de parler de la vie etc. Pourquoi étais-je venu ici ? Je devais faire le deuil de ce lieu également, comme tout ce qui aspirait à mon existence. Ma force d'esprit me sermonnait sur ma condition de vie : si je ne pouvais plus connaître le bonheur d'être aimé par elle, alors à quoi servait-il de respirer et de profiter du temps restant ? Quand ma soeur était morte, j'avais perdu un sens à mon existence et Cléore me l'a ravivé en aidant Elysée et en m'aimant, moi. Sans elle, je n'aspirais à rien d'autre. Sans elle, autant mourir

Cette pensée se transforma en besoin vital. Oppressant. Comme un dernier recours de cette partie sombre en moi : elle voulait mettre un terme à tout ça et pour cette fois j'étais en accord avec elle. 

Je titubais lentement vers un point de vue, un peu plus loin en contrebas, et regardai dans le vide. 

* * * 

NDA 

Hey, ce n'est pas vraiment la joie par ici. Mais ce genre de phénomène peut provoquer un contrecoup désastreux. cléore arrivera-t-elle à temps ? comment nos héros vont surmonter tout ça ? avis ? Hypothèses ? (merci de me lire c'est toujours un plaisir de partager mon histoire, n'hésite pas à voter ça me permettrait de voir le nombre de personnes qui suit toujours) 



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