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PDV Cléore 


Je sentis qu'on m'observait et j'ouvris les yeux. Je fus surprise de voir que j'étais dans ses bras et mon coeur s'affola. La présence était partie mais mes pensées se tournèrent vers Rapha, endormi.  Le film avançait toujours et je me demandai s'il fallait éteindre l'écran ou profiter du moment. Je me sentais en paix dans ses bras, je n'avais pas envie que ce moment s'arrêtât. Alors je décidais s'attendre qu'il se réveillât également. Malheureusement au bout d'un quart d'heure, ce fut le cas. Et je fis semblant de dormir en rigolant intérieurement de l'étrangeté de la situation. Il était gêné comme moi, mais notre proximité me faisait vibrer.

- Désolé, marmonna-t-il, en se redressant instantanément.

Il passa sa main dans ses cheveux décoiffés et mon pouls manqua plusieurs battements.

- Tu veux un coca ? 

- Oui, merci, dit-il, en allant vers la salle de bain.

Il revint quelques secondes plus tard et je lui tendis la canette.

- On finit de regarder le film ?

J'approuvai et m'installai, près de lui. Nous gardâmes une petite distance et cela me gênait un peu. Mais je sentais que l'on devait laisser un peu de temps avant de se rapprocher davantage : il avait besoin de guérir de tout ça et moi aussi. Nous devions réapprendre à nous refaire confiance. Et aussi à nous nous-mêmes. Une partie de moi s'en voulait toujours de n'avoir pas compris la supercherie mais je ne pouvais rien changer. En repensant que j'avais (disons la vérité) laissé le champ libre à l'autre de profiter de mon copain, j'avais envie de me gifler mentalement. 

- Ça va ? 

Surprise je le regardai. Il me fixa, une lueur inquiète dans son iris. 

- Oui. Tout va bien. 

- Dis...

Il semblait hésiter.

- Tu...pourras me pardonner un jour ? 

J'étais réceptive face à sa souffrance. Ce n'était pas de sa faute, il avait été manipulé. Bien qu'il fût possible qu'il résistât à la tentation, au moins il n'avait pas eu de relation sexuelle avec elle. C'était la limite, et il ne l'avait pas franchi. 

- Oui, mais tu n'es pas coupable en vérité. 

- Peut-être bien... mais j'ai fait des choses avec elle...

- Tu veux vraiment parler de ça maintenant ? me rebiffai-je, mon côté prude à l'honneur.

Il soupira et finit sa boisson, sans ajouter un mot de plus.

- Je sors un moment, déclara-t-il, tout à coup.

Il prit sa sacoche et sortit tandis que je ne comprenais pas trop ce revirement.

* * *

C'était le crépuscule. J'allai à la fenêtre et observai les environs, tentant d'apaiser mon angoisse en respirant doucement l'air frais. Je n'aurais pas dû me braquer er le laisser s'exprimer mais j'appréhendais ce qu'il allait me révéler par rapport aux fameuses "choses" faites entre eux. Sauf qu'il le fallait. Il avait besoin de tout me dire, je devais être courageuse et accepter les faits tels qu'ils étaient, même si ça allait me lacérer le coeur. 

Un oeil en contrebas et je vis l'esprit d'un enfant qui sautillait sur le trottoir. Quelqu'un passa près de lui mais ne le remarqua même pas, alors que moi je le pouvais. L'enfant était translucide mais je devinais qui il avait été de son vivant : une petite fille joyeuse, pleine d'entrain et de gaieté. On n'aurait jamais pensé qu'elle pouvait développer une maladie incurable à son si jeune âge et pourtant... son énergie était restée la même si la mort l'avait arrachée à la vie.

Elle dût sentir ma présence car elle me fit face, au loin. Puis, à chaque fois que je clignais des yeux, elle se rapprochait un peu plus. 

- Tu es trop belle ! Tu veux jouer avec moi ? Tu es une princesse ? Tu peux me voir ? Trop chouette ! 

En une fraction de seconde, elle atterrit dans la pièce, ses murmures ne cessant de tournoyer dans ma tête. 

- Comment ça se fait que tu sois toujours là ? Tu ne veux pas rejoindre la lumière ? lui demandai-je prudemment.

- Mes parents. Ils sont trop tristes. Je veux pas les laisser.

Elle devait avoir huit ou neuf ans. Elle ressemblait à une petite fée avec ses cheveux roux et ses yeux saphir. 

- Tu ne peux pas errer ici. Tu seras mieux au paradis, tu ne crois pas ? 

Elle secoua la tête.

- Non, ma mère pleure tout le temps et mon père est si triste. À cause de moi, ils ne sont plus heureux.

- Ce n'est pas de ta faute, tu sais. 

Elle haussa les épaules puis m'observa attentivement.

- Personne pouvait me voir et m'entendre mais toi tu peux. Pourquoi ?

- J'ai un don qui permet cela.

- Comme un super-pouvoir ? s'émerveilla-t-elle. Moi aussi j'en ai : je peux voler ou me téléporter, c'est trop bien !

Je lui souris, attristée de constater qu'elle ne pourrait pas avoir une longue vie remplie d'aventures, de rencontres, d'expériences...

- Tu es triste pour moi aussi. On m'a dit que j'ai pleins d'endroits à voir, des endroits magiques ! Ici, c'est chouette mais je préfère maintenant même si mes parents sont tristes. J'aimais pas quand j'étais malade. Je ne pouvais plus sortir de l'hôpital. Maintenant je peux faire ce que je veux, tu ne devrais pas être triste toi aussi.

Elle flotta vers moi et essaya de toucher mes cheveux. Elle ne put que les effleurer.

- Tu es une princesse non ?

- Pas que je sache. J'ai juste les cheveux longs, souris-je malgré moi.

- Tu es trop belle. J'aurais aimé avoir une grande soeur comme toi. J'ai un petit frère mais il est encore un bébé. C'est dommage, il ne pourra pas me connaître. Mais moi je pourrai ouf. 

- Qui t'a dit que tu as pleins d'endroits à visiter etc ? me souvins-je brusquement.

- Un ange. Un oeil avec des ailes je crois. Gigantesque. Avec pleins de lumières ! Il voulait que je l'accompagne. Mais j'ai refusé pour le moment. Je veux voir mes parents tranquilles avant de les laisser.

- Je peux t'aider. Je peux faire le lien de communication entre toi et eux. Comme ça, ils seront rassurés pour toi.

- Merci ! Merci ! Merci ! tournoya-t-elle, heureuse.

Une bouffée de chaleur m'envahit en constatant que je pouvais aider cette famille à traverser le deuil.

- C'est quoi ton nom ? demanda-t-elle, en redevenant tout à coup sérieuse.

- Cléore et toi ?

- Juna.

Elle ne cessa de me regarder d'un air sérieux ; je commençais à flipper de ce changement d'humeur soudain.

- Cléore, chuchota-t-elle, en me regardant dans les yeux. Il y a quelqu'un derrière toi.

* * * 

NDA

Coucou les amis! Je suis contente de vous retrouver pour ce chapitre ! Vos hypothèses pour la suite ? n'hésite pas à voter commenter et t'abonner sur mes réseaux. A plus et merci d'avoir lu ! L.

Murmures 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant