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PDV Cléore 

Ayant reçu mon bac littéraire avec mention assez bien et ne sachant pas encore me situer au niveau professionnel, il m'avait semblé logique de continuer en filière lettres. Les cours ressemblaient davantage à du bachotage, se basant pour ce semestre davantage sur la connaissance que sur la pratique, et cela m'enchantait autant que ça m'ennuyait. Mes coudes posés sur la table, je rêvassais. 

Je repensais à ces derniers mois : comment j'avais réussi à donner la paix à Elysée, la soeur de Rapha, puis de quelle façon j'ai pu faire face à mon don et à m'en servir pour aider les autres, de l'enchantement de mes parents en me voyant aussi heureuse avec mon amoureux, de la joie de mon père qui fréquentait sa mère désormais...

Je me remémorai ces moments avec Raphaël, si simples mais si intenses à la fois, juste par sa présence. Il avait été si furieusement compréhensif avec cette part de moi, cet univers paranormal qui était dur à être réalisé pour un être qui ne se fiait qu'au rationnel.

Mais il m'avait toujours cru, et de là j'avais su qu'il avait été fait pour moi car il me comprenait entièrement, tout comme moi je le cernais juste par un regard.

Lors de notre emménagement, nous avions été aussi intimidés l'un que l'autre de partager ce genre d'intimité aussi vite : cohabiter ensemble, confronter nos routines, partager nos espaces vitales mais curieusement cela avait été aussi simple que respirer. Preuve encore de notre attachement. Malgré le fait que nous dormions dans la même chambre et dans le même lit et même après 9 mois de relation, nous n'avions pas encore sauté le pas. Certes, on avait déjà été plus loin que les bisous mais pas jusqu'à l'acte. On prenait le temps de se découvrir et j'adulais sa patience et sa prévenance à mon égard. 

Je sursautais en prenant conscience que le cours était terminé. Je me sentais un peu coupable de ne pas avoir pris de notes mais le classicisme était un domaine que je maîtrisais beaucoup - j'adorais le théâtre - donc je réprimais ce sentiment en rangeant mes affaires tandis que Julie, une amie à moi me sourit :

- On dirait que tu as la tête ailleurs toi !

- Moui, on peut dire ça.

- Alors ? me demanda-t-elle, alors qu'on sortait de la fac.

- Alors quoi ?

- Tu vas bien ? Si t'as des soucis tu peux m'en parler hein ?

Je l'épiai, elle avait l'air gentille mais je me confiais rarement aux autres, mécanisme de défense par rapport à mon don. Ce serait lui mentir car je ne pouvais pas lui dire et je ne souhaitais plus commencer une amitié sur un mensonge. 

J'acquiesçai pour donner le change et m'entrepris d'orienter la conversation sur elle, en parlant de son coup de coeur pour un mec de notre promo, Jérôme. Tandis qu'elle s'extasiait, je remarquais deux personnes qui me lorgnèrent au loin.

Lily et Jerry. 

Depuis que je savais qu'ils étaient coupable dans la mort d'Elysée, à défaut de tout révéler à la police, Rapha et moi avions décidé de couper les ponts et ce n'était pas plus mal, alors qu'elle me lança un regard de dédain. Je tentai d'ignorer ce pincement au coeur, moi qui accordais pas mal d'importance à l'amitié malgré tout.

- Tu sais, tu devrais te couper un peu les cheveux ! Ca fait bizarre, ils t'arrivent presque aux genoux ! reprit Julie, le ton surpris en regardant ma tresse virevolter plus bas que mes fessiers. Je les laissais rarement lachés car ça attirait l'attention...

- Je les ai déjà coupés de quelques centimètres y'a quelques semaines de ça, lui fis-je remarquer, un peu irritée. Je les aime comme ça moi.

Murmures 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant