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Cléore

Ok. C'était bizarre la reprise. 

La matinée avait été assez normale. Sauf une personne.

Julie. 

D'habitude quand elle arrivait en cours, elle était souriante, avec beaucoup d'énergie, du peps à la Julie et elle saluait tout le monde. Ce n'était pas le cas en ce jour.

Elle était arrivée discrètement, comme si elle s'était forcée à venir en cours et à ne pas attirer l'attention. Ses fringues étaient sombres, ça ne lui ressemblait pas. Elle avait l'air méfiante et évitait les regards. Et le plus dingue fût qu'elle m'ignora ouvertement. Elle s'assit seule et ne daigna même pas venir me parler.

Perplexe, il m'arriva de réfléchir sur son comportement pendant les monologues inintéressants des profs. Je l'observais, tendant de déceler la nature de ce brusque changement. Les seules sensations que j'obtenais étaient un mal être, un malaise et une certaine peur qui émanaient d'elle. En même temps, je ne saurais l'expliquer mais moi, je ressentais une certaine répulsion envers elle. Je ne dis pas qu'elle me rebutait, on se parlait bien, c'était une connaissance mais je n'étais jamais arrivée à lui faire confiance. Quelque chose dans ses paroles ou sa personnalité m'en avait empêché. Ou bien c'était à cause de toute cette confiance  brisée avec Lily, l'année dernière. 

Bref, Julie n'était pas dans son état normal. Peut-être avait-elle vécu un épisode traumatique pendant ses vacances : un deuil ? une séparation ? Un événement qui expliquerait l'aura sombre qui l'entourait. Une partie de moi était satisfaite qu'elle ne me collât plus en classe car elle n'arrêtait pas de me dire de me faire un carré alors que je lui avait déjà répété maintes et maintes fois que j'adorais mes cheveux longs. Juste le fait qu'elle avait toujours insisté là-dessus avait baissé dans mon estime et avait écarté l'idée de devenir plus proche avec elle. 

Peu importait sa manière d'être, cela ne me regardait absolument pas en vérité. Comme je l'avais dit, elle n'était qu'une camarade de classe avec qui on délirait bien quand on était en cours mais à l'extérieur c'était silence radio. Si elle ne voulait plus me parler, ça m'arrangeait en vérité car j'étais souvent gênée de son exubérance et de sa façon de vouloir tenter de tout savoir dans ma vie. 

Quand la dernière sonnerie annonçant le déjeuner retentit, j'étais heureuse de retrouver mon sourire préféré. Tellement pressée, que je fus la première arrivée à notre endroit habituel pour manger. J'allai regarder mon téléphone quand une silhouette fantomatique se matérialisa devant moi :  Gabriel. 

- Hey, comment ça va ? c'était bien la rentrée ?

- Il fait froid mais ça va. Merci de t'en inquiéter, dis-je en souriant.

Il n'avait plus vraiment cet éclat de la dernière fois dans l'appartement, ça avait baissé un peu. 

- Je l'avoue je m'inquiète un peu pour toi. 

il parut un peu gêné de sa confession et oui, j'étais un peu gênée aussi du coup.

- Pourquoi ? lui-demandai-je, m'efforçant comme à chaque fois de me rappeler de notre rencontre lors de son vivant.

Il voltigea sur le côté et baissa la tête. 

- Je me rappelle de l'état où tu étais car ton copain n'était plus là pour toi. Quand tout allait mal...

- Il a été ensorcelé, le coupai-je sèchement. Il ne m'a pas laissé de son plein gré.

- Peu importe, répliqua-t-il, en me toisant avec force. Ça t'a blessée. Je ne souhaiterais pas que cela se reproduise de nouveau à cause de lui.

Murmures 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant