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(Raphaël)

En ouvrant la porte, c'était comme s'il y avait une tension dans l'air, alors que nous n'avions même pas encore franchi le seuil. Je ne dirais pas de "colère" mais plus une tension "électrique" palpable, de celle qui vous donne le frisson sans savoir quoi, ni comment.

Pour commencer, Cléore était dos à nous, semblant réfléchir ou accumuler une révélation qui devait vraiment la troubler vu la force de sa respiration. Ses cheveux blonds étaient lâchés et cachait un tiers de son jean noir. Son bustier rose était comme une invitation à effleurer la peau de son cou et... ses yeux me lancèrent des éclairs quand elle comprit l'étrangeté de la situation. 

Oups, Chelsie...

Elle épia furtivement l'intruse avant de reposer ses prunelles noisettes sur moi, m'interrogeant avec force sur la raison pour laquelle je lui faisais subir cette scène.

- Salut... lança maladroitement Chelsie en levant la main. 

Je n'osai plus faire un geste, j'étais trop gêné. Et surtout j'attendais que Cléore dise quelque chose pour briser ce silence insupportable.

Au lieu de ça elle nous tourna le dos, expira longuement et se déplaça vers la fenêtre du salon, inspirant de l'air frais. Elle m'étonnera toujours mais le vent faisait voleter ses mèches de cheveux autour d'elle et lorsqu'elle se retourna, mon coeur chavira à cause du charisme qu'elle dégageait : confiance, maîtrise, ouverture du coeur...

- Salut, dit-elle finalement à Chelsie.

Elle me toisa du regard en silence et attendit une explication.

- Vous pensiez que je n'étais pas à l'appartement pour être seuls ? supposa-t-elle d'une voix calme alors que je savais qu'à l'intérieur elle bouillonnait.

J'allai ouvrir la bouche mais la fille à côté de moi me devança : 

- Non, ce n'est pas ce que tu crois. Justement on... je te cherchais. Je dois te parler si tu le veux bien.

Cléore parut surprise et s'installa dans le canapé, curieuse de l'absurdité de la chose.

- Une boisson ? suggérai-je, mollement.

Deux paires d'yeux me dévisagèrent avec consternation.

Je me fis tout petit et vins auprès d'elle, je restai debout là où Cléore s'était tenue tout à l'heure, feignant de regarder à l'extérieur quelques secondes.

Chelsie hésitait, Cléore attendait... puis enfin la dénommée lâcha : 

- J'ai croisé Raphaël et on a décidé de venir ici. Si je suis venue te parler déjà, c'est pour te présenter mes excuses. Bref, je sais que je ne mérite pas d'être pardonnée vu le mal que je vous ai fait, j'ai failli tout détruire entre vous, je n'aurais pas dû m'en mêler, j'ai fait tout ça pour les mauvaises raisons et je regrette vraiment.

Elle se tut un instant, en proie sûrement à des émotions.

Cléore était gênée mais je vis une certaine compassion dans ses traits qui me réchauffa le coeur.

- Puis, avec le temps, j'ai compris beaucoup de choses sur moi-même mes actions passées et surtout sur les gens que je fréquentais. Tous sont mauvais pour moi, notamment une fille, je suis certaine que tu vois de qui je veux parler.

Cléore acquiesça, les bras croisés, l'invitant à poursuivre.

Chelsie se trémoussa de nervosité puis enchaîna : 

- Julie. Je la connaissais grâce à une fille en commun puis quand elle m'avoua qu'elle t'avait en horreur, à l'époque, c'était une aubaine pour moi. Elle m'expliqua dans les grandes lignes ses pratiques et qu'il y avait un moyen de briser votre couple. Bien sûr, je n'avais pas cherché loin j'ai accepté, je ne savais pas que les conséquences allaient être aussi graves que ça au final...

Murmures 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant