Murmures 2

* 42 *

Raphaël 

J'étais carrément stupide. Je pensais qu'il aurait suffi de discuter avec Sam, de montrer la photo de ce mec à Cléore et puis qu'elle fasse le lien entre eux pour qu'ils puissent être en paix... 

Pas du tout.

Maintenant je me retrouvais en face d'une fille honteuse et triste suite à la révélation qu'elle venait de me faire : qu'à l'époque, elle se fit raccompagner par Gabriel à la soirée d'intégration et qu'en plus, elle avait été toute dérangée à cause de l'alcool.

Le pire serait à prévoir donc...

En pensant juste à cette idée, à ça, à lui et elle... tous les deux... non. 

Mon coeur me menaçait d'arrêter.

Elle ne serait pas capable de me tromper n'est-ce pas ? surtout aux premiers mois de notre relation, tout était normal, tout était bien... c'était moi qui avais merdé avec Chelsie ensuite mais à ce moment-là tout était bien. 

N'est-ce pas ?

Le doute et la colère s'immiscèrent au fur et à mesure en moi, comme des poisons lents mais dangereux.

Le silence entre nous était pesant et elle hésitait à en dire plus, ce qui était de mauvais augure. Et que se passerait-il si la trahison était réelle ? 

Certes, je n'étais pas clean : il y avait eu des choses intimes avec l'autre mais on n'était jamais allés plus loin physiquement. Puis en plus c'était un peu contre ma volonté...

Et si Cléore avait dépassé ces limites avec lui ? Ça voudrait dire que... qu'elle aurait eu sa première fois avec un autre et ça je ne pouvais le supporter.

- Raphaël, attends.. où tu vas ?

Je n'avais pas réalisé que j'avais pris mon manteau et que j'étais face à la porte d'entrée avant qu'elle ne m'interpellât. 

- Je...

- S'il te plaît ne t'en vas pas, chuchota-t-elle, avec peine. Je n'ai pas fini de t'expliquer...

- Ce n'est plus la peine, tranchai-je. Je crois avoir deviné.

- Non !

Elle me retint par le bras et je croisai son regard. Ses yeux noisettes étaient brillants de larmes et j'y vis de la peur. Cela me peina. Mais mon égo eut le dessus sur mon coeur.

- J'ai besoin de prendre l'air, repris-je fermement. Peu importe ce qu'il s'est passé quand il t'a ramené, je pense qu'on a assez dépassé les bornes tous les deux. Voire, que tu as fais pire que moi avec lui que j'aurais fait avec Chelsie.

Elle eut un mouvement de recul comme si je lui avais fait du mal, comme si c'était elle qui souffrait davantage à présent. 

- Tu... crois  vraiment que... j'aurais pu aller aussi loin avec un... inconnu ?! alors que j'étais en couple avec toi ? 

- "Étais" exactement. Tu as bien compris. 

- Tu as fait pire que moi, asséna-t-elle d'un ton dur. 

Je me fis violence pour ne pas rétorquer... mais je le fis quand même:

- Je n'en aurais jamais la preuve. Au moins on est quitte : tu n'es pas aussi parfaite et moi non plus. Maintenant, je vais m'en aller.

- Non, attends, je...

Je ne lui laissai pas le temps de finir: je sortis en trombe de l'appartement, envahi par une frustration sans nom. Au fond de moi, je savais que j'agissais mal. Mon orgueil prenait le dessus mais je n'avais plus confiance. Même si je savais qu'elle n'aurait pas pu avoir une relation sexuelle avec lui, je sentais qu'il s'était quand même passé quelque chose d'intime entre eux.

 Et ça, ça me brûlait le coeur et broyait mon âme. 

Tout en marchant sur le trottoir, je me demandais si c'était la même sensation que Cléore à dû recevoir en me voyant sortir de la salle de bain et en ayant compris pour Chelsie, ou pire quand elle m'avait découvert dans son lit, m'apprêtant à...

Bordel. Je reste le seul connard au final. 

En baissant les yeux, je vis une feuille déchirée qui... avait mon prénom écrit dessus. Je le saisis vivement avant qu'un vent ne me le prenne.

Intrigué et dépassé par tous ces événements, je le dépliai machinalement, sans m'attendre à quoi que ce soit:

Oui, tu restes le seul connard qui a laissé sa copine seule à une soirée, sans la surveiller, alors qu'elle avait besoin. C'est de ta faute ce qui est arrivé. Et je te remercie pour cette opportunité car j'ai pu sentir son âme à travers un baiser. 

Abasourdi par ce qui était noté, je mis quelques secondes à comprendre que ces mots m'étaient réellement destinés et qu'ils avaient été écrit par ce crét... Gabriel. 

- Merde... ruminai-je, en shootant dans un galet et en courant pour évacuer les émotions désagréables qui m'achevaient littéralement. 

Je ne voulais plus penser. J'écrasai ce -maudit papier dans ma paume en l'insultant par pensée.

Je ralentis ma course et soudainement j'entendis la phrase d'une dame qui passa à côté de moi: elle était au téléphone et avait dit : sans rancune.

Je le pris pour moi, comme un signe et je serrai les poings. 

Si tu étais encore vivant je t'aurai cassé la figure car tu as osé toucher à ma copine...

Je rebroussai chemin et au fur et à mesure, la colère se mua en de la tristesse. C'était de ma faute, j'aurais dû rester avec elle, prendre soin d'elle, au lieu de ça, c'était un inconnu qui l'avait fait à ma place. Et puis en plus il avait profité de la situation, bien que je sus en vérité que Cléore ne se serait pas laissé embrasser facilement même avec des litres d'alcools dans le corps. Il avait dû tenter, elle l'avait sûrement repoussé mais... il y avait eu quelque chose. 

Le même genre d'émotion incontrôlable avec Chelsie sauf que l'émotion entre Gabriel et Cléore avait été saine. Pas malsaine comme moi et Chelsie.

 Et ça faisait mal de constater ça, mais je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même car je n'avais pas tenu mon rôle de copain ce soir-là. Et lui avait mérité son baiser.

Oui, sans rancune Gabriel... J'ai compris. Mais ne t'approche plus d'elle désormais.

Je sentis une résistance et une douleur à la tête me saisit. Je touchai la zone et me stoppai face à l'entrée de la résidence, attendant que cela passât.

Je compris qu'il n'avait pas l'intention de la laisser. 

* * * 

Hey, ravie de te retrouver. Comment va réagir Cléore quand elle comprendra tout ce qui s'est passé avec G. ? Quelque chose se prépare... 

à bientôt L. 

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