Cléore
Je pris la voiture et sortis en trombe du campus. J'avais mon idée sur l'endroit où il avait pu se réfugier et je priai de tou mes mes forces de pouvoir l'y retrouver. Même dans l'urgence je faisais attention, il ne fallait surtout pas avoir un accident maintenant.
Dans quelques minutes, je serais arrivée, ce qui me laissait le temps de méditer sur l'appel de Mamie, notamment sur le ton de voix qu'elle avait : faible, prudent, sérieux. Je sentais que ce n'était pas encore fini. Elle avait réussi à enlever le mal sur Rapha mais les conséquences pouvaient être tout aussi dangereuses. En me garant sur le parking, je me rendis compte qu'il faisait gris aujourd'hui comme s'il allait pleuvoir. Il faisait très froid ; heureusement ma parka était à l'arrière.
Mon coeur battait à tout rompre tandis que je l'enfilai et que je sortis de ma voiture. Je frissonnai de froid et de peur en entrant dans le parc : il n'y avait personne aux alentours sauf...
Je courus aussi vite que je pus. Sa voiture était là. Il était là. Une angoisse grandissante jaillissait de mes entrailles et me coupait la respiration. Mes membres s'engourdissaient, l'air glacé tailladait mes poumons mais peu m'importait : je devais le trouver avant de perdre mon coeur aussi.
Un souffle phénoménal du vent me stoppa dans mon élan : il me balaya en arrière, refusant que j'avance mais je me démenais. Tempête, pluie ou pas, je devais le trouver. Plus j'avançais, plus le temps se dégradait, je ne voulais pas voir des signes partout mais je trouvais ça quand même étrange. J'y étais presque à l'endroit où l'on passait nos après-midis à discuter et à délirer. Je vis notre coin en premier et enfin je l'aperçus au loin, en contrebas.
J'eus un hoquet de frayeur en comprenant la situation : lui, regardant en bas, trop proche du bord. Je secouai instinctivement la tête en m'apprêtant à crier son prénom mais une violente bourrasque me frappa le visage et fit voler mon élastique qui tenait à peine ma queue de cheval. Je retirai les mèches de cheveux de mon visage et repris ma course :
- RAPHAËL ! RAPHAËL !
L'éclat de ma voix prit une éternité avant d'arriver à ses oreilles et lorsqu'il le fit, il se retourna, les yeux brillants.
Je m'arrêtai à quelques pas de lui, aspiré par l'éclat vert de ses pupilles. Leur couleur pâle, flamboyante, familière tordit mon pouls d'adrénaline et le fit sprinter dans mes veines. Ses cheveux foncés ondulèrent sous l'effet du vent. J'étais pétrifié devant sa beauté sombre. Cependant, son expression se mua en une détresse extrême et je lus sur ses lèvres : "Je suis désolée", avant de vouloir sauter dans le vide. Avant de vouloir rencontrer la mort.
* * *
Raphaël
Le temps se confondit avec mon humeur tandis que je contemplais ma prochaine sépulture. Plus les secondes s'écoulèrent et plus mon état de conscience se perdait. Mon volonté d'exister se changeait en un désir de disparaître : je voulais rejoindre ma soeur. Juste au fond de moi, je savais qu'elle serait en colère que j'eus cette pensée, peut-être qu'elle était à côté de moi, là maintenant, me fixant avec reproche. Seule Cléore pouvait me le confirmer. Les larmes vinrent subitement tandis que je me remémorai son visage et les merveilleux moments avec elle. Je l'aimais tellement, comment avais-je pu commettre tout ça et la faire souffrir ? Je détestais qui j'étais devenu, pourquoi je n'avais pas réalisé, pourquoi tout ça m'avait semblé normal ? Je n'avais rien dans le crâne mais Cléore était mon coeur et je l'avais perdu...
- Raphaël !
J'entendais même sa voix maintenant. Ce son était si harmonieux qu'il m'apaisa un peu avant de faire le grand saut. Mais mon instinct me poussa à me tourner, il y avait quelqu'un qui venait vers moi.
C'était elle. Cléore.
Elle s'arrêta de courir en croisant mon regard surpris. Le vent avait décidé d'être bruyant aujourd'hui et menaçait de nous emporter, cependant c'était le regard éperdu de ma Raiponce qui me fit chavirer. Ses yeux noisettes allumèrent une lueur en moi et je la contemplai avidement, ne réalisant toujours pas qu'elle était vraiment là, à quelques mètres de moi. Ses longs cheveux virevoltèrent autour de sa taille et pendant un instant, je m'imaginai courir dans ses bras.
Sauf que je le méritais pas. L'étonnement se changea en douleur, que j'en pleurais d'un coup, mes joues étaient trempées. Je la regardais une dernière fois, m'excusant pour tout et me tournai, me préparant à en finir. Je m'en voulais de lui faire subir ça, qu'elle fut témoin de mon suicide mais c'était trop pour moi, j'avais trop mal, c'était la meilleure chose à faire pour que j'arrête de souffrir. Des gouttes de pluies accompagnèrent mes larmes, je fermai les yeux...
- NOOON!
Le choc me fit vaciller ; je fus coupé par mon élan et tombai durement sur le sol. Près de moi, Cléore se releva rapidement, et me toisa avec fureur :
- TU RÉALISES CE QUE TU ALLAIS FAIRE ESPÈCE D'IDIOT ! MAIS COMMENT TU AS PU OSÉ FAIRE UNE CHOSE PAREILLE !! DEVANT MOI EN PLUS NON MAIS TU T'EN RENDS COMPTE ! TU N'AS MÊME PAS RÉPONDU À MES MESSAGES, TU AS PRÉFÉRÉ PENSER À TE TUER, MAIS QU'EST-CE QUI T'EST PASSÉ PAR LA TÊTE ! ELYSÉE EST TOUT AUSSI EN COLÈRE QUE MOI LA MAINTENANT !
- Putain... soufflai-je, sentant une forte compression sur ma joue.
Et sur ma tête. Mon torse. C'était comme des poings invisibles.
La pluie tombait à flot maintenant mais je pouvais discerner les larmes de Cléore qui avait craqué et elle m'affirma que c'était ma soeur qui m'avait frappé.
- Quoi ?
- Elle est partie, elle est contente que tu sois sauvé mais encore en colère de ton geste. Elle reviendra quand tu seras complètement revenu de la raison pour citer ses mots.
J'avais honte, j'avais toujours mal mais elle m'avait sauvé la vie. Je sentis une énergie étrange couler en moi, reprenant ses droits sur mon corps et mon esprit. J'inspirai une goulée d'air d'air et d'eau et fus soudainement en pleine conscience de mon âme de qui j'étais.
- Je... je suis désolé, lâchai-je, ébahi par ma tentative de suicide. J'ignorais.. j'étais perdu, je souffrais tellement, je n'ai pas réfléchi, je me sentais minable, je t'ai trahi et perdue, je...
Ses yeux brûlants d'amour me consumèrent et j'en perdis mes mots. On était sous la pluie battante mais mon coeur battait davantage que cette tempête et l'effet de sa présence, d'elle qui se rapprochait de moi en créait une autre en moi, non violente, mais tellement douce.
- Je t'aime toujours Raphaël, asséna-t-elle, sérieusement.
- Mais... je t'ai trahi...
Elle secoua la tête et me regarda fixement.
- Je t'aime toujours malgré tout. Il y a des choses que tu dois savoir mais pour le moment, c'est toi qui compte.
Touché par sa déclaration, je ne pus que fondre et laisser mes sentiments pour elle m'engloutir entièrement.
- Cléore... merci de m'avoir sauvé, dis-je, en lui prenant la main.
On se remit debout, elle la garda un moment, la tête baissé. Puis, elle me sourit timidement.
Nous courûmes comme des fous dans la pluie. Plus on s'éloignait, plus je me sentais vivant.
Et libéré.
* * *
Hey, je n'ai pas le temps de corriger le chapitre, j'espère qu'il n'y a pas trop de fautes. Vos avis pour la suite ? a+ L.
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Murmures 2
SpiritualNeuf mois sont passés depuis le dénouement du décès d'Elysée, sœur jumelle de mon amour Raphaël. Et depuis trois mois je suis a la fac en coloc avec mon petit ami. Et aussi avec diverses esprits qui osent parfois attirer mon attention... Les murmure...