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Quelques jours plus tard...


PDV de ???


J'attendais toujours un signe de sa part mais rien. Il ne m'avait plus répondu depuis que je l'avais relancé par message. J'étais contrariée, frustrée de constater que ça n'avait pas l'effet attendu : il aurait dû être à mes pieds depuis longtemps.

 Les vacances n'arrangeaient pas les choses, la distance devait jouer sûrement mais je m'en fichais. Pourtant, ça avait bien commencé : ils m'observaient d'avantage en cours, son regard s'attardait sur moi, sur mon corps. C'était plaisant de voir que je ne le laissais plus indifférent, lui, qui m'avait toujours repoussé. C'était hors de question de le laisser s'en tirer comme ça après ces humiliations au lycée. Peu importe le moyen, j'obtenais toujours ce que je désirais. 

Le voir se rapprocher de moi physiquement me rendait plus satisfaite que jamais. Surtout réaliser qu'il s'éloignait de sa copine pour moi me rendait euphorique : cette petite sainte-ni-touche sans classe devait bien souffrir maintenant que son bien-aimé m'appartenait. 

A la fête, ça s'était arrêté trop vite, trop brutalement notre approche, dommage que nous n'étions pas allés plus loin ce soir-là : j'aurais pu m'en vanter auprès de cette chère Cléore  que son copain avait pris son pieds avec moi bien avant qu'il n'aurait eu l'occasion de le faire avec elle. A cette pensée, je ne pouvais m'empêcher de sourire sournoisement : il ne fallait pas se mesurer à moi car j'avais de meilleures ressources qu'on ne le croyait.

J'avais hâte de retourner à la fac pour mettre à bien mon projet de tout faire capoter entre ces deux-là. Il ne leur restait que le répit de quelques jours de vacances avant qu'ils ne se séparent pour de bon.


* * * 

PDV de Cléore 


Il faisait froid dehors mais je ne pouvais rester enfermer un jour de plus dans ma chambre à penser, m'angoisser au sujet de Raphaël et surtout de notre cohabitation lorsqu'on retournerait à l'appartement... à moins qu'il ne décide de s'installer chez Chelsie. Mon coeur se serra à cette idée. Tout me fendait le coeur et même les murmures ne pouvaient rivaliser avec cet état de détresse.

J'aimerais parler à ma mère !

Il m'a assassiné, l'homme du bar !

Mon père détestait mon chien et je ne peux pas passer de l'autre côté si elle continue de le maltraiter !

....

Deux hommes et un petit garçon ne cessait de me suivre depuis mon départ de la maison. Ils répétaient toujours la même phrase mais tout en évitant de m'approcher, sauf par leur voix qui m'assaillait le cerveau. 

Je n'avais pas la force de les bloquer car leurs émotions pouvaient atténuer les miennes.  C'était comme si mon empathie pouvait effacer ma propre souffrance en ouvrant une brèche aux leurs. C'était plus facile de sentir la souffrance des autres plutôt que de la ressentir par soi-même. 

J'avais réfléchi longuement sur les paroles de ma grand-mère : le fait que Rapha pouvait être poursuivi par une ombre, d'où sa confusion par rapport à son existence, à notre relation... J'avais envisagé d'aller rendre visite à sa mère juste pour vérifier qu'elle avait remarqué l'attitude étrange de son fils elle aussi. Mais, je n'osais pas y aller, de peur de le croiser. J'avais besoin de prendre du recul sur mes sentiments car tout avait changé entre nous. Je voulais l'aider tout en étouffant mon amour pour lui. Mais comment faire alors que c'était tout aussi naturel pour moi de l'aimer que de respirer ? Il était le seul qui avait réussi à faire ouvrir mon coeur, et il serait l'unique personne à en avoir la clé, bien qu'il l'eût jeté sans état d'âme. Tant mieux, elle serait perdue à jamais car je n'aspirais personne d'autre.

Murmures 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant