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PDV Cléore


J'étais dans un état second en arrivant chez moi. Ma grand-mère m'attendait, l'expression inquiète et sans un mot, nous prenions la direction de ma chambre pour discuter.

- Vous avez parlé ? me demanda-t-elle, d'une voix si douce que j'avais envie de pleurer.

- Oui... on n'est plus ensemble. Tout est fini.

Quelques larmes s'échappèrent de mes yeux et Mamie me berça tendrement.

- Ecoute-moi bien Cléore... Je ne crois pas que tout soit fini entre toi et lui. Je sens un lien spécial entre vous, inébranlable. C'est vrai que ça ne veut pas dire que vous resterez ensemble toute votre vie car bien de personnes qui s'aiment ne peuvent être ensembles pour de multiples raisons.. Ce que je peux affirmer est que Raphaël n'est pas dans son état normal. J'ai vu cette ombre, cet aura qui le suit. Il est hanté par quelque chose de maléfique. J'ignore comment mais il faut qu'il s'en débarrasse...

Le fait qu'elle confirme mes craintes chassa ma peine instantanément. Raphaël était en danger. Il était hanté... Comment cela a-t-il pu arriver ?

- C'est de ma faute ? C'est à cause de moi s'il est poursuivi ?

- Non. Bien sur que non. Ce genre de choses peut arriver à n'importe qui, que cette personne soit proche du paranormal ou non.

- Comment faire pour l'aider ?

- Il faudrait qu'il vienne à la boutique... il faudrait que j'ai une séance avec lui pour pouvoir sentir davantage ce qui le hante et comment y remédier.

Je me creusai la tête pour savoir quelle excuse pourrais-je trouver pour l'y conduire. Puis je me souvins brusquement qu'on n'avait plus de raison pour se reparler et mon coeur se brisa un peu plus.

- Tout va s'arranger, ne t'inquiète pas, reprit mamie Gisèle. Pour l'instant, laisse passer un peu de temps : tu ne peux rien faire pour lui si tu ne te ressources pas en énergie positive d'abord, si tu ne te recentres pas sur toi-même.

Je séchai mes larmes et inspirai à pleins poumons :

- Tu as raison, j'ai besoin de récupérer de la force mentale pour pouvoir mieux gérer toute cette situation. Il va falloir que je fasse la part des choses entre mes sentiments pour lui et ce dont il a réellement besoin en ce moment, c'est-à-dire mon aide, pas mon amour...

Elle acquiesça en me tapotant l'épaule en guise d'au revoir puis sortit de ma chambre. Je savais qu'elle avait raison mais bordel mon coeur est en feu. Comment allais*je faire pour surmonter cette rupture ? Comment faire pour éradiquer cette entité qui le poursuit en ce moment même ?

Le doute s'insinua peu à peu en moi, tel un poison qui défiait ma raison : et si c'était à cause de ça si Raphaël s'était peu à peu éloigner de moi pour se rapprocher de Chelsie ?

Mais malheureusement je me souvins que ce n'était surtout pas cette entité qui avait choisi à sa place. Ce n'était pas elle qui était sortie de la pièce à cette fête... ni qui avait flirté avec l'autre... c'était lui qui l'avait fait, lui qui était allé voir ailleurs alors que j'avais confiance en lui. C'était ça la vraie vérité et je me devais de l'accepter, même si ça me tuait de l'intérieur car malgré tout, je continuais à l'aimer aveuglément...

* * *

PDV Raphaël

J'étais seul. Ma mère était sorti avec son nouveau compagnon et ça me rassurait de savoir qu'elle allait mieux. Regarder ses peintures m'avait toujours rassuré, réconforté car je m'y perdais dans mes interprétations imaginaires. Moi et ma soeur jumelle défunte, Elysée, on l'avait souvent fait et on s'amusait à partager nos points de vue, qui étaient rarement opposés, je l'avoue...

Penser à elle me rendait mélancolique comme toujours mais la blessure faisait moins mal avec le temps, bien que la morsure de son absence demeurerait à vie. Tout à coup, je me sentais étranger à moi-même, de ma chambre, de ma maison tout entière. Je ne me comprenais plus, je savais juste que je voulais être seul. Ou bien retourner auprès de Chelsie... Une part de moi restait toujours choqué, outré de cette situation avec elle mais elle était devenue si infime, si insignifiante par rapport à l'attraction irrationnelle que j'avais développé soudainement pour cette fille. De toute manière, on ne pouvait contrôler les émotions, les sentiments, non ?

Lorsque je commençais à réfléchir de la sorte, à tenter de comprendre le pourquoi du comment avec Chelsie, avec Cléore, une immense torpeur me submergeait à chaque fois, annihilant toutes pensées logiques, puisant toute mon énergie vitale.

J'ai besoin de dormir...

Mon téléphone vibra et je vis que justement Chelsie cherchait à savoir où j'étais, si on pouvait se voir. Je lui répondis que je passais les vacances chez ma mère et je sombrai avant de recevoir sa réponse.

Je suis perdu dans un genre d'endroit en forêt. Il fait nuit autour de moi mais je peux entendre le bruissement assourdissant du vent dans les branches des arbres, les hululements plaintifs des hiboux et des grognements graves, si graves qu'on doit tendre l'oreille pour les percevoir. Je marche sans savoir où je vais, j'ai peur, si peur que mes jambes tremblent.

Je me sens oppressé que j'ai peine à respirer, l'angoisse me ronge tant que je m'affaisse et touche le sol terreux. Froid. Dur.

Tu es seul.

Un murmure se fraye lentement un chemin dans cette forêt maudite, malgré l'obscurité, il se dirige droit vers moi. Il sait où je suis. Il connaît mes faiblesses.

Tu es seul... tu es seul.... tu es seul....

Ce n'est plus un murmure mais une voix qui vient vers moi. Une voix aux intonations si basses que j'en tremble de panique. Je ferme les yeux, m'attendant à être attaqué, voire pire.

- Tu es moi. Je suis toi. Lâche-prise et la paix tu retrouveras. Tu ne seras plus jamais seul...

Je me noie dans le désespoir. Je n'ai plus l'amour. J'ai perdu ma soeur, mon ame-soeur, et ma mère n'a plus besoin de moi. Elles donnaient un sens à ma vie, sans elles, je ne valais rien. Je ne vaux rien. Je n'ai plus envie de rien ressentir, je veux me laisser aller vers ce néant de la conscience. Le murmure m'encourage en devenant voix extérieure puis... commence à devenir voix intérieure.

Mais...

A travers mes paupières closes, une lumière incandescente m'éblouit.

Et un autre murmure se fait subitement entendre :

- Raphaël. Tu n'es pas seul...

Cette intonation mélodieuse m'est aussi familière que ma propre voix.

Celle de ma jumelle.

Sous le choc, je me réveillai brutalement.

- Elysée...

Et sans rien comprendre, je me mis à pleurer sur mon sort.

* * *

Hey ! Après un long moment d'absence, j'ai enfin réussi à terminer ce chapitre ! (y'a-t-il encore du monde ici ? MDR)

Quelle épreuve pour nos deux héros... a + ^^ merci d'avoir lu

L.

Murmures 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant