Chapitre 21

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Si j'étais dans un dessin animé, ma mâchoire inférieure tomberait au sol tellement je suis stupéfait. Il nous regarde tour à tour avec un sourire désabusé. Il hausse les sourcils quand ses yeux s'arrêtent sur moi : une petite lueur se met à y briller, une lueur que j'ai déjà vue. Un courant électrique traverse mon ventre : je sais exactement ce qu'il a en tête.

C'est alors que Jonas bondit et lui arrache des mains en criant : « Noooon ! c'était pour une fille !!! Je pensais que ce serait une fille qui l'aurait ! Pioche un autre papier ! »

Tout à coup remises de leur surprise, Mel et Lya excitées comme des puces, braillent en chœur :

- Pas question !! C'est le jeu !!! On en a vu de pires, hein !! » C'est vrai, ce genre d'épreuves sont les plus croustillantes finalement, et il y a toujours quelqu'un pour en avoir l'idée.

Dans mon cerveau, une bataille rangée s'organise entre la raison et les émotions, mais comme d'habitude le suspens ne dure pas : la raison bat en retraite au bout d'une seconde et demie. Je veux qu'il le fasse, voilà tout.

Connor se tourne vers Mel et Lya. Il s'est composé un visage d'innocence et de vertu – il est trop beau, même si c'est du cinéma :

- Alors, les filles ? Verdict ?

- Tu embrasses un garçon.

C'est Mel qui a parlé. Après tout, c'est la seule qui pourrait s'opposer à ça. Enfin, pour être tout à fait juste, je pourrais aussi. Je devrais le faire, même.

- Ok. Puisqu'il le faut, soupire-t-il comme s'il était soumis à la torture. Je me retiens de lever les yeux au ciel, tandis que ça tambourine de plus en plus fort dans ma poitrine.

Connor pivote vers Jonas et moi. Les filles, un peu en retrait, gloussent comme des midinettes assistant à leur premier concert.

- Bon, Jonas, tu viens d'annoncer que tu es amoureux : je ne me sens pas de perturber cette belle histoire... tu ne m'en veux pas ?

Jonas sourit en levant les deux mains :

- Non, mec. Je ne t'en veux pas. Je te remercie de ta sollicitude ! » puis il recule de quelques pas, pour me laisser seul face à Connor. Celui-ci tourne le dos aux autres, je suis seul à voir son visage se transformer, le sourire tellement, tellement craquant qu'il m'adresse, ses yeux qui brillent.

Il s'approche lentement :

- Bon, Sam... c'est toi alors.

- Sam ! Tu peux fermer les yeux si tu préfères, hein !

Je me penche sur le côté pour répondre à Lya, que Connor cache à ma vue : « Ok ! Merci ! Je suis soulagé ! »

C'est juste une situation complètement folle. Je n'ai aucun remords : je suis vraiment un chien. Mais Connor est devant moi, tout près. Il va m'embrasser devant tout le monde. Il a intérêt à le faire, maintenant. Et je veux sentir que c'est un vrai baiser. Malgré eux. Malgré Mel. Malgré moi.

Connor s'approche doucement. Comme je suis assis sur un tabouret, il doit se pencher un peu. Je reconnais son odeur, son souffle. Je ferme les yeux, puisqu'on m'y a invité. Mais pas pour fuir l'idée de l'embrasser : pour mieux l'apprécier.

Ses lèvres sont douces. Il les pose sur les miennes avec une délicatesse absolue, comme il le fait à chaque fois depuis 3 jours. Déjà. Seulement. Avec tendresse, avec légèreté. Les caresses de nos langues se font le plus discrètes possible. Ses pouces sur mes joues me manquent, mes mains sur sa peau me manquent. Mais ce baiser est l'un des plus beaux que nous échangeons. Parce qu'il est subversif. Interdit. C'est le baiser que je voulais, puisqu'on nous l'a demandé.

Les étoiles de Persée 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant