Chapitre 45

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J'ouvre les yeux après une poignée de secondes – ou d'heures, vraisemblablement – plus tard. Connor sème des baisers sur mon cou. Il m'entoure de ses bras, je sens son corps dans mon dos tout contre moi, nos jambes sont emmêlées.

La luminosité de la chambre est bleutée. Il doit être tôt.

- Mon cœur ?

- Oui, Samuel...

Le timbre grave de sa voix vibre dans mon cou. Je roule sur moi-même et me retrouve face à lui. Ses yeux sont rieurs, comme le plus souvent. Nous nous embrassons – j'imagine une vie où ce serait comme ça tous les matins... il va falloir la mériter, non ?

- Quelle heure est-il ?

- Mmmh... 8 heures.

J'ouvre des grands yeux.

- 8 heures ? Déjà ?

Il me sourit :

- Sauf si les horloges se sont toutes donné le mot dans la nuit pour détraquer le temps... il est 8 heures... et une minute maintenant.

- Ok. Il faut aller à l'essentiel, aujourd'hui, non ?

Il hoche la tête d'un air sérieux.

- Alors pour commencer... je t'aime.

Et je l'attire vers moi : il est trop beau – et je refuse de résister à ce genre de tentation.

- Tu sais, j'ai réfléchi à ce que nous avons prévu hier soir... pour le retour, dit-il doucement dans mon cou après quelques secondes. « Je ne sais pas si c'est une bonne chose que je m'arrête à Santa Fe... »

Je me raidis instantanément et m'écarte un peu de lui pour mieux le voir. Il ne plaisante pas.

- Je préfèrerai moi aussi retarder le plus longtemps possible notre séparation, mais pas dans n'importe quelles conditions. Est-ce que je vais pouvoir te serrer dans mes bras, à Santa Fe ? Où aller ? On ne va pas se dire au-revoir sur le bord du trottoir, si ? Je veux pouvoir te dire je t'aime et t'embrasser avant de te quitter. Tu comprends ?

Je comprends, évidemment. Mais je déteste ça. Je reste muet pendant de longues secondes, refusant tout simplement la réalité telle qu'il l'évoque – c'est pourtant celle que nous allons vivre désormais.

- Qu'est-ce que tu veux que je dise ?

- Ici, nous sommes dans une bulle... je t'aime au grand jour ou presque, rien ne vient abîmer ça. Je ne sais pas ce que va être la suite, mais je voudrais garder ce privilège jusqu'au bout... et puis on se voit dans une semaine – même pas : 5 jours.

Je pousse un long soupir – nous n'avons pas tellement le choix, de toute façon. Et même pour ce qui est de vendredi, comme de toutes les fois où nous nous verrons – au moins pour commencer – il faudra mettre sur pied toute une organisation pour que nous puissions nous retrouver vraiment.

- Je n'ai pas envie de reconnaître que tu as raison. Point. Fin de la discussion.

Il ne sourit même pas. Je suppose que ça ne lui fait pas plus plaisir qu'à moi. Il caresse mes lèvres avec son pouce, y pose un baiser en murmurant :

- Je t'aime.

Puis d'un mouvement leste il s'assoit en tailleur sur le lit et s'empare de son carnet à dessins posé sur la table de chevet.

- Est-ce que tu en veux un... ou deux... ou autant que tu le souhaites ? J'ai ta chanson, moi.

Je me redresse et m'assois face à lui. Oui. J'aimerais bien avoir un dessin ou deux de Connor avec moi. Tout le temps. Un objet transitionnel, qui le remplace en son absence – comme un doudou, quoi. C'est le pédiatre de Serena qui m'a expliqué ça, il y a quelques années, lorsqu'elle a décidé, un été, de prendre un de mes tee-shirts pour dormir quand je n'étais pas là. Le problème était que c'était mon tee-shirt préféré des Lakers. Merde. Évidemment, j'ai fini par céder.

Les étoiles de Persée 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant