*27 décembre*
Connor n'a pas dû prier assez fort : il fait un soleil radieux lorsque j'entre à 8h dans le grand salon, et le ciel est d'un bleu de cristal qui me fait plisser les yeux. Je m'étire sans retenue, devant le paysage majestueux qui s'offre à moi. C'est vraiment trop beau. Il faut que j'envisage de vivre dans le coin.
Comme je suis le premier, je prépare le café, sors les œufs, le bacon, les céréales et le jus d'orange. Rick a aussi pensé à remplir le frigo. J'adore mon oncle.
Tout à coup, deux bras m'enlacent affectueusement – je manque de lâcher les bols tellement je suis surpris.
- Coucou beau jeune homme, murmure une voix que je connais bien à mon oreille.
Je fais volte-face et m'écrie :
- Mel ! Qu'est-ce que tu fous, bordel ?!
Décontenancée par la brutalité de mon geste, elle fait un bond en arrière. Manifestement, elle ne s'attendait pas à cette réaction. Dois-je préciser que je ne m'y attendais pas non plus ? Pendant des semaines, j'ai rêvé jour et nuit de cette fille, de sa peau sur la mienne et de son souffle dans mon cou... et là... quoi ? Je ne sais pas.
Elle me regarde avec des yeux ronds, comme si j'étais un étranger. J'ai l'impression qu'elle ne reconnait pas le garçon debout devant elle. Je pose les bols sur le bar. Je m'approche et pose mes mains sur ses épaules. J'essaye d'être le plus délicat possible... Je veux la rassurer elle, mais peut-être moi aussi ?
- Ecoute Mel... pardon. Je n'aurais pas dû crier. Mais là, maintenant, il faut que tu saches... je crois que tu ne t'es pas rendu compte... c'est de ma faute aussi, j'aurais dû te le dire... On s'assoit ?
Elle prend place sur un tabouret, et moi sur un autre. Elle a un caraco à bretelles et un long pantalon fluide en satin gris, qui épousent ses formes parfaites. Je réalise que si je ne suis plus amoureux d'elle, il se trouve malgré tout qu'elle m'attire toujours. Ça m'emmerde.
Elle attend que je parle.
- Mel, est-ce que tu sais à quel point j'ai souffert de notre rupture ? Comme ça a été difficile pour moi ? Je commence maintenant à m'en sortir, je le sens... Tu es ma meilleure amie, la personne qui compte le plus pour moi après ma famille, tu le sais hein ? Mais je ne peux pas supporter ce genre de choses, parce que tu as été trop importante pour moi. Je nous ai vus vieillir ensemble, tu sais. Tu es importante pour moi, je te le redis : tu es là, dans le chalet de ma grand-mère, avec ton copain... c'est une preuve non ? Ne fais plus ça, s'il te plaît. Nous n'avons plus ce genre de relations...
- Quel genre de relations ?
Connor se tient à quelques mètres de nous. Je ne sais pas depuis combien de temps il est là, ce qu'il a entendu. Son visage est fermé, ses yeux sont aussi sombres qu'un sous-bois avant l'orage.
Mel, qui a les larmes aux yeux, se tourne vers lui, l'air implorant. Elle se jette contre son torse sans un mot. Il l'accueille dans ses bras, sans détacher son regard du mien. Évidemment.
Avant qu'il ne pose la moindre question, elle explique :
- C'est de ma faute, Babe. Je voulais être sûre de garder Sam, d'une certaine façon. Même si c'est avec toi que je veux être. Pardon. Pardon.
Il caresse ses cheveux doucement, lui murmure des mots tendres en posant des baisers sur ses cheveux. Je n'ai pas envie de savoir ce qu'il peut lui dire. Je continue à préparer le petit-déjeuner sans m'occuper d'eux, tout en me demandant ce que j'ai pu lui trouver d'intéressant, mis à part son cul. Je sais que c'est de la pure vengeance, et que je vais le regretter, mais je qualifie Mel de tous les noms bien pourris que j'ai en tête pendant les minutes qui suivent. Et ça me fait du bien.
Finalement, avec l'arrivée de Jonas et Lya, autour des toasts au bacon et des œufs brouillés, l'atmosphère redevient plus sereine. Nous nous promettons même pour le soir une veillée « défi » en équipe, histoire de bien entamer les vacances.
Alors que l'on est en train de se lever, Mel fait un geste de la main.
- S'il vous plait. Je voudrais juste 5 minutes. » Elle esquisse un sourire timide et gêné, comme si elle s'excusait de réclamer notre attention, et pose son regard sur Lya, Jonas et moi tour à tour.
Connor semble surpris – je suis d'accord, ce n'est pas du tout dans le genre de Mel de solliciter l'attention. En général, elle lui est acquise sans même qu'elle ait à le demander.
- Voilà. Je voudrais vous demander pardon. Je veux dire, je sais que ces derniers mois ont été difficiles, que je n'ai pas assuré. J'ai fait comme si rien n'avait changé entre nous, comme si la Brownies Team existait toujours. Alors que c'est moi qui l'ai faite exploser. Mais en réalité, j'avais à la fois peur de la décision que j'avais prise, peur de vous perdre mais j'étais aussi sûre de ce que je ressentais pour Connor. J'ai merdé. Je le sais.
Elle fait une pause, en nous regardant dans les yeux tour à tour. Elle s'arrête sur moi.
- Surtout vis-à-vis de toi, Sam. Tu comptes tellement. » ajoute-t-elle en me tendant la main. « Tu es celui qui m'a aidée à grandir, en évitant de devenir une pétasse qui ne pense qu'à sa popularité... encore que » finit-elle en pouffant.
Je ne peux pas me retenir de sourire et je saisis sa main... à cet instant, je me souviens des raisons qui m'ont poussées vers elle : même s'il lui arrive d'être cette fille superficielle et hautaine que je déteste, elle est aussi capable d'une telle auto-dérision qu'elle en devient une personne vraiment authentique.
Après tout, personne n'est parfait !
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Les étoiles de Persée 1
Genç Kurgu(TERMINE) Sam a 17 ans. Il est passionné d'astronomie. Il connait Mel, Lya et Jonas depuis l'enfance - ensemble, ils forment la Brownies Team. Pour célébrer le nouvel an, Sam a invité ses trois meilleurs amis à passer une semaine de vacances dans le...