Chapitre 44

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La nuit est déjà bien avancée lorsque nous nous retrouvons dans notre chambre. Quand j'arrive, il est allongé sur le dos, les yeux au plafond – exactement comme je l'étais la nuit dernière. Il a peut-être moins de questions sans réponses que je n'en avais, mais d'autres se sont ajoutées à la liste, alors... Je m'allonge près de lui. Je glisse ma main sous son tee-shirt et caresse sa peau.

- Est-ce que tu veux bien enlever ton tee-shirt pour cette nuit ? J'ai trop envie de te sentir contre moi.

Il hoche la tête en souriant. J'enlève mon débardeur aussi. Je m'approche, tandis qu'il pose ses mains sur mes hanches, pour m'attirer vers lui. Je sens la chaleur de son corps avant même qu'il ne me touche – mes veines s'enflamment instantanément. Quand nos deux peaux se joignent, un frisson de plaisir me traverse de part en part. Ses bras m'enserrent – nous avons besoin de nous retrouver, de nous fondre l'un dans l'autre. Comme la nuit dernière, je passe une jambe par-dessus sa hanche. Il y étend aussitôt sa main pour la retenir contre lui.

Il murmure dans mon cou :

- Je t'aime, mon Samuel des étoiles.

- Moi aussi, mon cœur. Je t'aime.

Nous nous embrassons, amoureusement, fiévreusement, passionnément. Nous nous caressons tendrement, langoureusement, éperdument. Lorsqu'il s'éloigne, je n'ai qu'un réflexe : le ramener à moi. Il demande doucement :

- Demain. Comment fait-on ? Est-ce que je rentre à Albuquerque directement, est-ce que je m'arrête à Santa Fe ?

- Je préfère que tu t'arrêtes – si j'ai le droit de donner mon avis.

Il sourit :

- Evidemment que tu as le droit. Je te le demande même.

- Alors je préfère que tu passes par Santa Fe, pour que l'on puisse se dire au-revoir après que j'ai déposé Jonas.

- Ok... Sinon, je ne sais pas comment c'est pour vous, mais à La Cueva, nos téléphones doivent être éteints du premier au dernier cours. Ils sont super chiants pour ça. Il y a une tolérance à midi – si on sort des bâtiments.

J'esquisse une grimace :

- Chez nous aussi, en théorie, c'est interdit... mais ils sont assez cool : on peut les laisser en mode avion s'ils restent dans nos poches, et qu'on ne les sort qu'en dehors des salles de classes. On s'appellera après les cours, pas grave. Par contre, c'est chez moi que les règles sont plus strictes : pas de téléphone au moment des repas, pas de messages ni de conversations en dehors de ma chambre.

- Mes parents s'en foutent. Ils ne sont jamais là de toute façon. Pas grave non plus, j'attendrai que tu aies fini de manger.

Nous nous sourions en nous approchant de nouveau l'un de l'autre : les règles qu'on nous impose ne nous importent pas, nous trouverons toujours un moyen de les contourner ou de nous en accommoder - elles ne nous empêcheront pas de continuer notre histoire. Mon cœur se serre de tendresse en prenant conscience que nous sommes deux face au reste du monde, et que ça nous rend plus forts. Après un long baiser, nos lèvres se séparent lentement une nouvelle fois, nos yeux ne se quittent pas. J'ai envie de lui dire « je t'aime » en boucle, et même si les mots ne franchissent pas mes lèvres, mon esprit le murmure à chaque seconde : je suis certain qu'il l'entend, grâce à notre super-connexion astrale. N'oublions pas que nous sommes deux étoiles de la constellation de Persée, dorénavant.

Nous continuons d'organiser le retour à la réalité – cela me pèse, mais c'est aussi vraiment rassurant de pouvoir se projeter et réaliser que ça va être possible. Que « nous » est possible.

- En temps normal, j'ai deux entraînements par semaine – le lundi et le jeudi. C'est en fin de journée – le club est assez loin de chez moi – je mets bien 20 minutes pour y aller. Je ne suis pas à la maison avant 19 heures en général. C'est moi qui t'appellerai, si tu veux : ce sera peut-être plus facile.

- Ok, c'est bien comme ça. Mes entraînements à moi ont lieu l'après-midi, puisque je nage avec l'équipe du lycée. En revanche, j'ai parfois des compétitions le samedi. Mais on le sait bien en avance – on arrivera à s'organiser.

- Oui, je m'en fous, je viendrai le dimanche.

Il hoche la tête d'un air entendu. Nous nous taisons durant quelques minutes. Je suppose que nos réflexions sont identiques : jalonner au maximum les jours à venir de repères, pour qu'ils passent plus vite, pour que ce soit moins difficile. Mais je ne parviens pas à me débarrasser de la boule d'anxiété qui s'est installée au fond de mon ventre. Je passe mes doigts dans ses cheveux, pour dégager son visage des quelques mèches qui s'y sont glissé. Sa main sur ma cuisse va et vient doucement, jusqu'à ma hanche, ses doigts suivent la ceinture de mon pantalon en effleurant ma peau – je réprime un frisson : la sensualité de ses caresses me renverse littéralement à chaque fois.

- Quand nous sommes ensemble, et que je sens tes mains sur moi, je ne suis pas pressé d'être demain... et encore moins quand j'imagine l'accueil que me réserve probablement ma mère...

- Pourquoi ?

- Sutton Cornell l'a prévenue dès que vous êtes arrivés à Santa Fe il y a 3 jours. Je ne sais pas ce qu'il lui a dit, mais elle était furax. Elle m'a appelé en exigeant des explications : elle veut savoir pourquoi Mel est rentrée si précipitamment. Elle connait bien la famille de Mel, après toutes ces années. Et elle a horreurs de faire des histoires, ou d'y être mêlée – surtout quand ça peut faire du tort aux uns ou aux autres. Le deuxième prénom de ma mère, c'est Justice. Bref, je ne sais pas trop ce que je vais lui dire... surtout qu'elle va forcément voir mes mains... pffff ça me saoule d'avance.

- Tu me raconteras... chuchote Connor sur un ton d'encouragement.

Après quelques secondes, il ajoute :

- ... et puisque tu en parles, j'ai eu un message de mon père moi aussi. Il sait déjà que j'ai quitté Mel puisque je le lui ai dit l'autre soir. Il avait déjà pété un câble, mais il est toujours furieux... comme ta mère, sauf que ce n'est pas pour les mêmes raisons, je le crains... S'il était soucieux au moins de ce que peuvent éprouver les autres... Mais non, lui, c'est juste pour les affaires. Il voyait d'un très bon œil pour sa carrière et sa place dans le groupe le fait que son fils soit avec la fille du patron. Il n'y a que ça qui l'intéresse – je suppose que ma décision remet en cause ses espoirs de promotion... Bref, je ne suis pas pressé non plus d'arriver chez moi. 

- Je penserai à toi, dis-je en effleurant ses lèvres de mon pouce. Ça va le faire.

- Évidemment ! Moi aussi je penserai à toi. Je pense toujours à toi. Et je t'écoute aussi. Tiens, ça fait longtemps d'ailleurs, et puisque tu ne peux plus me jouer de guitare...

Il se redresse sur un coude et passe son bras au-dessus de moi, pour attraper son téléphone sur la table de chevet. J'en profite pour semer quelques baisers sur son torse tout près de mon visage – avant qu'il ne reprenne sa place. Sa peau est parsemée de frissons, je le sens sous mes doigts qui ne se lassent pas de le caresser.

- Je ne sais pas comment tu arrives à faire ça, remarque-t-il en plissant les yeux d'un air suspicieux, ... mais j'adore.

Il lance Petite Marie et pose son téléphone entre nous, en étreignant le bas de mon dos pour me rapprocher de lui.

- T'embrasser, caresser ta peau, te serrer contre moi tout en écoutant cette chanson est simplement le plus grand shoot de bonheur et de plaisir que j'ai connu jusqu'ici.

Je passe mes bras autour de son cou, puis nos lèvres scellent avec passion cette nouvelle déclaration d'amour, pendant que sa main dont je sens la chaleur à travers mon pantalon, suit en douceur la courbe de mes fesses jusqu'à ma cuisse, qu'il étreint contre lui tendrement...

Quelques minutes plus tard, comme la veille, il éteint la lampe et remonte la couette sur nous. C'est l'heure de dormir.

Les étoiles de Persée 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant