I Will Remember

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On A Cold Winter Day - Adi Goldstein







Je me souviendrai du ciel, et de la façon dont il dévorait le paysage

Le recoin morne de mes yeux,

Et l'ambiance lumineuse de la ville

Je me souviendrai du sol qui craquait sous mes pieds

De cette sensation qui a fini par me manquer, dans mon sommeil

Des mots, qui se sont étourdis

Non loin de la folie,

Et de l'expression vague et mutilée du désespoir

Plus rêveuse,

Plus faible et désireuse que jamais,

J'ai souhaité vivre

Comme chacun de mes poèmes le répète sans fin,

Un tant soit peu

J'ai souhaité vivre

Je n'ai demandé ni le temps, ni le ciel, ni l'amour

Je n'ai désiré ni le tout, ni le néant, ni le démentiel

J'ai souhaité tout posséder,

En un même instant

Et la mort et la vie

L'indifférence, et l'irrépressible

La déchéance des souvenirs le soir venu,

Le fascinant d'une blessure

J'ai souhaité tout posséder, comme s'il s'agissait d'un rêve mortel,

Ou d'une vie, dont on finissait par se réveiller un jour

Je me souviendrai ne jamais avoir su,

De quoi il s'agissait vraiment.




Je me souviendrai de Rouen, et de l'espoir

De la nuit qui dégringolait sur les facades,

Et du reflet de la lune sur les pavés

Je me souviendrai avoir cru,

Effleuré

Adulé

Aimé

Je me souviendrai du soleil, et d'un printemps trop bleu

Je me souviendrai des jours que je n'ai jamais su voir,

Et des nuits dans lesquelles je me suis abandonnée

Les yeux rouges

L'ivresse

Puis,

L'efflorescence de l'indicible

De ce que je ne suis plus parvenue à écrire,

Ni même à ressentir.




Je me souviendrai de la peine qui perçait l'écran,

De la lueur sourde d'un lampadaire par ma fenêtre

Et de la saveur obscure des larmes

Je me souviendrai de cet instant,

Où l'univers se suspend

Et je tombe

Là où il n'est plus

Là où il a cessé d'être

Je me souviendrai,

Des médicaments que j'ai avalé

Et de la proximité soudaine des Lucioles

Je me souviendrai de ce qui faisait sens, et a cessé d'en faire partie,

Au même moment

Pour une brisure

Une cassure

Un jour de trop,

Une étoile malade

Je me souviendrai de l'atmosphère sordide,

Et de sa douceur

Qui m'a donné envie d'y rester.




Je me souviens de la chaleur

Et de cette place, où la musique enchantait la foule

Je me souviens de mes pas lourds,

Et de la trajectoire des oiseaux

De mon âme qui flottait,

Là où plus rien ni personne

Ne pouvait l'atteindre.




Je me souviens de l'heure où l'horizon se couvrait de dorures,

Et les visages blêmes semblaient s'éclairer

De quelque chose qui les dépassait

Je me souviens m'être sentie vivre,

Blottie dans l'éclosion du soir

Un jour et tant d'autres,

Égarée dans l'univers que j'avais fait mien

De solitude et de tendresse

De rancœur,

D'essentiel

Et de poésie brûlante

Flamboyante

Somptueusement agonisante.
























Le Ciel ne s'est Jamais ÉteintOù les histoires vivent. Découvrez maintenant