On The Road At Night

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Cry - Cigarettes After Sex







Mon papa,

Le regard fixé sur la route

Morcelée d'erreurs

Le bitume craque sous la souffrance

Et tu roules trop vite,

Bien trop vite.




Mon papa,

Abasourdi par les dissonances du monde

Le coeur atrophié par les calmants

Le regard flou mais les croyances limpides

Tu roules vite,

Tu penses mal

Tu vis comme si tu étais mort,

Comme si nous étions déjà

Tous morts.




Mais tu n'aurais jamais imaginé,

Les larmes diluviennes

Et la haine monstrueuse

Pas une seule seconde tu aurais imaginé le chaos,

L'inéluctable raison d'en finir à chaque seconde.

Tu n'aurais jamais songé au visage fermé, au regard noir de détresse

Ta petite fille était si souriante, si pleine de vie

Ta petite fille avait peur que tout s'arrête,

À présent elle est terrifiée à l'idée de ne jamais voir ce désastre prendre fin.

Ta petite fille pleurait à l'idée que le Soleil meurt un jour,

Que la Terre soit balayée de l'espace, et la moindre forme d'existence exterminée.

J'avais peur des milliards d'années à venir,

Je voulais vivre comme si j'étais surhumaine

Comme si rien n'avait plus de sens que de me réveiller un jour de plus.

Alors pourquoi ?

Pourquoi ne m'as tu pas offert cette vision-là ?

Pourquoi n'as-tu pas su protéger cette insouciance ?

Pourquoi as-tu enterré avec ton propre bonheur ce que j'avais de plus précieux ?

Aujourd'hui, je voudrais pleurer le Soleil à nouveau,

Le supplier de ne rien détruire

Mais je ne peux m'empêcher de désirer le voir imploser,

Ravager

Dévaster

L'entièreté du monde auquel je tenais tant.

Je ne peux m'empêcher de lui jeter ce regard impitoyable,

Espérant secrètement le voir resplendir de mille feux une dernière fois

Une dernière fois avant le noir complet,

Une dernière fois avant qu'il ne reste rien.




Tu n'aurais jamais cru pouvoir un jour pousser à la mort

Celle a qui tu avais offert la vie.

Mais j'ai fini par comprendre qu'être amené à vivre n'était pas toujours une chance

Je crois que cette chance, on la crée.

On se doit malgré nous

De la créer.

On fait de cette opportunité une vie,

De cette existence une fraction du monde,

De cette fadeur quelque chose de grandiose

De l'incohérence la poésie la plus violente

De l'insipide le vide béant auquel on s'arrache

De l'éphémère,

L'indélébile

De chaque visage

Une raison de poursuivre,

Ou bien d'abandonner.




La route est gris sombre

Le ciel, trop profond pour y noyer ses yeux

Sur le bas-côté,

Les réverbères se lamentent

Le soir se fissurent

Et les espoirs fanent.




L'impact est proche,

Pourtant la vitesse nous emporte droit vers l'éternel

La réalité foudroie l'insouciance,

Meurtrie de toute part

Dans l'habitacle.

L'impact est proche

Mais c'est moi

À présent

Qui suis au volant.




La route

Est broyée

Par les larmes.




Nous sommes morts

Quelque part

Sur le bord de l'autoroute.

Nous sommes morts

Dans nos songes

Il y a longtemps déjà

Et je ne parviens plus

À ralentir

Et je ne tente plus

De survivre.





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⏰ Dernière mise à jour : Jan 08 ⏰

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Le Ciel ne s'est Jamais ÉteintOù les histoires vivent. Découvrez maintenant