Oceans - Tracey Chattaway
Je m'étais mise en tête que rien n'aurait plus jamais de sens dans ces rues,
Que les dégâts d'un monde qui a cessé de fonctionner
Je me suis tenue à ces paysages froids et ternes,
À ces instants heureux réduits en poussière
J'ai fait de cette ville ce qu'en aurait retenu la petite fille nostalgique que je suis restée
Une immensité bourdonnante,
Démence impardonnable
Je me suis demenée pour la haïr, comme pour l'aimer à nouveau
Mais je n'ai jamais rien retrouvé
De lumière orangée qui alimentait mes espoirs,
Ni de la texture poisseuse des soirs qui empestaient la mort
Je n'ai jamais rien retrouvé des mots qui me calcinaient la gorge,
Ni de l'étincelle qui éclaboussait certains soirs,
La certitude de ne plus rien avoir à offrir.
Je déambule maintenant à travers ce que le temps à conservé,
Des épines et des larmes, des fleuves et des oiseaux
Je promène désormais mon ombre entre les bars et les ruelles fantômes,
Où la nuit fait rage
Au devant de cet océan de rails qui fourmille à l'horizon,
Je piétine les souvenirs placardés au sol par les années.
C'est un joyeux cimetière,
Les gens s'agitent sur les traces de nos pas,
Et flânent au bord de la fontaine où nous nous sommes embrassés
Le long des restaurants, des quais, des fleurs dans le parc
Aux alentours de la gare, des avenues commerçantes, de ces jardins que je pensais secrets
Leur sourire enterre ce que j'avais souhaité laisser intact,
Leurs yeux éclairent le vide immense qu'il en resté
Et à chaque fois que je croise leur regard,
Je dévisage la personne que je ne suis pas encore
Celle que je pensais ne jamais devenir.
La douceur du soir me fait frissonner
Alors que le tram déambule avec lenteur
Je ne tangue plus trop fort,
Ni plus assez
Je me contente de goûter le paysage là où il me dévorait auparavant
Je suppose qu'il me dévore toujours, mais que j'ai cessé d'en souffrir
Que l'océan du ciel s'est apaisé,
Mais que le sens lui, demeure brûlant.
Je suppose que mes mots semblent tristes,
Qu'ils le sont peut-être, et qu'ils le hurlent certainement,
Mais il devait en être ainsi
Pour tenter d'entrevoir autre chose.
J'ai cessé de répondre à la tendresse,
Cessé de boire lorsque le désespoir appelle l'ivresse
J'ai cessé de tenter de marcher droit,
Le long de ces rues de lumière
De ces paysages que j'ai cessé de faire miens
J'ai laissé mourir un peu de ce que je suis,
Un peu de qui j'étais
J'ai fait renaître,
J'ai accepté de devenir
J'ai voulu vivre
Encore
De nouveau
J'ai voulu vivre.
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Le Ciel ne s'est Jamais Éteint
PoesíaEt tant pis si tout cela ne peut pas durer Demain, j'attendrai la vie, J'attendrai la mort Le désespoir au cœur, Ou la rage de vivre au bord de l'âme J'attendrai l'amour, l'extase et la poussière Les sourires qui mutilent et la poésie démentielle J'...