Le Ciel ne s'est Jamais Éteint

To Save A Life

Chasm - Tony Anderson

Je suis arrivée dans ce monde le cœur vide et obnubilé par la lumière

Mon ignorance se ravissait de l'essentiel des choses,

L'amertume de ce qu'on voit se consumer

Avant même d'avoir vraiment pu distinguer son sens,

Et l'abérant impact de son existence.

Je suis venue au monde sans savoir comment ni pourquoi

Sans comprendre si je devais attendre la vie,

Ou bien la mort

Ce soir je n'attends ni l'une ni l'autre,

Il semblerait qu'elles aient cessé de me tourmenter

De faire pleuvoir les bombes lorsque je les acclame

Non, ce soir,

L'essentiel n'a pas changé de camp

Je suis juste,

En paix.

En paix avec ce mal-être qui t'étrangle et me brise le cœur

En paix avec les Lucioles,

Aussi longtemps qu'elles continueront de s'égarer

Je suis en paix avec le temps qui n'arrange rien, ou soigne tout

En paix avec l'incohérence, l'ignorance,

Le chaos

En paix avec la pluie fracassante qui me réduit les forces en miette

Et paix avec le souvenir amer de tes malheurs et des miens,

En paix avec ces vies gâchées,

Et le visage implorant de mon père

Lorsque je pensais encore pouvoir sauver quelque chose,

La partie minuscule qui changerait tout,

L'infime instant,

Où l'espoir saurait renaître.

Je suis arrivée dans ce monde le cœur vide et la raison en vrac,

Jamais vraiment comblée

Toujours à la recherche d'une raison de l'être

Raison de rire, ou de s'effondrer

Je pourchassais ces instants où je serais libre de ressentir

Contrainte de me déchirer

De m'inventer coupable de l'amertume du monde et des autres

De voir l'espace ambiant se muer en une infinité de nuances,

Qui n'existaient pas vraiment.

Je suis venue au monde,

Insensible au sens qu'on lui avait donné

Hostile à la pâleur des jours, et à l'absurdité de l'éternel

À jamais condamnée à errer,

À la recherche de ce que l'existence pouvait bien avoir

De si admirable.

Mais ce soir,

Je suis en paix avec l'impuissance,

Et l'incompréhension face à ce qui semblait pourtant essentiel

En paix avec la fragilité vertigineuse de petit frère

Et toutes ces amitiés fracassée, au fil du temps.

Ce soir, j'ai le regard limpide et hagard

Incapable d'y voir clair,

Mais conscient de tout ce qui resplendit

Avide d'y croire,

Et de reconsidérer les lumières, le temps qui passe

Retrouver les Lucioles et ces frissons qui me secouent l'âme

Parce que j'avais oublié,

À force de chercher à te rendre la vie plus douce,

Et sauver tout ce qu'il en restait d'indemne,

J'avais oublié, que le ciel ne s'était jamais éteint.

Et tant pis si tout cela ne peut pas durer

Demain, j'attendrai la vie,

J'attendrai la mort

Le désespoir au cœur,

Ou la rage de vivre au bord de l'âme

J'attendrai l'amour, l'extase et la poussière

Les sourires qui mutilent et la poésie démentielle

J'attendrai, la tête haute et les jambes qui flanchent

J'attendrai pour ressentir encore un instant

Les lumières,

Défier la béance qui m'habite.

Et la paix,

J'irai la porter aux pieds du ciel

Je marcherai en observant son dernier éclat se perdre

Et arrivée au bout de la nuit,

Aux étoiles qui se taisent

Aux souvenirs déchus et à l'aube grisante,

Je la donnerai en pâture à l'univers

Je la lâcherai dans l'espace infini et terrifiant

Pour qu'elle voyage,

Et qu'elle renaisse,

Un beau jour

On renaîtra ensemble,

Sous les premiers rayons du soleil

Pour avancer à nouveau toutes les deux, un court instant de vie

À l'aube de quelque chose,

Qu'on sera finalement parvenu à sauver.