À Théotime

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Keep On Dancing - Cats On Trees







J'ignore tout de toi

Il ne me reste que les lointaines évidences qui nous donnaient vie
Il y a longtemps déjà

J'ai tant essayé d'écrire à propos de ce que nous étions, de ce que nous sommes devenus

Ne m'en veux pas d'avoir mis tant de temps à le faire,

Ne t'en veux pas de ne jamais m'avoir lu

J'ai compris pourquoi tu avais pris cette décision

J'ai compris pourquoi nous nous sommes éloignés

Il faut dire que nous ne nous sommes jamais tant confiés l'un à l'autre

J'en ai souffert tout autant que j'ai chéri notre relation.

J'ignore tout de toi,

De tes amours à ta raison d'être,

Et je me demande maintenant si j'aurais pu être davantage là pour toi

À vrai dire, je crois que tu ne l'aurais pas souhaité,

Que c'est un combat que j'ai déserté dès le départ

Pardonne-moi,

Grand frère

Je t'ai toujours tant aimé

Sans pouvoir vraiment l'exprimer

Ni même le ressentir à sa juste valeur.




Mais je veux croire qu'on se retrouve davantage qu'on ne se perd

Je veux croire qu'on espère plus fort qu'on n'a cessé de vivre

Quoi qu'il advienne,

Le petit garçon que tu étais vit encore dans ma poitrine

Je me demande pourquoi il n'a jamais daigné grandir entre les parois de mon cœur

J'imagine que la poésie a refusé de nous voir grandir,

Ou bien que je n'ai jamais assez bien su la comprendre

Il fait sombre certains soirs lorsque la réalité s'absente

Il fait froid lorsque je m'aperçois,

Que tout ce que j'ai gardé de toi n'existe plus.




Je me demande ce que tu as conservé de moi,

Ta petite sœur

Si le ciel de Marseille reflète parfois mon souvenir

Je me demande si la douceur qui a gagné ta façon d'être,

Se trouve être la réponse

À tant d'années passées à se haïr.

La tendresse de tes sourires réchauffe l'âme de la petite fille,

Mais effraie celle qui a grandit

J'ai oublié comment te regarder,

J'ai oublié comment te parler

Je n'ai décidément jamais su comment t'aimer.




Dis-moi si la jeune femme qui te fait désormais face t'est encore familière

Dis-moi si l'alcool qui me ronge les veines émane de celle que je suis devenue

Dis-moi si tu as honte,

Si la peine t'enlace lorsque tu m'aperçois

Dis-moi que j'ai tant appris, qu'on s'en est finalement sorti

Que la vie est plus douce depuis.

Je sais que la vérité est toute autre,

Mais nous n'avons jamais eu les idées très claires

Et je préfère,

Peut-être à tort,

Me conforter dans l'innocence qui nous était propre.




C'est un poème bien misérable que je t'écris,

Le sens s'est noyé avec le temps

Il ne me reste que de timides évanescences

À te partager

Mais crois-moi, j'ai bien plus au bord des lèvres que la poésie ne souhaite l'admettre

Crois-moi, je me souviens si bien de toi

Et de notre chambre

Et de l'instant où notre univers s'est effondré

Je me souviens si bien de ton regard effronté,

De tes gestes et de la moindre de tes faiblesses

J'ai toujours été

Ta petite sœur

Passionnée

Et faussement absente

Pardonne-moi,

Je t'aime trop

Pour laisser les personnes que nous sommes devenues

Nous définir.












Le Ciel ne s'est Jamais ÉteintOù les histoires vivent. Découvrez maintenant