Cemeteries

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Je voudrais pouvoir réparer les coeurs qu'on a abîmés

Faire en sorte qu'ils puissent à nouveau aimer

Rafistoler le passé pour éponger les larmes

Reconquérir les fantômes.

Rien n'a plus de sens lorsqu'il s'agit de se relever,

D'avancer à nouveau

Moi, j'ai choisi de ramper

De me traîner à même le sol

Et peut-être qu'un jour,

Mon corps aura de nouveau la force de se tenir debout

Mais pour l'instant, je rampe

Je rêve à même la terre

À même les morts qui y sommeillent

Je reprends mon souffle à travers ceux qui l'ont rendu

Je parle au cimetière des espoirs enterrées,

Aux âmes laissées à l'abandon.

Je leur décrit le ciel,

Les éclaircies dont la teinte rosée rappelle le printemps

Les flocons de neiges

Si délicats qu'ils éclipsent le gris des nuages.

Je leur conte la volonté de vivre

L'inimitable de l'instant où tout renaît

L'impensable d'un espoir

Je rampe,

Et je cours

Je rampe,

Et je m'évertue à faire mieux que les autres

Je rampe,

Et j'étouffe

Et j'abandonne

Je rampe,

Et je me dis "à quoi bon ?"

Ça ne vaut pas le coup

Ça ne vaut pas tous les efforts du monde

Je rampe,

Et je rejoins ceux qui y meurent

Et ceux qui y vivent

Je rampe,

Et je cueille les fleurs dont personne n'a voulu

Je rampe,

Et je salue les étoiles oubliées

Les nuances évincées.



Je m'invite dans un ciel que tout le monde a déserté

Dans une obscurité en laquelle personne n'a su trouver la moindre lumière

Je m'immobilie face aux visages,

Je m'éternise dans leurs yeux

Je m'absente dans leurs cœurs.




Je me traîne,

Et je revis.



Le Ciel ne s'est Jamais ÉteintOù les histoires vivent. Découvrez maintenant